La Guerre franco-prussienne à Issy - Partie 4.
Publié le 22 Juin 2012
Un régiment allemand au Bourget, octobre 1870.
7 – La première bataille du Bourget.
7.1 – Hommes de presse, hommes de guerre :
Dans Paris, c’en est fini des animaux du Jardin des Plantes : sur le boulevard Hausmann, La Boucherie anglaise propose maintenant de la « viande de fantaisie » à ses clients…
Le 28 octobre, au Bourget, les francs tireurs de la presse, sous les ordres du commandant Rolland, appuyés par une partie du 34ème de marche et le 14ème bataillon de la Seine, se portent au-devant des postes avancés de l’ennemi, au Bourget. Décontenancés par la soudaineté de l’attaque, les Prussiens reculent, abandonnant au passage des quantités incroyables de matériels et d’effets personnels. Les Français investissent le village et s’établissent partout où ils le peuvent. Les ordres du général de Bellemare sont clairs : « il faut tenir la position ».
L’ennemi ne tarde pourtant pas à réagir. L’effet de surprise passé, il installe une trentaine de canons sur les hauteurs de Pont-Iblon, à Dugny, et tire sans discontinuer sur Le Bourget et sur Drancy. Nos troupes tiennent bon. De même, dans la soirée, une attaque à la baïonnette est repoussée. Le lendemain, le bombardement recommence. Sous une pluie d’obus, les Français tiennent toujours.
Mais cette fois la riposte est foudroyante : les Prussiens envoient environ 15.000 hommes pour déloger les Français de Drancy et du Bourget. Dans le premier village, nos hommes sont dépassés par le nombre. En dépit du sacrifice d’un bon nombre d’entre eux – près de 1.200 hommes – ils doivent capituler. Quant à la commune même du Bourget, le Journal du Gouvernement de Défense nationale indique : « Le village du Bourget ne faisant pas partie du système général de notre défense, son occupation était d’une importance très secondaire, et les bruits qui attribuent de la gravité aux incidents qui viennent d’être exposés sont sans aucun fondement ». Mais les Parisiens n’ont pas du tout la même appréciation de la situation. Pour eux, il s’agit d’une énième et cinglante défaite.
Ce jour-là, Ernest Baroche, commandant le 12ème bataillon mobile de Paris, est tué au feu, au 24 de la rue de Flandre au Bourget.
7.2 – A Issy :
Au moment même de cette bataille, les forts d’Issy de Vanves multiplient les canonnades sur les positions ennemies, situés vers les moulins de Châtillon.
8 – Tentative de proclamation de la Commune.
8.1 – Le temps de la Commune ?
Le 31 octobre, Adolphe Thiers, député de Paris, homme d’Etat et de gouvernement de premier plan, est envoyé à Versailles pour discuter avec le chancelier Bismarck. Ce voyage donne lieu à une explosion de colère des Parisiens, qui acceptent de souffrir des privations, à partir du moment où les troupes françaises se montrent dignes de la confiance du peuple. Charles Delescluze, organisateur de la manifestation, reçoit cette déclaration du gouverneur Trochu : « Le gouvernement de Paris ne capitulera pas ». Le révolutionnaire socialiste Auguste Blanqui, aidé de militants, dont Raoul Rigault qui deviendra préfet de la police sous la Commune, mène des manifestations. Au moment même, et c’est l’une des causes également du soulèvement, le principe de la reddition de Metz est arrêté : le maréchal Bazaine livre 150.000 soldats à l’ennemi avec des quantités astronomiques de matériels.
8.2 – A Issy :
Les jours passent et se ressemblent sur le front d’Issy et de Vanves : alors que les Allemands continuent à fortifier leurs positions sur Montretout et sur Châtillon, les batteries de ce deux forts les forcent à se replier plusieurs fois. Le courage des hommes blottis sur ces positions françaises est remarqué de tous. Trochu visite solennellement les deux enceintes le 10 novembre.
Le 19 novembre, ces mêmes actions recommencent. Les forts d’Issy et de Vanves ayant été appuyés par ceux de Montrouge et de Bicêtre.
Alors que les éléphants du zoo de Paris sont à leur tour sacrifiés, le général en chef de la 2ème armée de Paris, Auguste Ducrot, fait la déclaration suivante : « Le Moment est venu de rompre le cercle de fer qui nous enserre depuis trop longtemps et menace de nous étouffer dans une lente et douloureuse agonie ! A vous est dévolu l’honneur de tenter cette entreprise : vous vous en montrerez dignes, j’en ai la certitude. »
Le 5 décembre 1870, le comte von Moltke informe le gouvernement française de la défaite de l’Armée de la Loire à Orléans. Les chances de voir des troupes françaises parvenir au secours de la population et des unités de Paris s’amenuisent fortement.
9 – Deuxième bataille du Bourget.
9.1 – Conquérir les maisons une à une ! :
A la tête de ses marins, par une température de -14°C, l’amiral de la Roncière lance une nouvelle attaque sur Le Bourget en date du 21 décembre. Dans un premier temps, des rues entières sont reprises à l’ennemi. Encore une fois, les combats se déroulent de maison en maison. L’église n’est pas épargnée et subit de nouveaux dégâts. Dans le but de soutenir les marins, qui sont en perdition, le général Ducrot fait avancer son artillerie et pilonne les positions ennemies. Cette canonnade offre la possibilité aux hommes de La Roncière de se refaire et retraiter, en ramenant quelques prisonniers au passage.
9.2 – A Issy :
Le 27 décembre, alors que Paris entame son 100ème jour de siège, le commandant Delclos rassemble dans le fort d’Issy des compagnies des 4ème et 5ème bataillons de la Seine et du 3ème bataillon de la Somme. Il s’agit de réaliser une sortie dans les villages du Bas-Meudon, du Val et de Fleury. Cette opération se déroule sans trop de pertes (deux tués du côté Français) et permet, comme à chaque fois, de rapporter des vivres, des outils et quelques caisses de munitions. Une opération identique se déroule au soir du 2 janvier 1871 : cette fois les Français s’en vont jusque vers Rueil et reviennent au petit matin au fort d’Issy.
Pour autant, alors que jusqu’à présent les canonnades françaises des forts du sud avaient permis leur relative tranquillité, un déluge de feu s’abat sur ces mêmes forts pendant les journées du 5 au 7 janvier 1871.
Aussi, le 10 janvier, un détachement de gardes mobiles, de marins et une compagnie de génie sortent des forts d’Issy et de Vanves et se dirigent vers le Moulin de Pierre, situé entre Issy et Clamart, afin de détruire les batteries ennemies. C’est un demi-succès, car dans l’instant suivant ces mêmes forts reçoivent une nouvelle pluie d’obus. Les 11et 12 janvier, le fort de Châtillon, aux mains de l’ennemi, augmente même sa cadence de tir contre celui d’Issy. Le lendemain, une nouvelle attaque contre le Moulin de Pierre échoue.
Bivouac après la deuxième bataille du Bourget (Alphonse de Neuville).