Brouet et les camps de la mort en Indochine.
Publié le 14 Mars 2021
Au 1er BEP.
Le 1er BEP est formé en 1948 par le chef de bataillon Pierre Segrétain, qui choisit le capitaine Jeanpierre, q’uil a connu au Levant, comme adjoint.
L’unité embarque sur le Pasteur le 24 octobre à Mers el-Kébir et arrive en Indochine le 12 novembre 1948 à Haiphong. Durant toute la guerre d’Indochine, le bataillon, dispersé dans plusieurs postes, interviendra principalement au Tonkin, dans le nord de l’Indochine. Il intègre en son sein la compagnie parachutiste du 3e REI du lieutenant Morin, qui a été l’unité test pour la création des légionnaires parachutistes le 1er juin 1949.
Les 17 et 18 septembre 1950, le bataillon saute sur That Khé, afin de rejoindre le groupement d’unités commandé par le lieutenant-colonel Lepage, parti de Lang Son pour secourir les éléments évacués de Cao Bang (bataille de la RC4). Il est anéanti presque entièrement au cours des combats dantesques qui ont lieu autour de Dong Khé et il est dissous le 31 décembre. Ses pertes sont de 21 officiers, 46 sous-officiers et 420 légionnaires dont le chef de corps, le chef de bataillon Segrétain. Seuls une trentaine de parachutistes parviennent à rejoindre les lignes françaises, parmi lesquels le capitaine Jeanpierre qui deviendra, plus tard en Algérie, le chef de corps du 1er REP.
Jean Brouet nait le 11 mars 1926 à Nizy-le-Comte dans le département de l’Aisne. Après la Seconde Guerre mondiale, il s’engage dans la Légion étrangère et rejoint Khamisis en Algérie, lieu de cantonnement du 1er BEP.
Prisonniers des soldats du Vietminh, l’isséen Jean Brouet, meurt en captivité au Camp n°3.
Prisonnier des Viets.
Marcel Bigeard, prisonnier au Camp n°1, après la bataille de Diên Biên Phù. Extraits de son livre Ma vie pour la France, écrit au début des années 2000, alors qu’il a près de 90 ans.
« Quatre mois entassés dans des huttes en paille. De chaque côté, des planches. Vingt sur la droite, vingt sur la gauche, aucun soin médical et huit cents grammes de riz par jour. Quotidiennement, les Viets tentent d’opérer des lavages de cerveau, généralement inefficaces.
Je ne suis pas le plus mal loti. Plus jeune que les autres, mes années de bandera en Pays Thaï m’ont habitué à la frugalité. Je suis endurci. J’essaie de maintenir ma discipline. Tous les matins jogging, gymnastique. Certains officiers me suivent. La plupart n’en sont plus capables. Ils maigrissent, ne peuvent plus tenir debout, meurent de dysenterie ou de fièvre sous le regard indifférent des Viets. Le sort des hommes de troupe a été encore pire. Ils ont fait des centaines de kilomètres jusqu’au camp à pied, après cinquante-sept jours de combats incessants dans des conditions épouvantables. On les a fait marcher jusqu’à ce qu’ils en crèvent. C’est le sort de beaucoup d’entre eux. Les blessés sont abandonnés et meurent au bord des routes. Je l’ai déjà dit, je le répéterai jusqu’à ma mort : pendant ces quatre mois de captivité et d’horreur, les deux tiers d’entre nous sont morts. Partis à douze mille, nous reviendrons à quatre mille. Ça, c’est impardonnable. Il aurait suffi qu’on donne à ces hommes une seule banane par jour, et on aurait ramené presque tout le monde. Certains d’entre nous ne sont plus des hommes. A peine des cadavres ambulants. La faim, la mort lente pour tant de camarades. J’y pense tous les jours. J’en ai encore les larmes aux yeux aujourd’hui, en écrivant ces souvenirs qui défilent dans ma mémoire ».
Sources :
- Encyclopédies Wikipédia et Larousse.
- Site : https://www.memorialgenweb.org/ et fiche individuelle Jean Brouet
- Général Marcel Bigeard, Ma vie pour la France, Editions du Rocher, 2010.
- Crédit photographique : Gérard Brouet