Nos glorieux anciens.
Publié le 14 Août 2018
Gloire aux Anciens.
Il en a toujours été ainsi : les anciens sont présentés, souvent à juste raison, comme ayant accomplis de belles choses, de belles actions. C’est encore plus vrai lorsque ces mêmes anciens sont des militaires. Même quand ils n’ont pas gagné les batailles auxquelles ils participaient, ils « en avaient été » et rien que cela justifiait le respect.
Les exemples peuvent être multipliés : sous Napoléon 1er, on présentait ceux des premières batailles de la Révolution ou de la Guerre d’indépendance des Etats-Unis comme des héros ; pendant la Première Guerre mondiale, des cérémonies étaient organisées en hommage aux rescapés de Reichshoffen ou du siège de Paris.
Bien souvent en Algérie, chez les militaires plus que chez les civils, on parlait des « Indochinois » avec déférence. Eux avaient connu de véritables combats…
On sollicite leur avis, on les entend, à défaut parfois de les écouter, et ils disent « de mon temps, cela ne se passait pas comme ça ! ».
Il y a aussi des exceptions, des confiances qui tournent mal. Là, il est question d’un maréchal en juin 1940…
Ils étaient à Waterloo.
Il y a quelques années de cela, le magazine Paris Match a présenté des photographies mises au jour par l’Université Brown de Providence à Rhode Island aux Etats-Unis. Il s’agissait de clichés de soldats ayant combattu dans l’armée de l’Empereur Napoléon 1er à Waterloo.
Si on ne connaît pas l’identité du photographe qui a effectué la séance photo, on sait que l'avant-dernière propriétaire des clichés était la collectionneuse Anne S.K Brown (1906-1985), qui les a ensuite confiés à l’Université.
Bien que les informations, annotées au dos des clichés, soient parcellaires, on peut deviner à peu près leur âge. Les survivants de la Grande Armée, âgés de 20 à 30 ans pendant la bataille, avaient pris l’habitude de se retrouver sur la place Vendôme chaque 5 mai, la date anniversaire de la mort de Napoléon Bonaparte. En uniforme d'époque et équipés de leurs armes, ils rendaient hommage à la mémoire de l’Empereur. Sur les clichés, on peut remarquer qu’ils portaient tous la médaille de Sainte Hélène, décernée par Napoléon III en août 1857, qui récompensait les soldats ayant combattu sous les couleurs tricolores, de 1792 à 1815. C’est pourquoi on suppose que ces fiers grognards ont été photographiés lors de la commémoration du 5 mai 1858.
Quatre décennies après la bataille, les hommes ont du faire retoucher leur uniforme d’époque pour se glisser à nouveau dedans, car ils n’arboraient pas la même silhouette qu’à leur 20 ans. Avec une émotion perceptible, ils affrontaient l’appareil photo de l’artiste dans des postures militaires, laissant apparaître certaines balafres sur leurs visages fatigués.
Dans les clichés ci-dessous, on pourra distinguer :
- L’administrateur, M. Delignon, s’occupait de l’approvisionnement des troupes en nourriture, vêtements et munitions. Il tient son couvre-chef dans la main droite.
- Le chasseur M. Loria, appartenait au 24e régiment de chasseurs à cheval. Il a perdu son œil droit à la bataille.
- Le chasseur alpin, M. Schmidt, appartenait aux régiments de montagne qui gagnèrent la bataille du Mont St-Bernard en 1794 dans les Alpes (beau rideau non ?).
- Le dragon, M. Mauban, était un brigadier du 8e régiment de dragons. Il porte un casque orné d’une crinière.
- Le grenadier, M. Burg, était un soldat d’élite du 24e régiment de la Garde impériale (il ne sait pas faire autre chose que d’être au garde-à-vous).
- Le hussard, M. Fabry, était un intendant au 1er régiment de hussards. Il porte un couvre-chef d’origine turque, appelé colback (il présente son sabre).
- Le hussard, M. Moret, était également un cavalier. Il possède une sabretache qui sert également de porte-documents (assis).
- Le lancier, M. Dreuze, porte deux pistolets, un mousqueton (manquant sur la photographie) et une lance (manquante sur la photographie).
- Le lancier, M. Verlinde, combattait dans l’unité de cavaliers légers créée par Napoléon 1er. Il porte un schapska, un casque avec pan (sabre à l’épaule).
- Le mameluck, M. Doucel, fait partie de la cavalerie de l’Empereur. Il porte une chemise et un yalek, gilet sans manches.
- L’officier du génie, M. Lefebvre, porte un shako à plumet orné de l’Aigle impérial.
Saurez-vous les retrouver ?
Sources :
- Site Internet du magazine Paris Match.
- Encyclopédies Wikipédia, Larousse et Britannica.
- Alain Pigeard, Dictionnaire des batailles de Napoléon, Tallandier.