Août 1914 : le grand départ...

Publié le 16 Juin 2013

 

Départ pour la Grande Guerre

Août 1914 : des soldats du 5ème de ligne partent pour la guerre (Copyright www.centenaire.org ).

 

 

Jacques Vignaud, isséen, retraité, est ancien administrateur du collège Henri Matisse et du conservatoire de musique d’Issy-les-Moulineaux. Professionnellement, il a occupé de nombreuses fonctions dans l’industrie chimique puis dans des sociétés d’apprentissage des langues étrangères. Par ailleurs, il a été représentant de la France dans les institutions internationales des Auberges de Jeunesse.

 

L’un de ses amis lui a confié le carnet de route d’un aïeul, Poilu de la Grande Guerre, Louis Vincent. Voici le début de ce récit :

 

« C’est le samedi 1er août 1914 que sonnât la mobilisation générale, et je le sus qu’à 10 heures du soir, en sortant de travailler de la Société des mines d’or et de charbonnages de Chavaignac. Je fus saisi d’une profonde émotion, en apprenant que la mobilisation générale avait éclaté.

 

Mais je finis par me rendre fort, et me dire en moi-même que j’accomplirai mon devoir de vaillant Français. Etant de la classe 14, et qu’on avait passé le conseil de révision depuis quatre mois, je m’attendais à être appelé de suite. J’attendais ma feuille de route avec impatience. Tellement que tous les soirs à 4 heures, j’allais à la gare avec deux intimes camarades de ma classe, attendre le courrier pour savoir si notre feuille de route n’était pas arrivée. Mais elle n’arrivait jamais, et on s’en retournait en se disant que peut-être elle arriverait le lendemain. Et le 4 septembre, je reçus ma feuille si attendue. Je devais rejoindre le 75ème RI à Romans, immédiatement et sans délai : aussi dès le lendemain je partis pour Romans.

 

J’arrivai à la caserne à 11 heures du soir, mais en rentrant on poste on me dit qu’ils n’ont pas de place pour me faire coucher. Je ressortis pour aller coucher en ville et je revins le lendemain matin. Ils me trouvèrent de la place et je ne tardai pas à être habillé en militaire. Je restai en en caserne jusqu’au 18 septembre et le lendemain, à 4 heures du matin, nous partîmes sac au dos au camp de Chambaran, dans le département de l’Isère, à 50 kilomètres de là. Nous y fîmes nos classes qui ne furent pas trop longues. Je commençais à trouver que je n’étais pas si bien qu’en caserne. A Romans, je couchais dans un lit, tandis qu’au camp de Chambaran nous couchions sous des marabouts et sur la terre que je trouvais bien dure. Mais encore, ce n’était à proportion de ce que j’ai souffert plus tard sur le front.

 

Le 4 novembre 1914, nous quittâmes le camp en chemin de fer pour rentrer à notre dépôt puis nous fûmes dirigés vers le front. Le 7 novembre, à 4 heures de l’après-midi, le commandant passa dans les rangs et demanda tous ceux qui étaient volontaires pour partir sur le front. Moi, je fus du nombre pour aller aider à chasser ces vulgaires Prussiens. Et le lendemain, à 8 heures, nous partîmes en détachement de 300 à la frontière, pour la direction des Boches. Le 11 novembre, on débarqua à Guillaucourt, dans le département de la Somme. De là, on partit sac au dos pour aller cantonner à Vauvillers, qui se trouvait à 15 kilomètres du front.

 

Je dis qu’on avait cantonné au village, mais ce n’était plus vraiment un village : il ne restait presque plus une maison debout… ».