La Ligne Morice.

Publié le 15 Octobre 2017

Soldats surveillant la ligne Morice.

Soldats surveillant la ligne Morice.

Une décision d’André Morice.

 

La guerre d’Algérie permit l’approfondissement et le perfectionnement des savoir-faire de contre-guérilla développés par l’armée française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les leçons payées au prix du sang en Indochine sont appliquées en Afrique du Nord pour détruire les maquis du Front de Libération Nationale (FLN). En 1956, les maquis intérieurs des Aurès et du Nord-Constantinois commencent à être soutenus par l’Armée de Libération Nationale (ALN) en cours de constitution en Tunisie. Les passages à la frontière se multiplient. Le 26 juin 1957, le ministre de la Défense, André Morice, lance la construction d’un barrage fortifié qui prend son nom. Il s’agit d’identifier en temps réel les tentatives de franchissement et d’intercepter ceux ayant réussi à se frayer un chemin. A partir de 1959, la défense s’adapte à l’évolution de l’armement de l’ALN et veut empêcher toute pénétration du territoire algérien grâce à des actions dans la profondeur où des mines sont utilisées.

 

Une construction en deux temps.

 

Dès 1957, d’importants moyens du génie venus de métropole débutent l’édification de la Ligne Morice. Cet obstacle disposant d’une herse intérieure et de deux haies électrifiées est un dispositif d’alerte permettant la manœuvre par une concentration des forces. Six régiments de secteur gardent les postes de surveillance, cinq régiments parachutistes sont placés en arrière du barrage en « chasse libre », quatre autres régiments sont en couverture dans le no man’s land. La préservation de cet espace de manœuvre ne permet pas la mise en place de champ de mines. Il s’agit avant tout de détruire les unités de l’ALN voulant forcer le passage.

 

En 1959, le général Challe, nouveau commandant en chef, souhaite protéger la zone côtière et double le barrage électrifié. L’ALN disposant d’armes antichars et de mortiers lourds, rendant vulnérables les unités patrouillant sur la herse, un dispositif de protection dans la profondeur est créé. La Ligne Morice est alors minée et son dédoublement au Nord prend le nom de ligne « Challe ». Elle est constituée de haies électrifiées complexes, utilisant tris niveaux de tension différents, auxquelles sont combinées de nombreuses mines.

 

Un déminage achevé en janvier 2017.

 

Le renforcement de la Ligne Morice est un succès tactique. A partir de 1960, elle est pratiquement infranchissable. En mars, sur 8.300 fellaghas engagés, 60 passent et 40 sont tués sur le terrain. Au final, l’ALN perd 3.000 hommes sur le barrage Est (Tunisie) et 600 sur celui de l’Ouest (Maroc). Les forces françaises y déplorent respectivement 146 et 109 tués. A la fin de la guerre se pose la question du déminage.

 

En 1958 et 1962, plus de trois millions de mines ont été posées le long du barrage oriental, sur 1.200 kilomètres. Ces « sentinelles éternelles » tuent et mutilent bien après la guerre. En 1997, la France adhère à la convention d’Ottawa bannissant l’usage des mines antipersonnel. Dix ans plus tard, la France offre à l’Algérie le plan des zones minées. A la fin du mois de janvier 2017, après des années de chantiers importants, le déminage est terminé achevant ainsi l’histoire de la Ligne Morice.

 

 

 

 

 

Sources :

 

  • Terre Info Magazine – N°287 – Texte du lieutenant Christophe Lafaye.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Blog histoire de Carl Pépin, historien, Docteur PhD.
  • Georges-Marc Benamou, Un mensonge français : retours sur la guerre d’Algérie, Robert Laffont, 2003.
  • Benjamin Stora, Histoire de la guerre d’Algérie (1954-1962), La Découverte & Syros, 2004.
  • Pierre Montagnon, Histoire de l’Algérie : des origines à nos jours, Pygmalion, 1998.
  • Georges Fleury, Comment l’Algérie devint française, Perrin, 2004.
La Ligne Morice.
La Ligne Morice.

Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Algérie

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