Discours d'André Santini pour l'anniversaire de la Libération d'Issy.
Publié le 7 Septembre 2008
A l’occasion du 64ème anniversaire de la Libération de Paris, qui marque également celui d’Issy-les-Moulineaux, André Santini, maire et Secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique, a prononcé le discours ci-dessous. Nous tenons à le remercier ainsi que les services protocolaires d’Issy-les-Moulineaux qui nous ont autorisé à le publier (extraits). Retrouvez également les photographies dans l’album intitulé « 31 août 2008 – Libération d'Issy».
« Chaque année, avec la même émotion, nous nous réunissons pour marquer le souvenir des jours de la Libération de Paris et pour rendre hommage à ses glorieux acteurs.
En cette occasion, je tiens à saluer la mémoire de Guy Ducoloné qui vient de nous quitter et dont la présence était toujours riche d’enseignements lors de nos cérémonies. Tout au long de sa vie, il a défendu, en tant que résistant-déporté, les valeurs d’humanité, de fraternité et d’amitié entre les peuples (…).
La dernière guerre mondiale, et sa fin en particulier, demeure une de nos références morales et politiques constantes. En célébrant le 64ème anniversaire de la Libération de Paris, nous entretenons là un grand événement de notre histoire locale et nationale.
En effet, tant de souvenirs, de tourmentes et de sacrifices restent bien ancrés dans le cœur de toutes celles et de tous ceux qui, par leur courage, leur abnégation et le don de soi, participèrent à la libération du sol de la France. Par ce qu’ils ont vécu dans leur chair et au plus profond de leur être, la mémoire de ce jour appartient à eux seuls.
64 ans déjà ! 64 ans et le chant de la Libération retentit, puissant encore, dans nos cœurs, à la mesure, il est vrai de l’horreur vécue. Le ferment national-socialiste avait accouché du IIIème Reich et durant quatre longues années, la France a vécu dans la peur, incrédule face à l’holocauste, à la torture, à la lâcheté et à la mort. Pourtant, notre pays a su compter sur beaucoup d’hommes et de femmes qui ont choisi le combat pour la Liberté, dans la clandestinité, dans la désobéissance aux ordres donnés par Vichy. En cette période difficile, les initiatives furent nombreuses et portèrent toutes en elles l’espoir de la Libération.
Le 6 juin 1944, cet espoir commença à briller avec le débarquement de nos alliés sur les plages de Normandie. Le général de Gaulle destine alors à la 2ème Division Blindée de Leclerc, la conquête de la capitale.
La résistance isséenne a, depuis longtemps, préparé le terrain. Le 20 août 1944, le Groupe Bienvenu se met en place et les différentes organisations, jusqu’alors désunies, sont toutes réunies sous le contrôle du lieutenant-colonel Tari, commandant la 25ème division de la banlieue-sud, comprenant les compagnies d’Issy-les-Moulineaux, de Vanves, de Clamart, de Malakoff. Le 24 août, des patrouilles allemandes sillonnent la ville et échangent des coups de feu. Le soir même, un petit groupe d’hommes parvient à couper le câble téléphonique reliant le fort d’Issy aux autres unités de la Wehrmacht, isolant ce point d’appui fortement armé. Dans la nuit, les 550 Allemands de l’Ile Saint-Germain sont contraints de faire sauter leur DCA peu avant de se rendre sans condition. Après plus de cinq ans de guerre, Issy est enfin libérée mais à quel prix ! Cinq morts parmi les « Leclerc », auxquels il faut ajouter cinq FFI, autant de FTP, les dizaines de victimes des bombardements et 115 Isséens fusillés ou morts en déportation.
Ce bilan, nous devons toujours l’avoir en mémoire. Il donne au rituel qui nous conduit chaque année à commémorer la Libération de notre Ville et celle de Paris, cette émotion profonde et sacrée.
64 ans après, les leçons de la Libération n’ont pas pris une ride. Nous sommes, en effet, débiteurs de ceux qui ont fait leur devoir de patriote par amour de la Liberté, par amour de leur pays, ceux-là même qui ont su, par des actions exemplaires, rendre au peuple sa fierté et à la nation son unité. Notre présence ici est le gage le plus sûr que les actions des héros de l’ombre ne soient jamais bafouées, la preuve, aussi, que nous savons nous rassembler autour d’une certaine idée de la France.
Portons ce message à la jeune génération, celle qui, demain, se retrouvera devant ce monument. C’est elle qui devra entretenir la flamme du souvenir, seule arme utile contre l’oubli. Il dépend de chacun d’entre nous de continuer à faire vivre toutes les valeurs qui ont conduit à cette leçon de courage et de détermination que les Français Libres et les combattants de la Seconde Guerre mondiale nous ont léguée (…) ».