Docteur Nicole Girard-Mangin.
Publié le 2 Avril 2018
A Issy-les-Moulineaux, tout le monde connait ou a entendu parler de Madame le général Valérie André, Grand’ Croix de la Légion d’honneur, première médecin à devenir général de brigade, en 1976. Elle est alors directrice du département de santé de la 2e région Air. Les hommages qui lui sont rendus sont unanimes et mille fois mérités. Il suffit de regarder ses états de services extraordinaires, que ce soit pendant la guerre d’Indochine ou celle d’Algérie.
Valérie André est une pionnière. Elle n’est pas la seule. Qui connait Nicole Girard-Mangin ?
Biographie.
Nicole Mangin nait à Paris en 1878, de parents originaires du petit village de Véry-en-Argonne, dans le département de la Meuse.
A l’âge de 18 ans, en 1896, elle entame des études de médecine à Paris, ce qui n’est pas si courant. Elle se marie en 1899 avec André Girard et aura un fils, Etienne. Elle travaille alors, au côté de son mari, viticulteur, à l’exploitation du champagne.
En 1903, Nicole Magin-Girard divorce et revient à la médecine. Elle présente sa thèse en 1906. Le sujet est : Poisons cancéreux. Lors du Congrès international de Vienne en 1910, elle représente la France au côté du professeur de médecine, Albert Robin dont elle intègre le dispensaire antituberculeux à l’hôpital Beaujon. Elle effectue des recherches sur la tuberculose et le cancer et signe différentes publications.
En 1914, au déclenchement de la Première Guerre mondiale, elle se porte volontaire sous le nom de Docteur Girard-Mangin. L’administration ne doute pas un seul instant que ce docteur fut un homme. Elle est affectée au soin des typhiques du secteur de Verdun, qui croule sous les bombes depuis le 21 février 1916. Lorsque l’ordre d’évacuation est donné, Nicole Girard-Mangin ne peut se résoudre à abandonner les neuf blessés qu’elle a en charge. Elle reste sur place. De même, lorsqu’il est question d’évacuer cinq soldats nécessitant une hospitalisation, elle prend la tête du convoi, au mépris des obus qui pleuvent, au mépris de sa propre blessure : elle vient de recevoir un petit éclat d’obus qui lui a tailladé le visage.
Mais l’administration militaire ne voit pas d’un bon œil cette femme médecin. Elle lui fait savoir. Les heurts sont fréquents. Le meilleur moyen de se débarrasser de quelqu’un est encore de le promouvoir et de l’éloigner : en décembre 1916, Nicole Girard-Mangin est nommé médecin-major et est affectée à Paris, où elle se voit confier la direction de l’hôpital Edith Cavell, rue Desnouettes (Edith Cavell était une infirmière belge qui avait été fusillée par les Allemands, car elle avait permis l’évasion de centaines de soldats belges et alliés, alors prisonniers de l’ennemi).
Après la guerre, Nicole Girard-Mangin s’investit au sein de la Croix Rouge et donne des conférences sur le rôle des femmes durant la Grande Guerre. Préparant une conférence internationale, elle est retrouvée morte, peut-être victime de surmenage, au côté de son chien Dun, d’une overdose médicamenteuse, le 6 juin 1919. Athée, ses funérailles et sa crémation se déroulent au cimetière du Père-Lachaise, avant l’inhumation dans la caveau familial à Saint-Maur-des-Fossés.
Jamais, elle ne reçut ni citation ni décoration.
Un siècle plus tard… en mars 2015, La Poste lui consacre un timbre : « Il est fort probable que peu d’années, que dis-je, peu de mois après notre victoire, j’aurai un sourire amusé pour mon accoutrement singulier. Une pensée critique pour l’affection que je porte à Dun, ma chienne. Ce sera du reste injuste et ridicule. Je dois à ma casquette d’avoir gardé une coiffure correcte, même en dormant sur des brancards; d’avoir tenu des heures sur un siège étroit sans gêner le conducteur. Je dois à mes multiples poches d’avoir toujours possédé les objets de première nécessité, un couteau, un gobelet, un peigne, de la ficelle, un briquet, une lampe électrique, du sucre et du chocolat. Je dois à ma chienne, née et élevée là-bas bien des minutes d’oubli, son attachement désintéressé m’a été doux. Enfin, je dois à mes caducées et mes brisques le prestige qu’il m’a fallu parfois auprès des ignorants et des sots. »
Publication.
- Les Poisons cancéreux, 1909.
- Toxicité des épanchements pleurétiques, 1910.
- Essai sur l’hygiène et prophylaxie antituberculeuse au début du 20e siècle, 1913.
- Guide antituberculeux, 1914.
Sources.
- Jean-Jacques Schneider, Nicole Mangin - Une Lorraine au cœur de la Grande Guerre - L'unique femme médecin de l'armée française (1914-1918), éditions Place Stanislas, 2011.
- Catherine Le Quellenec, Docteure à Verdun - Nicole Mangin, éditions Oskar, 2015.
- Encyclopédie Larousse.
- Encyclopédie Wikipédia.