A la mémoire du colonel Paul Schimpff, de Vanves.
Publié le 24 Juin 2018
Du Premier au Second conflit mondial.
Paul Adolphe Schimpff nait le 7 avril 1892 à Conflins-en-Jarnisy, commune du canton de Jarny, dans la moitié nord du département de Meurthe-et-Moselle, à environ 70 kilomètres de Nancy, mais à seulement 25 kilomètres à l’ouest de Metz.
Voilà dix-neuf ans que la région est sous le contrôle de l’Empire allemand. Son père est Alsacien, mais n’a pas hésité un seul instant : entre la république française et l’Empire allemand, la famille restera française !
Incorporé en 1912, Paul Schimpff intègre en 1913 l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr (Promotion « De Montmirail »). Dès ses premiers jours de combat, en 1914, il est grièvement blessé. Ses supérieurs notent : « Sorti de l'école de Saint-Cyr depuis 15 jours, a conduit sa section à la baïonnette sur l'ennemi et a ainsi déterminé la reddition de 200 ennemis – A été grièvement blessé au cours de cette action ». Il reçoit pour cette action une citation. Au cours de la Première Guerre mondiale, il sera blessé une nouvelle fois et recevra une nouvelle citation. Il termine sa guerre comme engagé volontaire au sein du 1er bataillon de chasseurs à pied, alors en action sur le front de Champagne.
Militaire d’active, il est envoyé en poste au Maroc, puis est affecté en Rhénanie et dans la Ruhr occupée. En 1925, il est nommé au grade de chef de bataillon. Il quitte l’armée l’année suivante, pour entreprendre une carrière civile, principalement comme responsable financier de la Ligne de Défense contre les Chemins de Fer. En parallèle, Paul Schimpff continue activement à défendre les intérêts de ses anciens chasseurs. Par ailleurs, il est élu président d’une société de tir.
Depuis 1938, une mobilisation partielle est décrétée en France. Paul Schimpff est intégré au 69e bataillon de chasseurs à pied. En avril 1940, il fait partie de l’expédition à Narvik, en Norvège, où il participe à la victoire des alliés, qui sont alors français, anglais, norvégiens et polonais.
De retour en France, Paul Schimpff combat dans la Somme. La Wehrmacht le fait prisonnier. Il est libéré quelques mois plus tard, en janvier 1941, pour raisons de santé, du fait de son invalidité contractée lors de sa blessure de 1914.
La résistance.
Dès lors, il prend contact avec la Résistance française. En août 1942, il entre dans le mouvement Ceux de la Libération, sur les conseils de Raymond Jovignot, chasseur comme lui. Ce mouvement est l’un des huit grands réseaux qui va intégrer le Conseil National de la Résistance, dirigé par Jean Moulin. Le représentant de Ceux de la Libération est Roger Coquoin, qui sera tué en 1943. Paul Schimpf est alors chef du service Actions. Il prend le nom du colonel Lecor et enchaîne les missions.
Toute la région militaire de Paris est placée sous sa responsabilité. A la demande de Shimpff, Raymond Jovignot va étudier la possibilité de mettre au point des lance-flammes dont la fabrication devait être assuré par les Etablissements Philippe et Pain (Montrouge, dans les Hauts-de-Seine) et par les Etablissements Jovignot. Ce projet ne verra pas le jour. Paul Schimpff demande également à Henri Pergaud, son adjoint, de lui fournir les plans des réseaux ferrés avec les emplacements des tranchées et des signaux d’arrêt. Ils mettent alors au point un plan pour bloquer les transports militaires allemands.
Paul Schimpff dispose d’un bureau chez Kohn, administrateur de biens, au n°11 de l’avenue de l’Opéra, à Paris, où il réunit son Etat Major. Mais c’est là qu’il est arrêté le 28 avril 1943 par la Gestapo. Il parvient à s’évader de l’hôtel Cayré le soir même de son arrestation puis il envoie un rapport à Roger Coquoin, qui conduit le mouvement Ceux de la Libération depuis l’arrestation de Maurice Ripoche, dans lequel il explique la trahison dont il aurait été victime de la part de son secrétaire, agent passé à l’ennemi. De fait, l’arrestation de Schimpff entraîne un important coup de filet parmi les chefs des sections militaires de Paris.
En cavale, Paul Schimpff est finalement arrêté alors qu’il s’apprête à franchir la frontière espagnole le 20 septembre 1943. Transféré à Fresnes, il est déporté à Buchenwald en janvier 1944. A l’approche des Alliés, les SS commencent à vider le camp: ce seront les « marches de la mort » dont Paul Schimpff sera l’une des victimes: parti vers le 7 avril 1945 il parcourt à pied environ 350 km, jusqu’en Haute Bavière où une colonne de chars US le libère très affaibli le 23 avril 1945. Son compagnon de captivité est le colonel Doucet, chef historique du Ceux de la Libération.
De retour en France, le colonel Schimpff est accueilli le 2 mai 1945 au Val de Grâce où il décède d’épuisement et de fièvre typhoïde le 17 mai, non sans avoir eu le temps d’écrire au Ministre de la Guerre pour défendre les intérêts des familles de ses officiers morts en déportation.
Le colonel Schimpff était Officier de la Légion d'Honneur - Croix de Guerre 14-18 avec 4 citations et Croix de Guerre 39-40 avec 2 citations. Il était aussi titulaire de la Croix de Combattant Volontaire et de la Croix des Services Volontaires avec une Citation à l'Ordre du Corps d'Armée.
Le nom de Paul Schimpff figure sur le monument aux morts de Vanves.
La couverture.
La Résistance a parfois des conséquences inattendues. Dans son ouvrage Un juif improbable, le professeur et géopolitologue Monsieur Dominique Moïsi indique de Paul Schimpff, alors membre de la société d’administration de biens Kohn, a été de ceux qui ont « récupéré » puis liquidé grâce au Gouvernement de Vichy les avoirs de la société de son père, précipitant la faillite de celui-ci.
En fait, Paul Schimpff se servait de cette société pour cacher ses actions clandestines !
Sources
- Encyclopédie Larousse, Wikipédia et Universalis.
- Archives INA.
- Site Internet du Ministère des Armées : Mémoire des Hommes.
- Site Internet www.memorialgenweb.org
- Site Internet www.memoresist.org
- Extraits du livre de M. Dominique Moïsi, Un juif improbable, Flammarion, 2011.
- Archives municipales.
- Histoire de la France et des Français, d’André Castelot et d’Alain Decaux.
- Le colonel Paul Schimpff, ce héros, par Jean-Marie Schimpff.