Publié le 26 Février 2024

Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.

 

Ce jour, dimanche 25 février 2024, la municipalité d’Issy-les-Moulineaux a rendu hommage à Missak et Mélinée Manouchian qui viennent d’entrer au Panthéon. Retour sur cet événement majeur pour Issy-les-Moulineaux, la communauté arménienne et la France avec le discours du Président de la République, mercredi 21 février 2024, soit 80 ans jour pour jour après l’exécution de Missak au Mont Valérien par les Allemands.

 

Emmanuel Macron, président de la République :

« Est-ce donc ainsi que les Hommes vivent ?

Des dernières heures, dans la clairière du Mont-Valérien, à cette Montagne Sainte-Geneviève, une odyssée du vingtième siècle s’achève, celle d’un destin de liberté qui, depuis Adyiaman, survivant au génocide de 1915, de famille arménienne en famille kurde, trouvant refuge au Liban avant de rejoindre la France, décide de mourir pour notre Nation qui, pourtant, avait refusé de l’adopter pleinement. 

Reconnaissance en ce jour d’un destin européen, du Caucase au Panthéon, et avec lui, de cette Internationale de la liberté et du courage. Oui, cette odyssée, celle de Manouchian et de tous ses compagnons d’armes, est aussi la nôtre, odyssée de la Liberté, et de sa part ineffaçable dans le cœur de notre Nation. Reconnaissance, en cette heure, de leur part de Résistance, six décennies après Jean Moulin.

Est-ce ainsi que les Hommes vivent ? Oui, s’ils sont libres. Libre, Missak Manouchian l’était, quand il gravissait la rue Soufflot, en fixant ce Panthéon qui l’accueille aujourd’hui. Libre, sur les bancs de la bibliothèque Sainte-Geneviève à quelques mètres d’ici, découvrant notre littérature et polissant ses idéaux. Libre avec Baudelaire, dans le vert paradis qui avait le goût de son enfance, dans une Arménie heureuse, celle des montagnes, des torrents et du soleil. Libre avec Verlaine, dont les fantômes saturniens croisaient les siens : son père, Kévork, tué les armes à la main par des soldats ottomans, sous ses yeux d’enfant, sa mère Vartouhi, morte de faim, de maladie, victimes du génocide des Arméniens, spectres qui vont hanter sa vie. 

Libre avec Rimbaud, après une saison en enfer, souvenirs partagés avec son frère Garabed. Mais voici les illuminations, les Lumières, celle qu’un instituteur de l’orphelinat, au Liban, lui enseigna. Eveil à la langue et à la culture françaises. Libre avec Victor Hugo et la légende des siècles, gloire de sa libre patrie, la France, terre d’accueil pour les misérables, vers laquelle Missak l’apatride choisit à dix-huit ans de s’embarquer, ivre, écrivait-il « d’un grand rêve de liberté ». 

Lui, Missak, « maraudeur, étranger, malhabile » pour reprendre les mots d’un autre poète, combattant qui choisit la France, Guillaume Apollinaire. Etranger, orphelin, bientôt en deuil de son frère tombé malade, et pourtant à la tâche, ouvrier chez Citroën, quai de Javel, licencié soudain, tremblant parfois de froid et de faim. 

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Ainsi, le soir après l’usine, Missak Manouchian étudie. Ainsi, sous les rayonnages de livres, Missak Manouchian traduit les poètes français en arménien. Ainsi écrit-il lui-même. Mots de mélancolie, de privations, brûlés du froid des hivers parisiens. Mots d’espoir aussi rendus plus chauds par la fraternité des exilés, par la solidarité de la diaspora arménienne, par le foisonnement d’art et de musique, des revues et des cours en Sorbonne. 

Poète et révolté. Quand les ligues fascistes défilent en 1934 au cœur de Paris, Missak Manouchian voit revivre sous ses yeux le poison de l’ignorance et les mensonges raciaux qui précipitèrent en Arménie sa famille à la mort. 

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Non. Alors, Missak Manouchian embrasse l’idéal communiste. Convaincu que jamais en France on n’a pu impunément séparer République et Révolution. Après 1789, après 1793, il rêve l’émancipation universelle pour les damnés de la terre. C’est ainsi que Missak Manouchian s’engage contre le fascisme, au sein de l’Internationale communiste, et bientôt à la tête d’une revue, Zangou, du nom d’une rivière d’Arménie. Espoir du Front Populaire, volonté d’entrer dans les Brigades Internationales pour l’Espagne, action militante. 

C’est ainsi que Missak Manouchian trouve l’amour : Mélinée, enfant du génocide des Arméniens comme lui ; Mélinée, protégée par l’amitié de ses logeurs, les Aznavourian, parents de Charles, dix ans alors, déjà chanteur. L’amour, malgré le dénuement, ignorer le passé, conjuguer le futur, l’amour fou. Je vous parle d’un temps que ces gens de vingt ans, Missak et Mélinée, ont tant aimé connaître. 

Libres en France, ce pays que Missak a choisi adolescent, qui lui a offert des mots pour rêver, un refuge pour se relever, une culture pour s’émanciper. Alors, Missak Manouchian hisse haut notre drapeau tricolore, lors des 150 ans de la Révolution, en 1939, quand il défile dans le stade de Montrouge. Alors, pour servir ce drapeau, Missak Manouchian demande par deux fois à devenir Français. En vain, car la France avait oublié sa vocation d’asile aux persécutés.

Alors, quand la guerre éclate, Missak Manouchian veut s’engager. Ivre de liberté, enivré de courage, enragé de défendre le pays qui lui a tout donné. « Tigre enchaîné », selon ses mots de poète, dans les prisons où le jettent la peur des étrangers, la peur des communistes, sous les miradors du camp allemand où il est détenu, en 1941, et où Mélinée vient contre tous les périls lui apporter des vivres. 

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Oui, au prix du choix délibéré, déterminé, répété de la liberté. Car dans Paris occupé, Missak Manouchian rejoint la résistance communiste, au sein de la main d’œuvre immigrée, la MOI. Il se voulait poète, il devient soldat de l’ombre, plongé dans l’enfer d’une vie clandestine, une vie vouée à faire de Paris un enfer pour les soldats allemands. Guerre psychologique pour signifier à l’occupant que les Français n’ont rien abdiqué de leur liberté. Encore, toujours, « ivre d’un grand rêve de liberté », Missak Manouchian prend tous les risques. Lui qui aime aimer se résout à tuer. Comme ce jour de mars 1943 où il lance une grenade dans les rangs d’un détachement allemand. 

Est-ce ainsi que les hommes rêvent ? Oui, les armes à la main. Et d’autres sont là, à ses côtés, parce qu’ils sont chassés de la surface du monde et ont décidé de se battre pour le sol de la patrie. Parce que nombre d’entre eux sont Juifs, et que certains ont vu leurs proches déportés : Lebj Goldberg, Maurice Fingercweig, Marcel Rajman. Parce ce que la guerre a volé leurs écoles et leurs ateliers, dans ce Paris populaire et ouvrier où le français se mêle à l’italien ou au yiddish. Parce que les forces de haine ont volé leur passé, là-bas, en Arménie, tel Armenak Manoukian. Parce que ce sont les femmes qui veulent œuvrer pour l’avenir de l’Homme, comme Mélinée, comme la Roumaine Golda Bancic, comme tant d’autres, armes et bombes qu’elles acheminent sans soupçons, filatures qu’elles accomplissent sans trembler. Parce qu’ils sont une bande de copains, à la vie, à la mort. 

A l’âge des serments invincibles, tels Thomas Elek et Wolf Wajsbrot, une belle équipe comme sur un terrain de football, panache de Rino della Negra, jeune espoir alors du Red Star. Parce qu’ils ont vu mourir la liberté dans l’Italie de leurs parents, comme Antoine Salvadori, Cesare Luccarini, Amedeo Usseglio, Spartaco Fontano. Parce qu’ils ont vu les hommes de fer s’emparer de la Pologne et persécuter les Juifs, comme Jonas Geduldig, Salomon Schapira et Szlama Grzywacz. Parce qu’ils sont pour beaucoup des anciens des Brigades Internationales en Espagne, pays de Celestino Alfonso. Pour qui sonne le glas ?  Pour les Polonais Joseph Epstein et Stanislas Kubacki. Pour les Hongrois Joseph Boczov et Emeric Glasz, eux les experts en sabotage, aux fardeaux de dynamite. Parce qu’ils ont vingt ans, le temps d’apprendre à vivre, le temps d’apprendre à se battre. Ainsi de ces Français refusant le STO, Roger Rouxel, Roger Cloarec et Robert Witchitz. 

Parce qu’ils sont communistes, ils ne connaissent rien d’autre que la fraternité humaine, enfants de la Révolution française, guetteurs de la Révolution universelle. Ces 24 noms sont ceux-là, que simplement je cite, mais avec eux tout le cortège des FTP-MOI trop longtemps confinés dans l’oubli.

Oui, parce qu’à prononcer leurs noms sont difficiles, parce qu’ils multiplient les déraillements de train et les attaques contre les nazis, parce que ces combattants sont parvenus à exécuter un haut dignitaire du Reich, les voilà plus traqués que jamais. Dans leurs pas, marchent les inspecteurs de la préfecture de police - la police qui collabore, la police de Bousquet, de Laval, de Pétain - et l’ombre des rafles grandit. 

À l’automne 1943, devenu dirigeant militaire des FTP-MOI parisiens, Missak Manouchian le pressent : la fin approche. Pour alerter ses camarades, il se rend au rendez-vous fixé avec son supérieur Joseph Epstein, un matin de novembre. Missak Manouchian avait vu juste : lui et ses camarades sont pris, torturés, jugés dans un procès de propagande organisé par les nazis en février 1944. 

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? S’ils sont résolument libres, oui. À la barre du tribunal, ils endossent fièrement ce dont leurs juges nazis les accablent, leurs actes, leur communisme, leur vie de Juifs, d’étrangers, insolents, tranquilles, libres. « Vous avez hérité de la nationalité française » lance Missak Manouchian aux policiers collaborateurs. « Nous, nous l’avons méritée ». 

Etrangers et nos frères pourtant, Français de préférence, Français d’espérance. Comme les pêcheurs de l’Ile de Sein, comme d’autres jeunes de seize ans, de vingt ans, de trente ans, comme les ombres des maquis de Corrèze, les combattants de Koufra ou les assiégés du Vercors. Français de naissance, Français d’espérance. Ceux qui croyaient au ciel, ceux qui n’y croyaient pas, ceux qui défendaient les Lumières et ne se dérobèrent pas. 

Est-ce ainsi que les hommes meurent ? Ce 21 février 1944, ceux-là affrontent la mort. Dans la clairière du Mont Valérien, Missak Manouchian a le cœur qui se fend. Le lendemain, c’est l’anniversaire de son mariage avec Mélinée. Ils n’auront pas d’enfants mais elle aura la vie devant elle. Il vient de tracer ses mots d’amour sur le papier, amour d’une femme jusqu’au don de l’avenir, amour de la France jusqu’au don de sa vie, amour des peuples jusqu’au don du pardon.

« Aujourd’hui, il y a du soleil ». Missak Manouchian est à ce point libre et confiant dans le genre humain qu’il n’est plus que volonté, volonté d’amour. Délié du ressentiment, affranchi du désespoir, certain que le siècle lui rendra justice comme il le fait aujourd’hui, que ses bourreaux seront défaits et que l’humanité triomphera. Car qui meurt pour la liberté universelle a toujours raison devant l’Histoire.

Est-ce ainsi que les hommes meurent ? En tout cas les Hommes libres.  En tout cas ces Français d’espérance. « Je ne suis qu’un soldat qui meurt pour la France. Je sais pourquoi je meurs et j’en suis très fier », écrira l’Espagnol Celestino Alfonso avant l’exécution. Et ce 21 février 1944, ce sont bien vingt-deux pactes de sang versé, scellés entre ces destins et la liberté de la France.

Pacte scellé par le sang du sacrifice. Un peu avant, avec la force que leur laissent les mois de torture, ils ont crié, « À bas les nazis, vive le peuple allemand ». Conduits aux poteaux, quatre par quatre, les yeux bandés sauf ceux qui le refusent, tombés, les corps déchiquetés, en six salves. Tombés, comme tombera, fusillé en avril au Mont-Valérien, Joseph Epstein, qui sous la torture ne donnera aucun nom, pas même le sien, démontrant jusqu’au bout son courage. Tombés, comme tombera, tranchée la tête de Golda Bancic, exécutée en mai à l’abri des regards dans une prison de Stuttgart. 

Tombés, ils sont tombés et leurs bourreaux voulurent les exécuter à nouveau par la calomnie de la propagande, cette Affiche Rouge qui voulait exciter les peurs et ne fortifia que l’amour. Car les vrais patriotes reconnurent dans ce rouge, le rouge du Tricolore. Rouge des premiers uniformes des soldats de Quatorze, rouge des matins de Valmy, rouge du sang versé pour la France sur lequel miroite toujours une larme de bleu, un éclat de blanc. 

C’est ainsi que les hommes, par-delà la mort, survivent. Ils débordent l’existence par la mémoire. Par les vers d’Aragon, par les chansons, celle de Léo Ferré et tant d’autres. Mémoire portée fidèlement par Arsène Tchakarian, ancien des FTP-Moi ou par Antoine Bagdikian, l’un et l’autre dévoués à honorer d’un même élan la Résistance des Arméniens et la Résistance des Juifs en France, portée par tant de passeurs inlassables.

C’est ainsi que les hommes survivent. C’est ainsi que les Grands Hommes, en France, vivent pour l’éternité. 

Entrent aujourd’hui au Panthéon vingt-quatre visages parmi ceux des FTP-MOI. Vingt-quatre visages parmi les centaines de combattants et otages, fusillés comme eux dans la clairière du Mont-Valérien, que j’ai décidé de tous reconnaître comme morts pour la France. Oui, la France de 2024 se devait d’honorer ceux qui furent vingt-quatre fois la France. Les honorer dans nos cœurs, dans notre recueillement, dans l’esprit des jeunes Français venus ici pour songer à cette autre jeunesse passée avant elle, étrangère, juive, communiste, résistante, jeunesse de France, gardienne d’une part de la noblesse du monde. 

Missak Manouchian, vous entrez ici en soldat, avec vos camarades, ceux de l’Affiche, du Mont-Valérien, avec Golda, avec Joseph et avec tous vos frères d’armes morts pour la France. Vous rejoignez avec eux les Résistants au Panthéon. L’ordre de la nuit est désormais complet. 

Missak Manouchian, vous entrez ici toujours ivre de vos rêves : l’Arménie délivrée du chagrin, l’Europe fraternelle, l’idéal communiste, la justice, la dignité, l’humanité, rêves français, rêves universels. 

Missak Manouchian, vous entrez ici avec Mélinée. En poète qui dit l’amour heureux. Amour de la Liberté malgré les prisons, la torture et la mort ; amour de la France, malgré les refus, les trahisons ; amour des Hommes, de ceux qui sont morts et de ceux qui sont à naître. 

Aujourd’hui, ce n’est plus le soleil d’hiver sur la colline ; il pleut sur Paris et la France, reconnaissante, vous accueille. Missak et Mélinée, destins d’Arménie et de France, amour enfin retrouvé. Missak, les vingt et trois, et avec eux tous les autres, enfin célébrés. L’amour et la liberté, pour l’éternité. 

Vive la République. Vive la France ».

 

 

Sources :

  • Site de la présidence de la République : www.elysee.fr
  • Archives du Souvenir Français.
  • Crédit photographique : général Jean-Claude ICHAC pour le Souvenir Français ; association des anciens combattants arméniens, ANACRA ; France 3 pour le Panthéon ; DG 92 du Souvenir Français, colonel GUY pour le Mont Valérien.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
Panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : discours du Président de la République et l’hommage d’Issy-les-Moulineaux.
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Publié le 17 Février 2024

Jean Salis, soldat de la 2e DB, mort pour la France.

Sur ce site, en avril 2017 (https://www.souvenirfrancais-issy.com/2017/04/paul-casta-de-la-2e-db-mort-pour-la-france.html), nous avions évoqué la 2e division blindée du général Leclerc, son parcours et la disparition du soldat Paul Casta, mort des suites de ses blessures le 25 août 1944 à l’hôpital aujourd’hui connu sous le nom de Corentin Celton. Son corps est enterré au cimetière d’Issy-les-Moulineaux.

Ils sont trois soldats à reposer au cimetière communal : Paul Casta donc, Mohamed Ben Abdeslem et Jean Salis.

 

Histoire de La 2e DB dans les Hauts-de-Seine.

La 2e DB est en France depuis juin 1944. Pour le commandement américain des opérations pas question de perdre du temps à libérer Paris qui n’est qu’un objectif annexe. Il faut foncer vers l’Allemagne. Le général de Gaulle arrache la décision : il convainc le général Eisenhower de ne pas lâcher Paris qui est tout à la fois un symbole et un enjeu stratégique car les Allemands constituent une menace sur les flancs des armées alliées.

Eisenhower donne finalement l’ordre à Leclerc de marcher sur Paris le 22 août 1944. La division est formée des unités suivantes : 501e régiment de chars de combat, 12e régiment de chasseurs d’Afrique, 12e régiment de cuirassiers, 1er régiment de marche de spahis marocains, régiment blindé de fusiliers-marins, régiment de marche du Tchad, 3e régiment d’artillerie coloniale, 64e régiment d’artillerie, 40e régiment d’artillerie nord-africain, 13e bataillon du génie, un bataillon médical, et un détachement de circulation routière.

Au total, la 2e DB compte alors environ 165 chars moyens M4 Sherman, 36 chasseurs de chars M10 Wolverine, 64 automitrailleuses, 664 half-tracks et scout cars. Pratiquement tous les équipements sont américains ou d’origine américaine. Selon les historiens, la division compte environ 15.000 hommes répartis ainsi : 7.000 des unités de l’armée d’Afrique, dont 1.300 soldats maghrébins, 4.000 Forces Françaises Libres, vétérans du Tchad pour la plupart, et environ 2.500 évadés par l’Espagne.

Avant de monter dans sa jeep, Leclerc est interpelé par de Gaulle : « Vous avez de la chance ! »

Le 24 août, en deux colonnes, la division s'élance vers Paris. Par la vallée de Chevreuse, Jouy-en-Josas, Clamart, Massy, Wissous, Fresnes, le groupement Billotte fraye leur chemin à coups de canon. Les Allemands, solidement armés, se battent bien ; mais le soir, vers 20 heures, à la Croix-de-Berny, Leclerc sent qu'une occasion se présente : il saisit le capitaine Dronne au passage et il le lance, avec trois chars et trois sections sur half-tracks, vers le cœur de Paris. L'audace est payante : à 21 heures 22, Dronne arrive place de l'Hôtel de Ville, les cloches de la capitale sonnent à toute volée ; les Parisiens frémissent. Le lendemain 25, c'est le coup de grâce : la 2e DB entre dans la ville, s'empare du gouverneur allemand et réduit au silence l’ennemi. Les groupes de résistance, qui se battaient depuis près de huit jours à un contre dix, soupirent et fêtent ces soldats français providentiels que Paris attendait depuis quatre ans sans trop y croire.

Après dix jours consacrés à remettre en état les quatre mille véhicules, à recompléter les rangs, à prendre un repos et une détente bien mérités aussi, le 8 septembre la 2e DB reprend la route. Elle va participer à la libération de l’Alsace, Colmar et Strasbourg et terminera sa guerre au Berchtesgaden, demeure d’Adolf Hitler à la frontière entre l’Allemagne et l’Autriche.

 

Jean Salis.

Comme Paul Casta, Jean Salis est Corse. Cela a son importance ! Il nait à Ocana en Corse du Sud le 4 septembre 1921. Soldat du 2e bataillon et de la 5e compagnie du régiment de marche du Tchad, il est tué à l’ennemi sur la commune de Sèvres lors des combats de l’avenue Bellevue.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Issy-les-Moulineaux et celui de la 2e division blindée, à la Porte d’Orléans dans le 14e arrondissement de Paris. Jean Salis avait 23 ans.

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Et Leclerc prit Strasbourg, Les Dernières Nouvelles, 1970.
  • Erwan Bergot, La 2e DB, Paris, Presses de la Cité, 1980.
  • Général Philippe Duplay, La 2e DB de Doula à Berchtesgaden, Revue L’Espoir, n°107, 1996.
  • Biographie de Paul Casta par l’Amicale d’Antibes-Vence-Cannes de la 2e DB avec le concours de la Fondation de la France Libre.
  • Site MemorialGenWeb, contributions de Claude Richard, Jérôme Charraud.
Cimetière d’Issy-les-Moulineaux. De gauche à droite, les sépultures des soldats Mohamed Ben Abdeslem, Jean Salis et Paul Casta.

Cimetière d’Issy-les-Moulineaux. De gauche à droite, les sépultures des soldats Mohamed Ben Abdeslem, Jean Salis et Paul Casta.

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Publié le 11 Février 2024

Issy-les-Moulineaux - 8 mai 2008 - de g. à dr. au premier plan : général Roland Glavany, Denis Larghero, alors conseiller départemental et  Robert Seaumaire.

Issy-les-Moulineaux - 8 mai 2008 - de g. à dr. au premier plan : général Roland Glavany, Denis Larghero, alors conseiller départemental et Robert Seaumaire.

Officier de la Légion d’honneur, titulaire de la croix de Guerre 1939-45, engagé dans plusieurs associations de la ville d’Issy-les-Moulineaux, Robert Seaumaire s’est éteint le 26 décembre à l’hôpital Suisse d’Issy à l’âge de 97 ans.

 

La Seconde Guerre mondiale.

Adolescent au moment de la Seconde Guerre mondiale, Robert Seaumaire indique, dans un ouvrage d’archives familiales, avoir été motivé par patriotisme mais « pas forcément indulgent pour les responsables en charge » pour résister face à l’Allemagne nazie.

En 1940, il vit l’exode alors qu’il est enfant de troupe d’abord aux Andelys puis à Béziers (l’école ayant été déplacée en Zone libre). Il rejoint ensuite le camp de Thol dans l’Ain puis Audinac-les-Bains dans l’Ariège. Ayant terminé ses études, il tente alors de se rendre dans un maquis espagnol au moment du débarquement en Normandie. Echec… Il rentre chez ses parents. La libération de la Normandie lui permet de retourner sur la région parisienne et Boulogne-Billancourt. Il s’engage dans les FFI, connait le feu, et suit la 2e DB – en bus de la RATP réquisitionné – pour être versé dans le Régiment de Marche du Tchad (RMT) sous le commandement du général Leclerc.

Premier engagement en Meurthe-et-Moselle puis il va connaître la libération de l’Alsace : « C’est la ruée vers Strasbourg, suivie de la très dure campagne d’Alsace ». Il goutte aux joies d’une permission de deux semaines après ces combats, et entre, toujours avec la 2e DB, en Allemagne pour prendre le nid d’Aigle d’Hitler à Berchtesgaden. La guerre est finie ! En vue d’être démobilisé, Robert retrouve les siens à Nogent.

 

En Indochine.

Mais de démobilisation, il n’y aura pas. Volontaire pour l’Indochine, Robert Seaumaire suit le colonel Massu. Il indique : « Nos premières embuscades sanglantes sont tendues par des Caodaïstes [religion qui fait des millions d’adeptes dans le Vietnam d’alors, et dont une partie des membres va prendre le maquis contre les Français et les communistes d’Ho-Chi-Minh] et de fait, nous étrennons la décolonisation. Nous la poursuivrons au Tonkin. Départ vers cette région en un convoi naval impressionnant qui nous fait traverser toute la Cochinchine. Par la suite, nous entrons dans Hanoi avec Leclerc en dépit de l’opposition du Viet Minh. Lors d’un coup de main, je gagne mes galons de caporal. L’attitude de l’amiral d’Argenlieu, qui fait tirer au canon sur Haiphong, provoque le départ de Leclerc. Ensuite, volontaire pour prolonger mon séjour, je rejoins la garnison de Langson. Dégagement des axes sur la RC 4. Visite de la baie d’Along. Le GM2 du RICM nous accueille et nous confie le sous-secteur de rizières adossé au golfe du Tonkin. »

Et Robert Seaumaire d’ajouter : « Beaucoup d’opérations, fatigue générale, furoncles, ascaris, paludisme sont au rendez-vous. Retour vers la France sur la bateau Pasteur et visite de Singapour. Famille inquiète ».

 

De Müllheim à l’Algérie, en passant par Coëtquidan.

Robert Seaumaire est muté en Allemagne et rejoint le RCCC (régiment colonial de chasseurs de chars) à Ravensburg puis Müllheim où sa connaissance de l’allemand lui vaut d’atterrir à l’approvisionnement du régiment. Ses chefs de corps s’intéressent à lui et l’envoie à l’Ecole de Strasbourg – « Je redevenais un potache ! » – pour ensuite intégrer Coëtquidan et devenir officier après une année de dur labeur.

Devenu sous-lieutenant, ayant choisi les troupes de marine, et intégrant l’école de Saint-Maixent, Robert Seaumaire reconnait « avoir eu la chance d’avoir le plus aride des instructeur : le capitaine Robin, 15 citations sur sa croix de guerre ». Le jeune officier épouse Suzanne et est nommé au 1er régiment d’infanterie coloniale à Versailles puis Dreux. Il a la joie de voir la naissance de sa fille Chantal avant de s’être muté en Afrique noire, au cœur de la Guinée équatoriale.

Il y effectue un rôle de bâtisseur avec des tournées dans la brousse pour améliorer des infrastructures, réalise des travaux du génie, tandis que son épouse travaille comme institutrice. Sa seconde fille – Françoise – voit le jour mais Suzanne, atteinte de paludisme, entraîne le rapatriement à Dakar. La famille est mise au repos en métropole, Robert est nommé en Algérie : « présentation de la situation que je découvre et sur la peur qui m’étreint de retrouver une situation à l’Indochinoise que je m’efforcerai de contrebattre avec mon cœur ».

Après un stage d’officier « d’action psy » à Arzew, près d’Oran, Robert Seaumaire rejoint le 75e RIMa dans le Constantinois où pendant 33 mois il va alterner des actions de psychologie auprès des populations et le commandement d’unités de combat. En 1960, il quitte l’Algérie : « Mes derniers commentaires sur la situation en Algérie sont de l’amertume face à cette situation ».

 

En Côte d’Ivoire.

Après une longue permission en métropole, Robert Seaumaire repart, cette fois-ci avec sa famille, pour la Côte d’Ivoire, à Bouaké.

Le vote de la loi-cadre de 1956 ayant permettant à chaque pays de l’Union française de devenir indépendant confère à l’officier Seaumaire de nouvelles missions : redonner des contingents aux armées nationales, en démobiliser d’autres, remettre aux autorités ivoiriennes le camp de Bouaké. Il devient même gérant d’une coopérative puis est responsable de 225.000 livrets matricules des bureaux de recrutement de Haute-Volta (devenu Burkina Faso) et de Côte d’Ivoire.

 

Retour à la vie civile.

Quelques années plus tard, Robert Seaumaire est de retour en métropole et est affecté au régiment de marche du Tchad à Pontoise ; s’ensuivent plusieurs autres affectations à Saint-Germain-en-Laye puis Sissonne.

Enfin, retraité à Issy-les-Moulineaux, Robert Seaumaire est de ceux qui créent l’ASTI (Association de Solidarité avec Tous les Immigrés), devient président des anciens combattants, est élu conseiller municipal en charge de la voirie, président du comité Raoul Follereau et gère également une association en charge de la distribution de livre scolaire auprès de pays africains : « J’ai ainsi redonné du sens à ma vie : je suis utile ».

André Santini : « Robert Seaumaire aura consacré toute sa vie au service de la France et de ses valeurs. Nous perdons là une figure incontournable et respectée du monde combattant de la ville et, j’ajouterai pour ma part, un ami fidèle ».

 

 

Sources :

  • Journal municipal Point d’appui du mois de Février 2024.
  • Documents d’archives famille Seaumaire, remis par le colonel Gilles Pernet, que le Souvenir Français remercie.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Crédit photographique : archives du journal Jeune Afrique.
Robert Seaumaire et le colonel Gilles Pernet.

Robert Seaumaire et le colonel Gilles Pernet.

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Publié le 31 Janvier 2024

Le Fezzan de l'adjudant Saubadine.

Philippe Saubadine a vécu avec sa famille à Ouargla en Algérie dans les années 1950. Sa mère était receveuse de La Poste et son père était adjudant au sein de la Compagnie saharienne portée des Oasis. En lisant les articles de ce site sur la Coloniale et les compagnies méharistes, M. Saubadine nous a donné l’autorisation de reproduire une partie de ses souvenirs et des aventures de son père (disparu en 2015), justement au temps de ces compagnies. Il a également rassemblé ses souvenirs dans un livre intitulé Il m’a été donné d’aller à Corinthe, publié aux Editions Vérone et publié de nombreux documents sur un site de Blogspot épisode 1 : exorde (rlpps.blogspot.com) 

Voici, avec son autorisation, des extraits de l’épisode relatif aux campagnes sahariennes.

 

Des sud-ouest de la métropole au désert du Sahara.

Jean Saubadine est engagé volontaire à l’âge de 19 ans, dans le corps franc Pommiès. Ce groupe de combattants est fondé en novembre 1942 par André Pommiès et opère partout dans le sud-ouest de la France. Relevant du BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’actions – créé par le général de Gaulle en 1940), cette unité participe à la libération du territoire national, entre autres à la bataille d’Autun le 9 septembre 1944, puis à la libération des Vosges et de l’Alsace. A la fin de la guerre, le corps franc compte plus de 9.000 hommes dans ses rangs.

Ayant intégré le 49e régiment d’infanterie, Jean Saubadine est de tous les combats. Mais après la prise de Stuttgart et la victoire des Alliés en mai 1945, il est muté à Strasbourg dans des bureaux, ce qui ne lui convient pas vraiment. Aussi, lorsqu’il lui est proposé d’intégrer les Compagnies méharistes au Sahara algérien, il répond de suite par l’affirmative et débarque à Ouargla en 1948.

 

Les Compagnies méharistes.

Philippe Saubadine : « Ces compagnies sont remaniées en 1947. Les véhicules militaires tout terrain remplacent les dromadaires. Leur rayon d’action est immense : il couvre le grand erg oriental : plateau du Tinhert (In Amenas), région du Tidikelt (In Salah) -, l'Immidir (Arak), le Hoggar (Tamanrasset) et le Tassili des Ajjers (Djanet). Avec une distance est-ouest de 600 km et une distance nord-sud de 200 km, la superficie est de 120 000 km2.

En dépit de cette transformation, mon père et son peloton mènent, de 1946 à 1959, de longues traversées uniquement à dos de méhari. Les missions peuvent durer de trois à six mois, six pour les zones les plus éloignées ou difficiles d'accès. Il s'agit d'opérations de surveillance et de protection, de repérage, de poursuite et de démantèlement de partis rezzous, ainsi que de relevés topographiques et de migration de populations. Nous ne savons jamais où mon père se trouve, les facteurs de surprise et de désinformation étant primordiaux dans ce type de mission.

La reconnaissance se fait à un rythme aléatoire de kilomètres parcourus. Il faut tenir compte des tempêtes de sable dont la durée semble respecter la théorie du 3-6-9 (elle s'arrête au bout de trois jours, sinon de six, enfin de neuf) ; des points d'eau et de la potabilité à moins que le puits n'ait été volontairement empoisonné ; des renseignements fournis par les caravaniers.

Ces actions dérangent fortement les bandes armées dont la principale activité consiste à piller les fermes isolées, les campements nomades et les caravanes, prolongeant en cela les ancestrales razzias arabo-musulmanes envers les populations noires destinées à être soumises à l'esclavage. D'où une hostilité contre les français sciemment entretenue par la rébellion.

Un peloton de méharistes est composé de soixante-dix indigènes commandés par un officier ou un sous-officier français. Lors des bivouacs, mon père s'en remet à son ordonnance Kâadadah, un Châamba. Au début de la colonisation de l'Algérie, les Châamba représentaient la tribu la plus importante du Sahara répartie sur les territoires de Ghardaïa, El Goléa, Ouargla. Ils luttèrent farouchement contre l'armée de Bugeaud, à la fois par réflexe guerrier et parce que l'ingérence des Français menaçait leur prolifique commerce d'esclaves. C'est Laperrine qui parviendra à les intégrer dans les unités sahariennes. L'apport de leur connaissance parfaite du désert et de l'art du déplacement, ainsi que leur haine des Touareg, en feront des combattants de premier ordre. Il faudra néanmoins plusieurs années pour qu'ils se plient à la discipline et cessent de rentrer dans leur tribu chaque fois qu'ils estimaient avoir gagné suffisamment de solde. »

 

Le Fezzan.

Ph S : « Cette région, qui compose avec la Cyrénaïque et la Tripolitaine le territoire libyen, est soustraite à l'Empire italien par les Français en 1942. Depuis Brazzaville, De Gaulle enjoint Leclerc, alors commandant les troupes de l'Afrique française libre, de faire la jonction avec la 8e armée britannique qui avance en Cyrénaïque pour contrer l'offensive de Rommel contre le canal de Suez. Mais, toujours méfiant envers nos alliés, De Gaulle lui intime l'ordre de les écarter de toute velléité d'appropriation du Fezzan : "Le Fezzan doit être la part de la France dans la bataille d'Afrique. C'est le lien géographique entre le sud-tunisien et le Tchad."

La colonne Leclerc enlève Sebha, la capitale régionale, puis Mourzouk. L'accord signé au mois de janvier 1942 attribue l'administration du Fezzan à la France tandis que l'administration anglaise est établie sur la Tripolitaine et la Cyrénaïque.

L’adjudant passe son temps, entre novembre 1949 et octobre 1950 à ratisser la région entre Sebbah et Mourzouk. Il est tellement pris par les missions qu’il est obligé de reporter son mariage de plusieurs mois ! »

 

Région de Tidikelt.

Ph S : « Après avoir couvert quelques temps la région du Tassili n’Ajjer, l’adjudant Saubadine est chargé de se rendre dans celle de Tidikelt. Au cœur du Sahara, c'est la région la plus chaude du pays. Elle est dominée par le haut plateau du Tademaït où les nombreux oueds s'étendent à ses pieds, alimentés par une providentielle nappe phréatique.

A In-Salah, on entre dans la wilaya de Tamanrasset. La température y est caniculaire pendant pratiquement dix mois de l'année, les deux mois d'hiver pouvant passer sans aucune pluie. Et la distance parcourue à dos de dromadaire depuis Ouargla est d'environ mille quatre cents kilomètres.

La colonne méhariste rejoint la route impériale numéro 3 et franchit les gorges d'Arak pour se diriger vers In Amguel. Cette piste relie Alger au pays touareg par In-Salah et Tamanrasset. Puis c'est la traversée du Hoggar en contournant le massif du Tahat pour fondre sur l'oasis d'Abalessa. Fondre n'est pas le mot exact sachant qu'un méhari peut parcourir 40 km par jour en allure modérée et 60 en allure forcée. Les 80 km sont tranquillement couverts en deux journées avec un bivouac intermédiaire.

Sur cette période, de 1948 à 1959, les expéditions ne sont pas linéaires et les allées-venues depuis Ouargla empruntent des pistes variées en fonction des missions et des engagements ou poursuites sur le terrain. »

 

Tamanrasset.

Ph S : « Le peloton Saubadine se rend également à Tamanrasset.

Lieu chargé d'histoire, Tamanrasset a été la demeure religieuse et méditative du Père de Foucauld. Sa rencontre en Algérie (il servait dans le 4e Chasseur d'Afrique) avec Laperrine a profondément modifié sa façon de se comporter et a constitué le prologue à son engagement spirituel. Il sera reconnu comme le grand spécialiste de la culture et de la langue touarègues.

Il vit sur le territoire de ce peuple, lui l'ascète qui est proche de la notion de pénitence – tetubt – que lui reconnaissent les touareg. En 1905, le père de Foucauld construit sur le plateau de l'Assekrem la "Frégate", bâtiment en pierre qui abrite la sacristie et l'église à surfaces égales.

Quelque onze ans plus tard, il sent que l'environnement peut basculer dans l'hostilité, notamment à cause de raids senoussistes contre les non musulmans. Il fait bâtir son bordj civil et s'y installe en juin 1916. Il y sera assassiné six mois plus tard alors qu'il avait été fait prisonnier par ces bandes fanatiques qu'il redoutait.

Le peloton descendra ensuite sur In Guezzam, un fortin situé à la frontière avec le Niger.

Cependant, la Compagnie saharienne portée des Oasis intervient également dans la région de Biskra, au pied des Aurès, où sévissent les sections armées de l'ALN. Avec sa troupe, mon père débusque l'ennemi à Zeribet Ahmed, Darmoune et Zerinet El Oued, et met la main sur des caches d'armes. Cela lui vaut une citation à l'ordre de la division. »

 

Mission à Soukiès.

Ph S : « Au plus fort de la guerre d’Algérie, les combattants de l'Armée de Libération nationale (ALN) établissent des bases arrière en Tunisie d'où ils mènent des actions agressives de plus en plus fréquentes. Nos soldats ne peuvent pas les poursuivre au-delà de la frontière car, même s'il existe des accords de coopération militaire entre la France et la Tunisie, cette dernière exerce une solidarité maghrébine que son indépendance nouvellement acquise ne peut refuser aux frères algériens.

A l'instar de la ligne Pédron côté marocain, André Morice, alors ministre de la défense du gouvernement Bourgès-Maunoury, décide de construire un barrage électrifié afin de protéger les voies de circulation (route et voie ferrée) de Bône à Souk-Ahras ; barrage qui sera dénommé ligne Morice.

Printemps 1958, le peloton Royer prend ses quartiers à Négrine, le peloton Rozot à Ferkane et le peloton Saubadine à Soukiès. Soukiès est aux avant-postes et les fellaghas multiplient les infiltrations et les mouvements de fournitures d'armes. Les affrontements sont rudes et sanglants. La bataille des frontières étant la plus grande qui ait mis aux prises l'armée française et l'ALN. In fine, l'efficacité de la ligne sera maximum et l'ALN va alors subir de lourdes pertes en vies humaines, en prisonniers et en armement ».

 

 

 

Sources :

  • Site internet : https://rlpps.blogspot.com/2018/03/episode-4-les-campagnes-sahariennes-de.html et https://rlpps.blogspot.com/ 
  • Philippe Saubadine, Il m’a été donné d’aller à Corinthe, Editions Vérone.
  • Crédit photograhiques : Philippe Saubadine – archives familiales.
  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Capitaine Pierre Montagnon : La guerre d'Algérie : genèse et engrenage d'une tragédie. (Edition française), 2004 ; 2005. Les Parachutistes de la Légion (1948-1962) ; 2006. Légionnaires d'hier et d'aujourd'hui.
Le Fezzan de l'adjudant Saubadine.
Le Fezzan de l'adjudant Saubadine.
Le Fezzan de l'adjudant Saubadine.
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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #La Coloniale

Publié le 14 Janvier 2024

Geneviève de Galard.

C’était en 2008. La première conférence à laquelle j’assistais en tant que président du Souvenir Français à Issy-les-Moulineaux. André Santini avait organisé la venue de sa tante, le général Valérie André, Geneviève de Galard et son époux, à l’occasion d’une conférence intitulée Le soldat de l’Indochine, par Michel Bodin, historien.

L’occasion de saluer et de discuter avec l’Ange de Dien Bien Phù !

Geneviève de Galard Terraube est née le 13 avril 1925 à Paris. En 1939, la famille quitte la capitale pour se réfugier à Toulouse, non loin du fief familial situé dans le nord du département du Gers, dans le petit village de Terraube. En 1950, Geneviève obtient le diplôme d’infirmière, tout en suivant des handicapés dans un hôpital, dans le cadre d’activités associatives. Deux années plus tard, elle réussit le concours de convoyeuse au sein de l’Armée de l’Air et IPSA (Infirmière Pilote Secouristes de l’Air).

A sa demande, Geneviève de Galard est engagée en Indochine. Elle a 28 ans et se retrouve au cœur de la guerre contre le Vietminh. Elle est basée à Hanoï. A partir du mois de janvier 1954, elle participe aux évacuations de la bataille de Dien Bien Phù. Le 28 mars, son avion est endommagé après un atterrissage en catastrophe sur la piste du champ de bataille. Le lendemain, alors que l’appareil a dû être abandonné pour la nuit, celui-ci est détruit par l’artillerie ennemie. Alors, Geneviève de Galard se porte volontaire pour servir comme infirmière dans l’hôpital de campagne dirigé par le médecin-commandant Paul Grauwin. La jeune femme improvise un uniforme à base de bleus de travail camouflés et fait de son mieux pour aider le médecin, soigner, consoler les blessés et les mourants. Elle fait l’unanimité auprès des soldats, et aujourd’hui encore, les survivants parlent de leur infirmière avec un grand respect.

Le 29 avril 1954, le général de Castries remet les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Geneviève de Galard : « A suscité l’admiration de tous par son courage tranquille et son dévouement souriant. D’une compétence professionnelle hors pair et d’un moral à toute épreuve, elle fut une auxiliaire précieuse pour les chirurgiens et contribua à sauver de nombreuses vies humaines. Restera pour les combattants de Dien Bien Phu, la plus pure incarnation des vertus héroïques de l’infirmière française. ». Le lendemain, la Légion étrangère en fait une légionnaire de 1ère classe honoraire.

Le Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient cesse les combats le 7 mai 1954. Geneviève de Galard est prisonnière des soldats communistes, comme tous les combattants français. Les supplétifs vietnamiens de l’armée française sont fusillés pour la plupart. Le 24 mai suivant, Geneviève est libérée, alors qu’elle souhaite continuer son travail auprès des blessés.

Accueillie comme une héroïne à l’aéroport d’Orly, elle fait la une des journaux puis est invitée aux Etats-Unis où elle est reçue par le président américain Eisenhower. Elle rentre en France, épouse le capitaine Jean de Heaulme – ils auront trois enfants – et reprend son travail d’infirmière, auprès des grands blessés des Invalides.

Un temps engagée en politique – elle est élue dans le 17e arrondissement de Paris – elle consacre une part importante de sa vie au devoir de mémoire et aux associations d’anciens d’Indochine.

Le 13 avril prochain, Geneviève de Galard aura 99 ans. Elle est Grand-croix de la Légion d’honneur, Grande officière de l’Ordre national du Mérite, croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs, médaillée de l’Aéronautique, médaille d’honneur de la Croix-Rouge française et est titulaire de la Médaille américaine de la Liberté.

 

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Regard sur l’Indochine, Gallimard, 2015.
  • Mémorial Indochine, Ministère de la Défense, 2014.
  • UNC Infos n°104.
  • Médecin-commandant Grauwin, J’étais médecin à Dien Bien Phù, France-Empire, 1954.
  • Geneviève de Galard et Béatrice Bazil, Une femme à Dien Bien Phù, Editions Les Arènes, 2003.

 

PS : les photographies ci-après représentent André Santini en discussion avec les « protagonistes » de la conférence, Geneviève de Galard bien entourée, général Valérie André.

Geneviève de Galard.
Geneviève de Galard.
Geneviève de Galard.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 29 Décembre 2023

Tableau représentant la « donation » de Constantin 1er au pape Sylvestre.

Tableau représentant la « donation » de Constantin 1er au pape Sylvestre.

Mais qui fête-on le 31 décembre ? Un chat illustre ? Héros de dessins animés américains ? Non !

Sylvestre 1er est né à Rome (date inconnue) et mort dans cette même ville le 31 décembre 335. Il devient pape sous le nom de Sylvestre 1er en 314 et va, pendant les 22 années de son règne, s’attacher à convaincre l’empereur Constantin 1er – empereur majeur de l’Empire romain qui régna de 310 à 337 – de transformer sa capitale, Rome, et ses territoires en places chrétiennes.

Pour illustrer ces faits, dès le Ve siècle, des écrits présentés sous le titre des Actes de Silvestre sont diffusés largement dans un double but théologique et politique. L’évêque de Rome est alors présenté comme le baptiseur de l’empereur. La scène est peinte à moult reprises et sert de base pour forger la Donation de Constantin : primauté de l’Eglise de Rome sur celles d’Orient ; don des églises du Latran, de Saint-Pierre et de Saint-Paul-hors-les-Murs ; don de biens dans diverses provinces de l’Empire ; don du palais du Latran ; don des insignes impériaux ; dont de Rome et de l’Italie. Cette « donation » se conclut par une déclaration de retrait de l'Empereur vers l'Orient, laissant ainsi l'Occident au pouvoir (potestas) du Pape.

Il va sans dire que ces faits sont très vite reprochés et que les Etats de la papauté ne verront le jour qu’en 754 et qu’il n’en reste que le Vatican. Mais est institué de fait un pouvoir temporel au pape, devenant un souverain comme les autres, en plus d’un pouvoir spirituel sur l’ensemble de l’Occident.

Sylvestre 1er est célébré le 31 décembre dans l’Eglise catholique romaine et le 2 janvier dans l’Eglise orthodoxe.

 

Bonne Saint-Sylvestre et tous nos meilleurs vœux pour 2024 !

 

 

 

Sources :

  • Encyclopédie Wikipedia.
  • Élisabeth Paoli, « Silvestre Ier », dans Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la Papauté, Fayard, .

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Publié le 22 Décembre 2023

Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’année.

L'expression marraine de guerre désigne les femmes ou les jeunes filles qui entretiennent des correspondances avec des soldats au front durant la Première Guerre mondiale, afin de les soutenir moralement, psychologiquement voire affectivement. Il s'agissait souvent de soldats livrés à eux-mêmes, ayant par exemple perdu leur famille. La marraine de guerre faisait parvenir des lettres à son soldat mais pouvait également envoyer des colis, des cadeaux, des photographies.

Cette institution populaire a laissé un souvenir marquant qui explique sa réapparition en 1939 lors de la Seconde Guerre mondiale.

 

Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’année !

 

 

Frédéric Rignault

Président du Comité

Délégué général adjoint

 

Sources :

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Publié le 14 Décembre 2023

Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.

De l’intérêt d’Internet.

Le Dr Massal Fall est vétérinaire halieute, chercheur enseignant et colonel à la retraite.

Natif de Saint-Louis au Sénégal, il a fait ses études au Sénégal puis en France, à Montpellier. A la retraite depuis deux ans, il est resté enseignant-chercheur au Département GRPHA de l’Université du Sine-Saloum El Hadj Ibrahima Niasse (USSEIN). Quoique basé à Dakar, la capitale du Sénégal, il vient souvent se recueillir au cimetière musulman de Guet-Ndar, sur la langue de Barbarie, au large du continent à Saint-Louis, qui comporte une partie civile et un carré militaire, où sont enterrés d’anciens tirailleurs sénégalais. Ayant vu les travaux du Souvenir Français d’Issy-Vanves sur les cimetières militaires français du bout du monde ( !), il a souhaité nous faire parvenir des photographies de ce site.

Docteur Fall : « Ce cimetière me tient particulièrement à cœur. Il est bien triste de constater que ses alentours sont indignes des morts qui y reposent. Et j’ai souhaité également attirer votre attention sur la plaque défraichie, apposée par la Délégation locale du Souvenir Français en 1998. »

 

Le cimetière du Guet Ndar.

Sur la langue de Barbarie, Guet Ndar est un quartier de pêcheurs de Saint-Louis du Sénégal. Il est dit que 30.000 tonnes de poissons transiteraient chaque année par ce port… Quoi qu’il en soit, tous les jours, des milliers de pirogues s’alignent le long du port et de la plage. Guet Ndar est l’un des endroits les plus peuplés au monde, les plus pauvres et l’un des plus vivants également ! Les enfants partagent leur temps entre la plage, l’école coranique, l’école primaire et des tâches ménagères. Beaucoup de femmes vendent le poisson pêché par leur mari. Les routes sont encombrées de voitures, de transports en commun, de calèches et de piétons. L’endroit est particulièrement fragile et très exposé aux aléas climatiques. Les habitants de la Langue de Barbarie craignent que leur presqu’île ne disparaisse dans les prochaines années sous les effets de marées toujours plus importantes. Mais aussi de la brèche, creusée en 2005, et qui ne cesse de s’élargir vers le sud avec son lot de naufragés qui frôle les 500 victimes…

Le cimetière du Guet-Ndar comporte une partie civile et une partie militaire, composée de tombes musulmanes, principalement. Grâce aux bénévoles de l’association Memorial Gen Web, un relevé du livre d’Or du Ministère des Pensions a été réalisé. Il expose l’ensemble des Morts pour la France originaires de Saint-Louis. On n’y recense pas moins de 358 noms. Il s’agit de soldats sénégalais, qu’ils aient été tirailleurs ou dans une autre arme, des Français de métropole établis au Sénégal – qu’ils soient ou non militaires ou enfants de militaires en poste – ou des rapatriés.

Parmi les unités représentées dans ce livre d’Or on trouve évidemment des bataillons de tirailleurs sénégalais, des régiments d’infanterie ou d’artillerie coloniale. Les noms de famille les plus représentés sont Diagne, Dieng, Diop, Fal, Fall, Guèye, N’Diaye, Niang, Sall, Samba, Seck et Thiam (…). Mais sont également enterrés à Saint-Louis, dans le cimetière catholique, des soldats comme Claude Urbain, marsouin du 58e régiment d’infanterie coloniale, né en cette ville et mort pour la France en 1915 dans les Dardanelles, ou encore Léon Michas, sergent au 96e RI, né lui aussi à Saint-Louis et mort pour la France à Minaucourt dans la Marne.

Enfin, à noter, la citation concernant le marsouin du 21e RIC Moussa Gueye, mort pour la France à l’âge de 21 ans : « Excellent soldat. Est tombé glorieusement au champ d’honneur, le 29 juillet 1917, à Ailles (Aisne) en faisant vaillamment son devoir ».

 

Sources :

  • Crédits photographiques du Dr Massal Fall.
  • Ambassade de France au Sénégal : https://sn.ambafrance.org/
  • Délégation du Souvenir Français au Sénégal : Philippe Certes – Coordonnées présentées sur le site national du Souvenir Français : https://le-souvenir-francais.fr/delegation/sen/
  • Site Memorial Gen web : relevé du Livre d’Or du ministère des Pensions – Relevé initial réalisé par Bernard Butet.
  • Encyclopédie Wikipédia.
Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.
Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.
Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.
Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.
Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.
Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.
Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.
Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.
Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.
Le cimetière du Guet Ndar à Saint-Louis, Sénégal.

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Publié le 6 Décembre 2023

Commémoration du 11 novembre 2022 au Petit Lac.

Commémoration du 11 novembre 2022 au Petit Lac.

Sur le site national du Souvenir Français, plusieurs cimetières militaires français à l’étranger sont présentés. C’est le cas du Petit Lac, dans la ville d’Oran, en Algérie.

« Le cimetière militaire Français du Petit Lac à Oran est le lieu central de la Mémoire combattante Française en terre d’Algérie.  

Le projet est né sur le besoin d’exhumer des corps du cimetière européen de Tamashouët qui se voyait attribuer une fonction civile, regroupant ainsi les corps de la population civile. Le transfert des restes des militaires s’imposa comme une mission impérative pour le Souvenir Français.  

Le principe de création du cimetière du Petit Lac fut adopté le 19 Décembre 1950. La création officielle du cimetière fut décidée le 9 Janvier 1951 grâce à des négociations entre la municipalité d’Oran et le Souvenir Français, suivi d’un accord de l’association pour transférer les dépouilles. Une convention fut signée en mai 1954 avant que les grands travaux d’aménagements démarrent, tout d’abord avec l’exhumation de 860 tombes de militaires morts pendant la Grande Guerre, puis le transfert des corps de militaires morts au cours de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre d’Indochine. La première cérémonie officielle eu lieu le 2 juin 1956 en hommage au sergent Pascal Aimé, Mort pour la France quelques jours plus tôt.

De facto, c’est près de 18000 m² de terrain qui fut aménagé ; en effet, le cimetière représente un large espace contenant une vaste esplanade, un monument aux morts, un grand carré central destiné aux morts pour la France, un ossuaire et une chapelle, le tout entouré de nombreux massifs fleuris et clôturé par une porte d’entrée en fer forgé. Les travaux d’aménagement du cimetière s’achevèrent en 1958, permettant à ce lieu de devenir une destination pour de nombreuses cérémonies solennelles ou des manifestations militaires et religieuses. 

En 1964, le docteur Pierre Berlandi, médecin commandant de réserve et alors délégué général adjoint de notre association pour l’Oranie, indiqua : « Grâce à l’initiative si généreuse de M. Fourvel, le dévoué délégué départemental, appuyée avec beaucoup d’intérêt et de bienveillance par M. le député-maire Fouques-Duparc, le Souvenir Français aura la consolante satisfaction d’avoir doté la ville d’Oran de l’imposant champ du repos que mérite la gloire de nos héros et qui permettra à la grande foule, reconnaissante et gardant au cœur la flamme sacrée du Souvenir, de venir et prier longuement sur les tombeaux de ceux qui, pieusement, sont morts pour la Patrie ».

La propriété du Cimetière du Petit Lac fut transférée au gouvernement Français en Août 1962 qui en assure depuis lors l’entretien. »

A l’occasion d’une interview au journal Le Point en 2021, Serge Barcelini, président général, est revenu sur les cimetières militaires français en Algérie : « Le débat a été ouvert il y a une trentaine d’années, quand le gouvernement algérien a commencé à exercer une pression sur tous ces sites très bien placés dans les villes. Sous le gouvernement Chirac, l’État français a supprimé un certain nombre de cimetières, une vingtaine, et a constitué des ossuaires dans des cimetières déjà existants. L’initiative s’est arrêtée, on a aussi cessé de payer des gardiens algériens si bien que ces lieux sont devenus souvent des dépôts d’ordures, alors que notre seul cimetière militaire, celui du Petit Lac à Oran, qui regroupe des tombes des différentes guerres, est bien tenu par du personnel algérien payé par l’État français. En France, des associations, comme celle qui concerne la région d’Oran, se démènent pour entretenir ces cimetières. Je leur apporte mon soutien ».

Au Petit Lac à Oran, 3.690 corps sont placés en sépultures individuelles et 13.100 autres en ossuaire. Il y a quelques années, les antiques croix – près de 8.000 – en bois ont été remplacées par des croix en béton.

 

Sources :

 

Le cimetière français du Petit Lac à Oran, en Algérie.
Le cimetière français du Petit Lac à Oran, en Algérie.
Le cimetière français du Petit Lac à Oran, en Algérie.
Le cimetière français du Petit Lac à Oran, en Algérie.
Le cimetière français du Petit Lac à Oran, en Algérie.

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Publié le 3 Décembre 2023

Le cimetière militaire français de Tobrouk, en Libye.

Point historique.

A partir de 1941 et des premières offensives italiennes contre les positions tenues par les Britanniques en Egypte, l’Afrique devient un nouveau champ de bataille de la Seconde Guerre mondiale.

Depuis le Tchad et les territoires de l’AEF ralliés à leur cause, les soldats de la France libre reprennent le combat contre les forces de l’Axe et multiplient les raids contre l’ennemi. Le 1er mars 1941, un audacieux coup de main conduit par une poignée d’hommes permet ainsi de s’emparer du fort de Koufra, la position italienne la plus méridionale en Libye.

Pour les soldats du colonel Leclerc, c’est le début d’une épopée qui les conduira en 1945 jusqu’au « nid d’aigle » d’Hitler à Berchtesgaden, non sans avoir auparavant libéré Strasbourg et tenu le serment prononcé le 2 mars 1941 dans cette lointaine oasis libyenne.

S’ensuit la bataille de Bir-Hakeim, en 1942, première grande victoire de la France Libre.

 

Le cimetière.

Un premier cimetière avait été placé non loin du site de la bataille de Bir-Hakeim. Mais, en raison de la présence de mines non explosées, et de la situation géographique, les corps des soldats français ont été ramenés dans un nouveau cimetière construit à Tobrouk non loin des mémoriaux et cimetières anglais et allemands. Deux des photographies ci-dessous représentent ce que fut ce premier cimetière : le monument blanc à l’effigie de la Croix de Lorraine et une plaque franco-britannique rendant hommage aux soldats tués.

Depuis un nouveau cimetière a été construit. Il est l’imitation d’un bordj saharien (citadelle militaire ottomane). Il est situé à 1 500 km de Tripoli, capitale de la Libye, au bord du grand axe Tripoli-Le Caire.  Il abrite les dépouilles de 218 soldats français :

  • Les 4 premiers soldats français morts en Cyrénaïque en janvier 1941 ;
  • 8 soldats français morts à Koufra en 1941 ;
  • 206 soldats de la France Libre tombés lors de la bataille de Bir Hakeim en 1942.

Les sépultures sont installées de part et d’autre de l’allée centrale qui aboutit à un monument haut de 8 mètres et encadré par deux pièces d’artillerie.

Derrière le monument, 8 tombes individuelles contiennent les corps des soldats de la colonne Leclerc morts à Koufra.

Le ministère des armées par le biais de la direction des patrimoines, de la mémoire et des archives assure la conservation de ce site. Il a d’ailleurs intégralement restauré le cimetière en 2012, puis de façon partielle en 2020 (tombes et portail), à la suite de diverses dégradations survenues entre 2014 et 2018.

 

 

Sources :

Le cimetière militaire français de Tobrouk, en Libye.
Le cimetière militaire français de Tobrouk, en Libye.
Le cimetière militaire français de Tobrouk, en Libye.
Le cimetière militaire français de Tobrouk, en Libye.
Le cimetière militaire français de Tobrouk, en Libye.
Le cimetière militaire français de Tobrouk, en Libye.
Le cimetière militaire français de Tobrouk, en Libye.
Le cimetière militaire français de Tobrouk, en Libye.

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