Capitaine Petit – En Algérie – 1.

Publié le 11 Janvier 2020

Capitaine Petit – En Algérie – 1.

Sidi Bel-Abbes.

 

« Le 8 décembre 1958, j’arrive à la « Maison Mère » de la Légion étrangère, sise à Sidi Bel-Abbes. C’est le « Quartier Viénot ». Lorsqu’on y pénètre, on a devant soi la « Voie Sacrée » que nul ne peut fouler, à l’exception de la prise d’armes qui commémore chaque année la bataille de Camerone au Mexique le 30 avril 1863.

 

Au fond est érigé le Monument aux morts, couronné d’une mappemonde flanquée aux quatre coins cardinaux d’une statue rappelant les différents théâtres d’opérations où s’est illustrée la Légion. Arrivant d’une unité régulière, il me faut revêtir les attributs distinctifs. Je vais chez le maître-tailleur pour m’équiper : képi noir, fond rouge, galons d’or, grenade évidée à sept branches, pattes d’épaules, écussons, insigne du régiment…

 

Ainsi paré, je vais me présenter au colonel commandant le 1er RE (régiment étranger), le colonel Thomas qui a qualifié cette visite de courtoisie bienveillante.

 

Le 1er RE représente le lieu commun, le centre administratif par où toutes les nouvelles recrues doivent transiter durant l’instruction de base avant de rejoindre les unités combattantes. De même lorsqu’il s’agit de mutations, fins de contrat. C’est la plaque tournante, la « Portion centrale ».

 

C’est à Arzew que je rejoins le régiment le 8 décembre 1958. Le 5e régiment étranger d’infanterie, qui était jusque là installé sur le secteur de Turenne, vient d’être placé en réserve générale d’opération ici même avec sa base arrière. En effet, dans le cadre du Plan Challe, ont été constituées plusieurs divisions d’intervention, capables d’agir aux quatre coins du territoire. Ce sont la 11e Division d’Infanterie (DI) et la 10e Division Parachutiste (DP) à laquelle le régiment est rattaché. Nous sommes sans fausse modestie la fine fleur de l’armée sur laquelle le commandement va compter pour atteindre ses objectifs : la pacification.

 

A mon arrivée à Arzew, le capitaine Valent, officier étranger d’origine slave, grand seigneur, me reçoit en l’absence du régiment partit le matin même en opération dans la région de la Gada d’Aflou, région d’Aïn-Sefra, dans le sud oranais. Il est chargé de réquisitionner un certain nombre de villas et locaux pour y installer les cadres et les services au retour du régiment. La troupe trouvant son salut sous la tente. »

 

Dans l’Ouarsenis.

 

« Nous sommes fin décembre 1958 et le temps ne nous épargne pas. Ciel bas sur la mer. Vent et pluie traversent l’espace sans discontinuer. Les Oranais convoqués pour la réquisition de leur propriété ne sont pas contents de leur sort.

 

Le régiment remonte bredouille de son opération. Il est commandé par le colonel Gabriel Favreau. Il était auparavant chef de cabinet du maréchal Juin. Il porte un bandeau noir ou blanc sur l’œil droit qu’il a perdu, d’où son surnom « neunoeil ». Dynamique, il en veut et ne nous laissera pas chômer. Présenté, je suis affecté à l’ETM2 (Etat-Major Tactique), commandé par le commandant Edouard Repellin, et à la 9e compagnie, dont le chef est le capitaine Debrouker. Je serai son second. J’ai maintenant mon ordonnance, un légionnaire d’origine italienne.

 

Le 4 janvier 1959, nous défilons sur le front de mer à Oran. Un journaliste a relaté dans L’Echo d’Oran, la prestation du 5e REI : « Clôturant le défilé à pied, le 5e régiment étranger d’infanterie, drapeau en tête, s’avance aux accents de la célèbre marche légionnaire. La foule s’apprêtait à applaudir ces magnifiques soldats lorsque soudain, elle se figea, emplie d’une indéfinissable émotion. Les notes des cuivres et des tambours s’estompaient au loin, et c’est dans un silence étonnamment profond que les hommes au képi blanc, bottés de caoutchouc, passèrent devant les tribunes du front de mer ».

 

Le 16 janvier, nous faisons mouvement pour nous porter dans la région de Frenda. Cela ne donne rien. Les jours suivants non plus. Lever à 5h30, départ dans la foulée et bivouac à 22h. A ce rythme, les « canards boiteux » ne tiendront pas longtemps. Pour ma part, cela me va. Quelques jours plus tard, alors que j’avais envoyé mon Italien chercher un réchaud au camp, il n’est pas revenu. Déserteur ! Il a pris mes vêtements civils. Je l’imagine, allant prendre le bateau pour l’Italie, avec des vêtements civils trois fois trop grands pour lui… Il ne donnera pas de nouvelles. Certains déserteurs ont la gentillesse de nous écrire pour nous dire qu’ils sont bien arrivés et que tout va bien !

 

Les opérations se suivent. Chaque jour nous allons dans les bas-fonds traquer les fellaghas qui se replient. Nous trouvons des infrastructures de repos et de ravitaillement que nous détruisons en attendant mieux. Notre action vise à vider la zone de tous les éléments rebelles, en vue d’installer plus tard des postes permanents de contrôle. Le 25 mars, au cours d’un ratissage, un voltigeur de ma section repère sur le terrain devant nous un fellagha en fuite. Voilà le bougre rattrapé. Il s’avère que cet homme est l’opérateur radio du poste avec lequel il communique avec Oujda au Maroc. Le 14 avril, mon beau-frère, Edouard Bonhoure, affecté au 2e Bureau de l’état-major à Alger me dit par lettre : « Bravo pour ton boulot dans l’Ouarsenis, le zèbre que tu as piqué était extrêmement intéressant et c’est moi qui m’occupais de cette affaire, sans savoir que tu étais à l’origine du coup. Le seul ennui c’est qu’il se passe beaucoup trop de temps entre la capture et le moment où les services techniques peuvent l’utiliser ».

 

Notre dispositif se resserre autour de la zone suspecte. Nous avons repéré une bande de 50 fellaghas. De son côté, la 11e compagnie en a tué 4 et fait un prisonnier. Regroupés à 16h00 aux environs de la Côte 1055, nous nous préparons pour la nuit. Auparavant, nous grenouillons dans les thalwegs situés au nord. Bien nous en prend, car la 1ère section découvre deux abris avec quelques vivres. A son tour la 2e section trouve deux autres niches. Je pénètre dans l’une d’elles et découvre un musulman mozabit (originaire du Mzab et généralement commerçant), les jambes et les bras attachés dans le dos, suspendu par une corde au dessus d’un feu dont il ne reste que quelques braises. Le ventre est plus ou moins carbonisé. Une boîte de médicaments enveloppée d’un papier blanc porte l’inscription « Au frère Si Mohamed, Commandant la Wilaya 4 ». Nous sommes là au cœur du dispositif ennemi. Plus bas, dans le thalweg, de nombreux abris attestent de la présence d’un katiba (compagnie) qui s’est évanouie dans la nature. Notre mozabit, encore vivant, est détaché. Plus tard, il est transporté par un hélicoptère Alouette qui le conduit à Molière, au PC (Poste de Commandement) de la 10e DP pour identification et suite à donner.

 

30 avril : nous fêtons Camerone. 147 rebelles ont été capturés, mais des camarades, des amis, ont offert leur vie au cours de ces combats récents. Notre pensée fervente monte vers eux. Quelques jours plus tard, des hélicoptères nous déposent sur DZ indiquée par le commandement. Mais lors de la deuxième rotation, l’appareil heurte le sol suite à une chute du régime moteur. Nous déplorons 6 morts et deux blessés. Je l’ai échappé belle : à une rotation près…

 

Le 17 et 18 mai, nouvelle action de 48h dans le fief du Commando 54, troupe d’élite rebelle. Le 1er REP (régiment étranger parachutiste) et le 3e REI (régiment étranger d’infanterie) engagés dans la même opération ont accroché les rebelles en fin de matinée. Ils se replient vers notre zone d’action. C’est au tour du lieutenant Alain Ivanoff du 1er bataillon de manœuvrer et donner l’assaut. En pleine action, il tombe frappé d’une balle en pleine tête. Malgré les pertes sévères, les éléments décimés du Commando 54 s’évanouissent dans le maquis inextricable des fonds d’oueds.

 

Le 2 juin, je fais mouvement sur Arzew avec la 4e section de la compagnie et des détachements des autres compagnies pour assister aux cérémonies religieuses et militaires qui vont rendre hommage et adieux aux tués des derniers combats. Le lieutenant-colonel Dubos indique : « Le régiment, une fois de plus hélas, est en deuil. J’ai le douloureux privilège à vous lieutenant Ivanoff, à vous sergent Swanda, à vous les légionnaires Eibl, Palomino et Maier de vous saluer une dernière fois et de vous adresser au nom du colonel Favreau et de tout le 5e Etranger, un ultime adieu. A nous se sont joints des délégations de vos camarades, représentants tous ceux qui, par suite des nécessités opérationnelles impératives, n’ont pas pu venir partager notre peine et vous accompagner dans cette dernière partie de votre chemin sur cette terre. Votre destin est accompli et si votre vie fut brève, elle reste pour nous un exemple et l’idéal d’une vie de soldat ».

 

Les jours suivants nous entraînent dans la région située à l’est de Champlain et au sud de la Petite Kabylie. Durant toutes ces opérations, tous nos déplacements se font avant le lever du jour, pour une mise en place dès l’aurore sur notre base de départ. Dans ces conditions, nous dormons peu, mais nous sommes entraînés au physique comme au moral à faire de tels efforts prolongés. Le 27 juin 1959, le colonel Favreau est élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’honneur par le général Gilles, représentant le général Challe. Le surlendemain, le capitaine de Broucker quitte le régiment. La compagnie, sous mes ordres, défile devant le commandant Repellin. Quant au capitaine, il boit, devant la compagnie rassemblée, le traditionnel car de vin rouge et reçoit la musette contenant quelques vivres de route. »

 

Le Hodna et la Kabylie.

 

« Le 6 juillet 1959, nous faisons mouvement dans un premier temps sur Blida, puis dans un deuxième temps sur Tizi-Ouzou. En réalité, nous avons été détournés vers les Monts du Hodna au sud de Bordj-Bou-Arredidj, cette destination ayant été tenue secrète jusqu’au dernier moment pour ne pas alerter nos adversaires. Les opérations « Jumelles » et « Etincelle » viennent de débuter. Elles consistent en de grandes opérations visant à encercler l’ennemi et l’anéantir. Avec d’autres unités de la 10e DP, durant onze jours, sur les pentes pré-sahariennes, nues, ravinées, inhospitalières, surchauffées par un soleil de plomb, nous avons découvert une importante base arrière, stocks de matériels divers : machines à coudre, tissus, vivres, chaussures, appareils de soudure…

 

Après quelques jours de terrain, nous voilà au repos au Bordj-R’dir. Souffrant d’une douleur intense a la mâchoire depuis plus jours, je me rends à l’infirmerie pour me faire soigner. Je demande le dentiste. Un certain bipède mal coiffé me dit qu’il se trouve au mess. Je lui demande d’aller le chercher. Ce dernier revient après un moment et me répond qu’il ne peut être dérangé, étant attablé ! Mon sang ne fait qu’un tour et j’indique au pauvre garçon que désobéir à un officier de la Légion est une faute extrêmement grave. L’aspirant dentiste arrive enfin. Je lui demande de m’arracher cette molaire qui me fait souffrir. Il se saisit d’un instrument et d’un geste bref et convaincant il s’exécute. Soulagé, mais endolori, je le quitte avec mes remerciements.

 

Le terrain est difficile à pénétrer. Nous devons prendre position, voir sans être vu. Enfin, le 19 août, nous repérons 11 fellaghas. Je fais mon compte-rendu et demande l’appui d’autres compagnies. Une heure plus tard, une compagnie est héliportée. Nous progressons. Les fellaghas refluent. Dans leur retraite, ils passent dans la zone de ratissage de la compagnie voisine. Dix d’entre eux sont tués ou faits prisonniers. Le n°150 de Képi Blanc (octobre 1959) relate l’affrontement : « La 12e compagnie du capitaine Frigard qui déjà depuis six jours grenouille dans la zone de refuge de Bounaaman, est en déplacement. Il est 12h30. Dans un terrain boisé, au relief accidenté, la 1ère section commandée par le lieutenant Lambert, aborde un village abandonné. Tout à coup, le tir des armes automatiques retentit. Parmi les maisons en ruines, un rebelle tente de s’enfuir. Blessé, il tombe mais se relève et se laisse glisser dans un ravin. La section s’élance aussitôt. Mais que se passe-t-il ? Derrière une murette deux mains agitent un mouchoir blanc. Puis, le silence régnant, deux têtes émergent, une femme et un homme, Monsieur et Madame Dubois de Dunilac, ressortissants suisses, installés en AFN depuis des années, prisonniers des rebelles depuis deux mois. Ils étaient gardés par deux rebelles armés de fusils de chasse. Le gardien blessé est retrouvé, ainsi que son fusil, le second reste introuvable ».

 

Je pars en permission pendant le mois de septembre 1959. La joie de se retrouver chez soi. De voir ses parents.

 

De retour en Algérie, je passe le commandement de la compagnie au capitaine Derréal, non sans regret. Je suis affecté auprès du commandant Repellin à l’EMT 2 en qualité d’officier de renseignement. Le commandant donne une soirée au cercle à Sidi-Bel-Abbès. J’y rencontre Olivier, lieutenant au 1er REC (régiment étranger de cavalerie) et Françoise. La soirée s’éternise jusqu’au lever du jour. Un ingénieur américain, venu étudier l’emploi des hélicoptères, qui ne jure que par la Légion, finit par rouler sous la table. Ah « The Foreign Legion » il s’en souviendra toute sa vie ! Il y a là aussi le général Gardy, inspecteur de la Légion, qui danse sans arrêt. Sa spécialité est de mettre sa main droite sous le sein gauche de sa partenaire, d’où le surnom qui lui est donné de « masse au sein ». Ceci pour la petite histoire… »

 

 

Dans la presqu’ile de Collo.

 

« Nous quittons Arzew le 1er novembre 1959. La presqu’île de Collo, 1.525 km², est un massif épais dont la tête est le Ghoufi qui culmine à 1.183 mètres. Les trois-quarts de ces djebels abrupts sont couverts de chênes liège. Cette zone incontrôlée depuis fort longtemps, est le siège d’une implantation du FLN, servant à la fois de transit et de repos pour les unités infiltrées depuis la Tunisie. La forêt de chênes cache sous ses frondaisons un maquis touffu, impénétrable, quelques rares pistes.

 

Le chêne liège n’est plus exploité depuis des années. Ce sont deux sociétés qui, en temps ordinaire, récoltent près d’un million de quintaux transformés en 22 millions de bouchons, vendus à l’URSS. Aujourd’hui, c’est l’armée qui assure la sécurité des chantiers. Plusieurs opérations ne donnent aucun résultat. Les fellaghas ne souhaitent pas nous rencontrer. Il va falloir agir par petits groupes pour ne pas attirer l’attention.

 

Le 24 novembre 1959, une équipe d’officiers du régiment part en reconnaissance sur la frontière tunisienne. Je rate mon frère Stéphane de peu. Il se présente à la popote des sous-officiers de Bône, où nous étions la veille. Nous passons de poste en poste. Le colonel nous a expliqué l’organisation de son secteur et le ratissage en cours. Le 27, par la piste qui longe le barrage électrifié, nous rejoignons Ouenza. La nuit précédente, une bande de fellaghas a forcé le barrage. Le bouclage est en cours. Rendus au PC opérationnel, nous apprenons que ladite bande est encerclée. Le premier bilan fait ressortir 45 tués et 69 prisonniers ! Finalement le nombre de tués se monte à 145. Armement pris en conséquence. C’est un échec total pour le FLN qui voulait, en franchissant le barrage, faire bonne impression avant la session de l’ONU. En fait, il existe deux réseaux électrifiés. Le premier longe grosso-modo la frontière. L’alerte est donnée en cas de franchissement. C’est alors que le second réseau en retrait de quelques kilomètres est mis sous tension. C’est dans cet espace que les rebelles sont pris et ne peuvent en sortir.

 

Retour sur nos cimes à Collo. Noël approche. Les opérations de nettoyage se multiplient, refoulant nos adversaires dans leurs derniers retranchements possibles. Comme le veut la tradition, chaque section prépare sa crèche qui sera ensuite évaluée. Les trois sections ayant obtenu le meilleur classement seront récompensées. La neige tombe abondamment.

 

Le 26 janvier 1960, n’ayant pas de commandement particulier, j’ai obtenu une permission de 15 jours pour me rendre à Alger. Cependant, la situation est très tendue sur le plan politique. Des troubles ont éclaté à Alger et Constantine. Très occupés par nos activités opérationnelles, nous ne sommes pas toujours au courant de ce qui se passe dans les hautes sphères. En réalité, le général Massu a été limogé de son commandement après la création des comités de salut public. Cette nouvelle n’a pas été acceptée des partisans de l’Algérie française qui ont réagi comme on va le voir.

 

Arrivé à Constantine où je dois prendre mon train, une grève immobilise tous les moyens de transport. Le 1er REC a été dépêché la veille en vue du maintien de l’ordre. Mon ami Olivier est aux portes de la ville avec son escadron. Nous suivons à la radio le déroulement des événements. Les manifestants crient « A bas de Gaulle » et réclament l’intégration de l’Algérie à la France. Le lendemain je fais le trajet vers Alger en jeep. Je me rends chez des amis. Inutile de dire combien notre cœur souffre.

 

A Alger, c’est l’insurrection. En effet, dès le 23 janvier, le député Pierre Lagaillarde a occupé avec 30 hommes la faculté boulevard Laférrière, suivi par un grand nombre de pieds-noirs des unités territoriales (5.000) groupés autour de la Grande Poste. Le 1er REP et le 1er RCP (régiment de chasseurs parachutistes) ont été rameutés en ville pour maintenir l’ordre. Des tirs sur les forces de l’ordre ont fait 14 morts dans les rangs de la gendarmerie mobile et 9 morts parmi les civils musulmans. Lagaillarde, sur les barricades, indique : « Nous résisterons jusqu’au bout, dussions-nous mourir. Nous ne voulons que l’intégration de l’Algérie à la France. Luttons tous ensemble pour l’Algérie française ». D’autres régiments arrivent en renfort, à commencer par le mien, 5e REI. La situation se détend peu à peu quand il apparaît que la troupe ne tirera pas sur la foule et que la fraternité se soit établie avec les unités territoriales. Le 1er février 1960, le siège des facultés est levé.

 

Mes amis pleurent de rage. Pour ma part, je veux m’en tenir au discours du général de Gaulle : « L’autodétermination, une fois la pacification terminée ». Il n’empêche, son discours a bien évolué : du « je vous ai compris » le 4 juin 1958, il est devenu le 16 septembre 1959 : « trois solutions : la sécession, la francisation, l’association ».

 

Le 3 mars 1960, le général de Gaulle fait une nouvelle « tournée des popotes ». Outre la présence des tous les officiers du régiment, ont fait le déplacement tous les officiers de la 13e demi-brigade la Légion étrangère. L’arrivée du chef de l’Etat est précédée de celles du général Hubert, commandant la 11e DI, du général Gandoet, commandant le corps d’armée, du général Challe, commandant en chef, du ministre des Armées, Pierre Messmer, et enfin de Monsieur Delouvrier. Sept autres hélicoptères, de type « banane », transportent des « mouches du coche »…

 

De Gaulle arrive enfin. Tout le monde au garde-à-vous. Nous sommes là, autour de lui. Il écoute l’exposé de la situation militaire et les résultats obtenus par le général Challe, puis nous indique : « Nous n’abandonnerons pas l’Algérie. Il n’y aura pas de Dien-Bien-Phu en Algérie. C’est de la fumisterie que de penser à l’indépendance de l’Algérie. Le FLN ne veut pas d’un cessez-le-feu. Votre mission reste de combattre et de lui prendre ses armes, puisqu’il ne veut pas les déposer. Il est absolument impossible de dire aujourd’hui ce que sera l’Algérie de demain. L’Algérie française, ce sont des mots et l’avenir d’un pays ne repose pas sur des mots. Le problème de l’Algérie sera définitivement tranché après la victoire de nos armes et par les Algériens eux-mêmes ».

 

Dans les semaines qui suivent, nous recommençons nos ratissages. Mais ils ne donnent rien. Seules des traces prouvent le passage de fellaghas. Au régiment, le colonel Favreau passe la main au colonel Pfirrmann. C’est un dur à cuire, un « marche ou crève ». Vieux grognard, il a commencé comme simple légionnaire et a gravé tous les échelons. Ce qui par ailleurs est remarquable. Malheureusement, son langage est émaillé de grossièretés sans nom. La cérémonie passée, nous continuons nos opérations. Eté 1960, nous remplaçons les harkis – ils ne sont plus du tout en sécurité – pour rassurer les récolteurs de liège.

 

Le commandant Repellin nous quitte. Il est remplacé par le commandant Buzy-Debat. Il a comme adjoint le capitaine Maestrali, qui vient de nous arriver de Madagascar. Je suis attaché à ce dernier en tant qu’officier de renseignement ».

 

Capitaine Petit – En Algérie – 1.
Capitaine Petit – En Algérie – 1.
Capitaine Petit – En Algérie – 1.
Capitaine Petit – En Algérie – 1.
Capitaine Petit – En Algérie – 1.
Capitaine Petit – En Algérie – 1.
Capitaine Petit – En Algérie – 1.
Capitaine Petit – En Algérie – 1.

Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Algérie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article