La bataille de Verdun, vue par le Kronprinz.
Publié le 4 Mars 2018
Verdun. Un bilan.
Verdun fut une bataille de position, avec des pertes considérables pour un territoire conquis nul. Après 10 mois d’atroce souffrance pour les deux camps, la bataille coûta aux Français 378.000 hommes (62.000 tués, plus de 101.000 disparus et plus de 251.000 blessés, souvent invalides) et aux Allemands 337.000.
53 millions d’obus furent tirés dont près d’un quart n’explosèrent pas. Le 21 février 1916, les Allemands tirèrent près de 2 millions d’obus. Ce chiffre rapporté aux dimensions du champ de bataille, donne 6 obus par mètre carré ! Ainsi, la célèbre Cote 304, dont le nom vient de son altitude, ne fait plus que 297 mètres de hauteur après la bataille et le Mort-Homme a perdu 10 mètres !
Du fait du résultat militaire nul, cette bataille ramenée à l’échelle du conflit n’eut pas de conséquences fondamentales. Considérée par certains comme un symbole de futilité, la construction mythologique française d’après-guerre, à travers les cérémonies officielles, les défilés militaires, l’historiographie ou la littérature en a fait l’incarnation du sacrifice consenti pour la victoire.
Le Kronprinz.
Guillaume de Hohenzollern, en allemand Wilhem von Hoenzollern, est né à potsdam le 6 mai 1882 et est mort à Hechingen le 20 juillet 1951. Il fut le dernier Kronprinz, prince héritier royal prussien et impérial allemand.
Fils de l’empereur Guillaume II et de la princesse Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg, Guillaume épouse le 6 juin 1905 à Berlin, Cécilie de Mecklembourg-Schwerin (1886-1954), fille du grand-duc Frédéric-François III de Mecklembourg-Schwerin et d’Anastasia Mikhaïlovna de Russie.
Pendant la bataille de Verdun, il était à la tête de la Ve armée allemande, justement placée sur ce secteur.
La bataille de Verdun, décrite par le Kronprinz.
Le texte original du Kronprinz est assez long et détaille par le menu la bataille de Verdun. Précis, sobre en précisions stratégiques, c’est aussi un recueil de considérations générales sur la guerre. Il a été publié par le journal L’Illustration le 22 décembre 1928. Voici la conclusion de ce texte.
« Verdun a-t-il été le tournant décisif de la guerre ? Je réponds : non !
Verdun nous a coûté cher, très cher. Je ne parle pas seulement ici de nos pertes en hommes ou en matériel. Il y en eut d’autres non moins irréparables. Une gigantesque entreprise sur laquelle nous comptions terminer victorieusement la guerre fut réduite à néant malgré notre extrême ténacité et un emploi des forces pour ainsi dire illimité. Davantage : l’offensive contre Verdun eut pour résultat d’ôter pour bien longtemps à l’armée allemande, de la façon la plus dangereuse, sa puissance offensive. Elle épuisa nos effectifs sans possibilité de combler leurs vides. Chaque division qui avait combattu dans l’enfer de Verdun se trouva si lourdement éprouvée qu’un répit considérable lui devenait nécessaire avant de pouvoir être engagée de nouveau.
Malgré cela, Verdun n’a pas été le tournant décisif de la guerre. Les Alliés se trompent en le considérant comme tel. Si l’on compare le tracé de nos fronts sur le théâtre occidental et sur le théâtre oriental, au commencement et à la fin de l’année 1916, on se rend compte qu’il ne s’était pas sensiblement modifié, en dépit de l’offensive du Broussilof, en dépit de Verdun, en dépit de la bataille de la Somme. Tout en soutenant la bataille sur tous ces fronts, nous avions défait la Roumanie.
Bien que Verdun nous ait beaucoup coûté, il nous a aussi rapporté. Après tout, la victoire n’est pas le facteur essentiel de l’histoire, mais l’héroïsme de l’homme qui se laisse briser plutôt que de plier. C’est pour la gloire des héros qui ont combattu à Verdun, pénétrés de cet esprit, que j’ai fait mon récit. C’était à mes yeux un devoir envers ma patrie et envers les combattants de l’Allemagne. Il se peut que je me sois laissé aller à des digressions sur le caractère général de la guerre. Ce que j’ai dit à ce sujet sera peut-être approuvé par quelques-uns de mes lecteurs et déplaira à d’autres.
Mais les plus scrupuleux remettront sans doute à plus tard leur jugement définitif. Je ne serai plus là pour le connaître ou je n’en connaîtrais qu’une partie. Néanmoins, je suis convaincu qu’il existe entre tous ceux qui ont combattu héroïquement une sorte de communion universelle qui les anime d’un même esprit de camaraderie fraternelle, même lorsqu’ils ont été opposés face à face sur les champs de bataille.
C’est pour eux que j’ai écrit ce récit de la bataille de Verdun. »
KRONPRINZ GUILLAUME.
Sources :
- Encyclopédie Wikipédia.
- Encyclopédie Larousse.
- Extraits de la revue l’Illustration.