Le cimetière militaire d'Atar, en Mauritanie.
Publié le 12 Mars 2016
Brève présentation de la Mauritanie.
La Mauritanie est un pays du nord-ouest de l’Afrique qui possède une côte de 600 km sur l’océan Atlantique et qui s’étire de Ndiago au sud jusqu’à Nouadhibou au nord. Elle est limitrophe de l’Algérie et du Maroc au nord, du Mali à l’est et du Sénégal au sud.
La Mauritanie constitue un point de passage entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, ce qui en fait un pays pluriethnique. Elle est peuplée de négro-africains, les premiers habitants (Peuls, Soninkés, Wolofs, Bambaras), de maures Arabo-Berbères et d’Haratins, dit « Maures noirs ». Son nom lui vient de la Maurétanie romaine, désignant le territoire des Maures, peuple berbère dans l’Antiquité. La capitale de l’actuelle Mauritanie est Nouakchott.
Période coloniale.
Les Portugais avaient déjà eu des contacts avec les habitants du banc d’Arguin dès le 17e siècle. Puis, au fil du temps, le commerce de la gomme au nord du Sénégal se développe. Le fort Portendick au nord du fleuve Sénégal ainsi que la vallée du Sénégal deviennent une région servant de base à l’expansion économique des colonies. Le général français Louis Faidherbe (1818-1889), gouverneur de la colonie française du Sénégal, considère que les émirats sont source d’insécurité et commence par annexer l’empire du Oualo avant de conquérir l’autre rive du fleuve. Plus tard, les Maures du Trarza (sud-ouest de l’actuelle Mauritanie) tentent d’instaurer une paix entre les tribus, mais dès 1899 l’administrateur Xavier Coppolani (1866-1905) institue une Mauritanie occidentale.
En fait Coppolani s’inspire de la pacification menée par le général Gallieni à Madagascar. Parti de Saint-Louis du Sénégal, il entre en contact avec les tribus maures du Hodh et de l’Azaouad. Geneviève Désiré-Vuillemin, sa biographe, indique : « Il fut bien accueilli par les Maures à qui sa haute taille, sa prestance, mais surtout sa connaissance de leur langue et leur religion, en imposaient ». Coppolani obtient l’allégeance de plusieurs tribus, puis pénètre dans Tombouctou.
Avec ce grand serviteur des affaires musulmanes du ministère des Colonies va s’effectuer la première phase d’implantation française dans les régions situées sur la rive septentrionale du fleuve Sénégal, avec l’ancrage au Trarza en 1903, au Brakna en 1904, au Tagant en 1905.
Il s’oppose à trois marabouts : Cheikh Sidiya Baba (Trarza, Brakna et Tagant), Cheikh Saad Bouh (Tagant et Sénégal) et Cheikh Ma Al Aynin (chef de l’Adrar) au nord). D’ailleurs, c’est en marchant vers cette région du nord qu’il est tué le 12 mai 1905 à Tidjikdja (son tombeau s’y trouve toujours).
Sous l’impulsion du général Henri Gouraud (1867-1946) les Français s’établissent dans l’Adrar en 1908 puis au Hodh en 1911. En 1920, la Mauritanie devient une des colonies de l’Afrique Occidentale Française (AOF). Totalement pacifiée en 1934, la Mauritanie n’est pas vraiment développée économiquement. Administrée depuis Saint-Louis du Sénégal, la Mauritanie accède au statut de territoire d’outre-mer en 1946 puis, dans le cadre de la Loi Defferre de 1956, met en place un pouvoir exécutif local. Douze années plus tard, une constitution est adoptée. Enfin, en 1960, le pays est déclaré indépendant.
Fort Gouraud et Fort Trinquet.
Pendant la domination française plusieurs forts sont construits par l’armée. Y sont implantés des détachements de troupes coloniales, entre autres, dans le but de pacifier et de surveiller à la fois le massif de l’Adrar, les oasis et le Sahara. En Mauritanie, il s’agit :
- Fort Gouraud, wilaya du Tiris Zemmour dans le nord du pays.
- Fort Trinquet (aussi base aérienne secondaire), encore plus au nord.
- Fort Repoux à Akjout (centre ouest du pays).
- Fort de Chegga (frontière nord du Mali).
- Fort d’Aïn Ben Tili (au nord, à la frontière avec le Maroc).
Sur un site Internet, appelé Le jardin d’Idoumou, René, un ancien militaire de Fort Gouraud témoigne : « En mai 1933, un poste permanent a été installé dans la Sbkha d’Idjil, appelé Fort Gouraud. Il aurait été réalisé par la Légion étrangère ou les troupes Méharis, puis il a été occupé par le 12e escadron saharien de découverte et de combat (ESDC), infanterie de marine, jusqu’au 3e trimestre de 1965, date à laquelle il a été remis à l’armée mauritanienne. La vie au fort était rythmée par des horaires adaptés à la chaleur ambiante : travail de 8h00 à 11h00 puis de 16h00 à 19h00. Nous étions chargés de l’entretien des camions et du fort. Nous effectuions des patrouilles jusqu’à la frontière voisine du Maroc espagnol. Nous étions ravitaillés par voie aérienne une fois par semaine. Pour l’eau, un camion citerne faisait deux rotations par jour compte tenu de la distance pour aller la quérir. Notre mission consistait à surveiller la frontière entre le Maroc espagnol et la Mauritanie. Par la suite, nous avons assuré la sécurité de la mine de fer (la MIFERMA). Cette dernière a été nationalisée quelques années après notre départ. Le fort était composé d’une cinquantaine d’hommes. Le plus haut gradé était un lieutenant. Nous avions environ 13 camions de marques Dodge et Berliet. Je garde un excellent souvenir de ce temps-là, tant pour la beauté du paysage que pour la débrouillardise qu’il fallait développer pour vivre dans ce pays ».
Fort Trinquet.
Serge, un ancien militaire du Fort Trinquet a également témoigné sur ce site : « Fort Trinquet était situé au nord de la Mauritanie sur la piste impériale n°1, à 15 km du Rio de Oro (Maroc espagnol). Nous étions un effectif d’environ 300 hommes toutes armes confondues. Il y avait le train, dont je faisais partie, l’infanterie de marine, l’aviation, les goumiers et même à un moment la Légion étrangère. Les goumiers, principalement des Mauritaniens, avaient un sens inné de l’orientation. Ils se repéraient de points fixes en points fixes et avaient une parfaite connaissance du terrain. Ils étaient capables de trouver un point d’eau au milieu de nulle part. Notre mission était de surveiller les frontières pour éviter les infiltrations (nous étions en pleine guerre d’Algérie, avec en plus, des troubles du côté du Maroc espagnol). Nous disposions d’un important matériel : Land Rover, camions Simca Ford, camions Citroën C45, avions Nord Atlas, avions DC3 Dakota… Les camions ravitaillaient localement et nous transportaient. Les avions faisaient la liaison avec Dakar. La vie au camp était rythmée en fonction de la chaleur, des missions et des servitudes liées aux besoins du camp. Nous étions accueillis merveilleusement dans les villages. Souvent, des chameliers venaient se reposer et faire fourrager les chameaux avant une longue errance dans la désert. Il nous arrivait même de faire la fête avec des caravaniers. »
Le cimetière militaire d’Atar.
Le cimetière d’Atar, dans l’Adrar, témoigne de cette présence française en Afrique, de cinquante ans de pacification du Sahara à partir du sud algérien, des rives gauches du Sénégal, du Niger et du Tchad. Parmi les derniers combats des unités méharistes des troupes coloniales, ceux de Mauritanie ont été des plus difficiles en raison des conditions géographiques et climatiques du pays.
Le cimetière d’Atar, d’une superficie de 60 ares, abrite encore 252 tombes dont 176 soldats africains de confession musulmane ou chrétienne, 6 tombes d’épouses de militaires africains, 22 tombes d’enfants de militaires africains, 44 tombes de soldats français, 3 sépultures d’enfants de soldats français et une tombe d’un civil français. Certains de ces corps ont été transférés dans les cimetières d’Amatil ou de Fort Dérile, lors de la désaffectation de ces cimetières.
Le cimetière a été totalement restauré en 2003 et 2004 par la mission militaire française en Mauritanie, grâce aux crédits mis en place par la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives du ministère de la Défense. Il est entretenu par un agent appointé par elle.
Sources :
- Encyclopédie Universalis, dictionnaire Larousse, encyclopédie Wikipédia.
- Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » et site « Chemins de la Mémoire » du ministère de la Défense.
- Site « Atlas des nécropoles » du ministère de la Défense.
- Site www.idoumou.com
- Georges Coppolani, Xavier Coppolani, fils de Corse, homme d’Afrique : fondateur de la Mauritanie, L’Harmattan, octobre 2005.
- Geneviève Désiré-Vuillemin, Mauritanie Saharienne, L’Harmattan, septembre 1999.