Publié le 18 Juin 2024

Photo DR - Le parking avion du détachement français quelques minutes après le crash.

Photo DR - Le parking avion du détachement français quelques minutes après le crash.

Le 21 janvier 2015, sur la base aérienne d'Albacete en Espagne, un exercice OTAN réunissait des avions de combat de différentes nations, chacune ayant une zone de parking attribuée. Ce jour-là, sur le tarmac, un détachement de l'armée de l'Air mettait en œuvre des chasseurs Mirage 2000D de l'Escadron de chasse 1/3 « Navarre » de Nancy et des avions d'entrainement « Alpha jet ».

Mais dans l'après-midi un chasseur grec F-16 biplace au décollage bascula à droite et s'écrasa sur les avions au parking. Le bilan fut lourd, onze tués dont les deux pilotes grecs et neuf français, quatre officiers et cinq sous-officiers, ainsi que neuf blessés dont cinq graves. Il y aura également onze blessés dans le détachement italien proche du lieu de l'explosion. Ce bilan aurait été encore plus important sans l'action de sous-officiers américains de l'U.S. Air Force qui, malgré le danger, étaient immédiatement intervenus.

Photo DR - Un hommage national a été rendu aux victimes de l'Armée de l'air par le président de la République, le 3 février 2015, dans la cour des Invalides.

Photo DR - Un hommage national a été rendu aux victimes de l'Armée de l'air par le président de la République, le 3 février 2015, dans la cour des Invalides.

Ces officiers et sous-officiers de l'armée de l'Air, quelle que soit leur spécialité, pilote, navigateur ou mécanicien, sont « morts dans l'accomplissement de leur mission » et leur mémoire, à ce titre, se devait d'être reconnue et entretenue. C'est le but que s'était donné l'Association du Mémorial des Aviateurs (AMA), créée en 2016 et comptant parmi les cinq membres de droit de son conseil d'administration le président du Souvenir Français.

L'action de l'association s'est concrétisée par :

  • Un monument, pale d'hélice verticale, installé devant le Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget, qui a été inauguré le 29 juin 2022 ;
  • Un espace immersif qui honore la mémoire de tous les aviateurs qui ont donné leur vie dans l'accomplissement de leur mission. Une fiche est donc prévue, en cours de rédaction, ou rédigée pour chacun des quelques 15 000 Aviateurs identifiés depuis la création de l'Aéronautique militaire, en 1909 à nos jours ! De plus un « mur d'images », créé dans le hall de la Cocarde du Musée de l'Air et de l'Espace, permet de comprendre en quoi consistait sa mission.
Photo DR - Le Mémorial des Aviateurs devant le Musée de l'Air et de l'Espace.

Photo DR - Le Mémorial des Aviateurs devant le Musée de l'Air et de l'Espace.

Le 29 avril 2024, les présidents du Souvenir Français et de l'Association du Mémorial des Aviateurs ont signé une convention de partenariat. Celle-ci devrait permettre en particulier de faire bénéficier les rédacteurs des fiches des aviateurs morts dans l'accomplissement de leur mission des informations recueillies « sur le terrain » par les membres du Souvenir Français qui, dans le cadre de leur vocation de localisation et d'entretien des tombes des « Morts pour la France », peuvent apporter leur contribution au travail de recherche et de vérification de toutes les informations nécessaires à la constitution des dossiers de l'AMA, en relevant par ailleurs non seulement les tombes portant les noms d'aviateurs mentionnés comme, par exemple « morts  en service aérien commandé », mais toute sépulture de membre de la grande famille aéronautique, l'AMA pouvant avoir une fiche ouverte mais sans savoir où l'intéressé a été inhumé.

Nous le devons bien à tous ceux qui ne sont pas « Morts pour la France », mais qui ont perdu la vie en se préparant, « au cas où... » 

 

 

GBA (2S) Jean-Claude ICHAC,

Président d'honneur du Comité d'Issy-les-Moulineaux/Vanves du Souvenir Français et membre de l'Association du Mémorial des Aviateurs.

Photo DR - Signature d'une convention de partenariat entre le Souvenir Français et l'Association du Mémorial des Aviateurs par les deux présidents, le GCA Matthieu Pellissier (AMA), à gauche et le CGA Serge Barcellini (SF), à droite.

Photo DR - Signature d'une convention de partenariat entre le Souvenir Français et l'Association du Mémorial des Aviateurs par les deux présidents, le GCA Matthieu Pellissier (AMA), à gauche et le CGA Serge Barcellini (SF), à droite.

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Publié le 8 Juin 2024

Le PC de l’ORA en son état actuel, après l’incendie de 1944 et la récente restauration.

Le PC de l’ORA en son état actuel, après l’incendie de 1944 et la récente restauration.

Pierre Fraisse nait le 9 juillet 1923 à Issy-les-Moulineaux. Il est le fils de Charles Fraisse et de Suzanne Delavoye. Ils demeurent au 11, rue d’Alembert à Issy.

 

Pierre Fraisse s’engage dans la Résistance ; il est soldat FFI (Forces Françaises de l’Intérieur).

Dans l’ouest de la France, plusieurs groupes de résistants sont actifs. Entre autres l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA) qui a installé son PC dans une ferme au Potireau dans le département de la Sarthe, non loin de Saint-Germain-d’Arcé. Le but de l’ORA comme l’ensemble des FFI : stopper coûte que coûte la remontée de divisions allemandes vers la Normandie. Depuis le 1er juin 1944, à la suite du message entendu sur Radio-Londres « Les carottes sont cuites », les hommes de la Résistance se tiennent prêts.

Pierre Fraisse est donc de ceux-là. Prêts aux sabotages, aux coupures de lignes électriques, aux mines pour faite sauter les trains de troupes allemandes. Mais le jeune homme n’aura pas le temps de savourer l’arrivée des Américains sur le sol français : à l’âge de 20 ans, le 6 juin 1944, il meurt des suites de ses blessures à l’hôpital de Château-du-Loir, place Saint-Martin, distant de Saint-Germain-d’Arcé d’une quinzaine de kilomètres.

Les opérations de la Résistance réussissent quelques jours. Mais cela ne durera qu’un temps : la Gestapo et des miliciens français cernent la ferme puis attaquent. Trop nombreux pour les Résistants, ces derniers doivent se rendre, sur les ordres de leur chef, le capitaine Madelin. Les Résistants seront tous déportés.

D’autres groupes seront par la suite démantelés par la Wehrmacht et la Milice et de nombreux combattants FFI seront arrêtés et fusillés sur place, sans aucune forme de procès.

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français – Comité d’Issy-Vanves.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site MemGenweb – Fiche de Pierre Fraisse – Contribution de Jérôme Charraud.
  • Journal Le Petit Courrier, l’écho de la vallée du Loir (sources et crédit photographique).
  • Archives du département de Loire-Atlantique.
  • Archives du département du Maine-et-Loire.

 

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Publié le 26 Mai 2024

De g. à dr : Christine Helary-Olivier, conseillère municipale déléguée aux Affaires militaires ; Frédéric Rignault, président du Souvenir Français ; colonel Claude Guy, délégué général du Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine ; général Jean-Claude Ichac, président d’honneur du Souvenir Français à Issy ; général Jean-Claude Allard.

De g. à dr : Christine Helary-Olivier, conseillère municipale déléguée aux Affaires militaires ; Frédéric Rignault, président du Souvenir Français ; colonel Claude Guy, délégué général du Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine ; général Jean-Claude Ichac, président d’honneur du Souvenir Français à Issy ; général Jean-Claude Allard.

Le général de division (2S) Jean-Claude Allard est président du comité du Souvenir Français de Chatenay-Malabry et du comité de la Société des membres de la Légion d’Honneur de Chatenay-Malabry et Fontenay-aux-Roses.

Les deux comités permettent actuellement la diffusion d’une exposition, qui retrace sur 20 panneaux l’histoire de l’Ordre de la Libération et illustre ses valeurs : « s’engager, combattre, mourir » avec les portraits de 13 Compagnons, montrant la grande diversité des parcours, des engagements, des combats.

Cette exposition, itinérante, fait actuellement une halte en la mairie d’Issy-les-Moulineaux, et ce du 21 au 31 mai 2024, avant d’être déplacée à Fontenay-aux-Roses puis dans les Alpes de Hautes-Provence.

Ce vendredi 24 mai 2024 a été l’occasion pour Madame Christine Helary-Olivier de recevoir le général Allard, ainsi que les représentants du comité local du Souvenir Français et le colonel Guy, délégué départemental de l’association.

Mme Helary-Olivier a remarqué – et remercié le général Allard – de la mention relative au RMT (régiment de marche du Tchad), unité filleule de la ville et de Madame Simone Michel-Lévy, résistante française et employée de la Direction des Recherches et du Contrôle Technique (DRCT), anciennement située à Issy-les-Moulineaux (André Santini avait inauguré une rue à son nom).

Cette exposition est à la disposition des comités du Souvenir Français du département, ainsi que des comité SMLH. Il conviendra de prendre contact avec le général Allard.

 

A Issy-les-Moulineaux, visite de l’exposition sur l’Ordre de la Libération.
A Issy-les-Moulineaux, visite de l’exposition sur l’Ordre de la Libération.
A Issy-les-Moulineaux, visite de l’exposition sur l’Ordre de la Libération.
A Issy-les-Moulineaux, visite de l’exposition sur l’Ordre de la Libération.
A Issy-les-Moulineaux, visite de l’exposition sur l’Ordre de la Libération.
A Issy-les-Moulineaux, visite de l’exposition sur l’Ordre de la Libération.
A Issy-les-Moulineaux, visite de l’exposition sur l’Ordre de la Libération.
A Issy-les-Moulineaux, visite de l’exposition sur l’Ordre de la Libération.
A Issy-les-Moulineaux, visite de l’exposition sur l’Ordre de la Libération.

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Publié le 19 Mai 2024

A la mémoire de Moïse Finkelstein de Vanves.

Roumain, juif, au service de la France.

Maurice, dit Moïse, Finkelstein nait à Bucarest en Roumanie le 1er septembre 1882, dans une famille juive. Il est le fils de Thias Finkelstein et de Sophie Trochins. Il émigre en France avec ses parents. Le jeune Maurice fait de belles études qui le voient intégrer le lycée Michelet de Vanves. Il est naturalisé en 1912.

A l’occasion de la Première Guerre mondiale, il est mobilisé au 67e régiment d’infanterie dont le lieu de regroupement est à Soissons dans l’Aisne. Mais pour des raisons de santé, il est réformé le 6 août 1914. Insistant pour être incorporé, il est finalement admis au service armé le 21 mai 1915 et est affecté au 10e régiment d’infanterie (Auxonne, Dijon), unité de la 15e division d’infanterie et du 8e corps d’armée. Son chef de corps est le colonel Le Maistre.

Le 2 août 1916, à Verdun, Moïse Finkelstein se conduit en héros. Alors que son unité se bat avec ardeur laissant sur le champ de bataille 28 tués, 106 blessés et 12 disparus, le soldat Finkelstein reçoit la citation suivante « très bon soldat, qui s’est distingué à maintes reprises et par son courage au feu et son entrain au combat. A été grièvement blessé le 2 août 1916 en se portant à l’attaque ».

Le soldat termine la guerre couvert de gloire : légion d’Honneur, médaille militaire, croix de guerre.

 

Le convoi 59.

En septembre 1943, Moïse Finkelstein est arrêté à Saint-Maurice, où il réside. Il est déporté par le convoi 59. Les éléments communiqués par Yad Vashem sont le suivants : le 2 septembre à 10h00 un train transportant 1.000 juifs part de la gare de Bobigny. Plus de la moitié des déportés sont citoyens français. Le lieutenant Wannemacher est responsable de la supervision du train. Selon l’horaire pour un convoi qui a quitté Bobigny en novembre 1943, le train prend vraisemblablement le trajet suivant (en wagons à bestiaux) : Bobigny, Noisy-le-Sec, Épernay, Châlons-sur-Marne, Révigny, Bar-le-Duc, Novéant-sur-Moselle (Neuburg), Metz, Saarbrücken, Frankfurt/Main, Dresden, Görlitz, Liegnitz (Legnica), Neisse (Nysa), Cosel, Katowice (Kattowitz), Auschwitz.

Le site Yad Vashem a répertorié le témoignage d’un survivant, un certain Librati : « En cours de route, quatre détenus tentent de s’échapper. Les fugitifs, rapidement rattrapés, sont immédiatement abattus. Comble de l’ignominie, les SS font descendre du wagon tous les détenus, les somment de se déshabiller entièrement, d’abandonner leurs bagages sur le bas-côté et de remonter nus dans le train recouverts d’une simple couverture. »

À l’arrivée au camp le 4 septembre, 232 hommes et 106 femmes sont sélectionnés pour des travaux forcés. Les hommes sont tatoués des numéros 145796 à 145027 et les femmes reçoivent les numéros 58300 à 58405. Les autres 727 déportés sont gazés dès leur arrivée au camp. En 1945, on ne dénombrait que 17 hommes et 4 femmes rescapés de ce convoi.

 

Moïse Finkelstein est assassiné le 7 septembre 1943 dans la chambre à gaz d’Auschwitz. Il avait 61 ans. Son nom est inscrit sur la plaque commémorative de la cité scolaire Michelet de Vanves, sur une plaque de la synagogue du 3e arrondissement de Paris, sur le monument aux morts de Saint-Maurice (Val de Marne) et sur la tombe familiale du cimetière de Bagneux dans les Hauts-de-Seine.

 

Sources :

 

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Publié le 12 Mai 2024

De g. à dr : André Rabartin, président de l’association des déportés et résistants ; général Jean-Claude Ichac, président d’honneur du Souvenir Français ; Frédéric Rignault, président du Souvenir Français.

De g. à dr : André Rabartin, président de l’association des déportés et résistants ; général Jean-Claude Ichac, président d’honneur du Souvenir Français ; Frédéric Rignault, président du Souvenir Français.

Issy-les-Moulineaux, ce dimanche 28 avril 2024 – Journée nationale du Souvenir des victimes et héros de la déportation. A cette occasion, voici le discours prononcé par André Santini, maire, vice-président de la Métropole du Grand Paris et ancien ministre. Le Souvenir Français tient à remercier les services de la municipalité pour lui avoir permis de diffuser ce discours et M. le maire pour son soutien.

 

« Madame la Députée,

Monsieur le Conseiller Départemental,

Chers Collègues,

Mes Colonels,

Mes Commandants,

Mon Lieutenant,

Monsieur le Président coordinateur des associations isséennes de déportés,

Mesdames et Messieurs, Chers Amis,

 

L’Histoire des Hommes est jalonnée d’épisodes charnières.

Il arrive en effet que certains évènements, lorsqu’ils surviennent, produisent de tels effets que le cours de l’Histoire change inexorablement. Alors l’humanité entre dans une nouvelle ère.

Nous pourrions citer pléthore d’exemples, et sans doute certains vous viennent-ils naturellement à l’esprit. Je m’en dispenserai cependant car cela m’éloignerait trop du terrible sujet qui nous réunit aujourd’hui.

Le point où je veux en venir, vous le sentez, c’est qu’il ne fait aucun doute, à mes yeux, que la politique de déportation et d’extermination, conduite méthodiquement par le Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale, appartient à la catégorie de ces évènements charnières.

N’en déplaise à une certaine personnalité dont il est charitable de taire le nom, les chambres à gaz n’ont pas été « un détail de l’Histoire » ; elles en ont été une bascule.

Incontestablement, et malheureusement, il y eut un avant et un après.

Au-delà de l’horreur et de la sidération que nous ressentons naturellement face à ce que furent la Solution finale et le massacre de millions d’innocents, un autre sentiment domine : l’incompréhension.

Une incompréhension qui peut s’exprimer en une question : comment cela a-t-il été possible ?

Comment, dans cette Europe brillante et civilisée que Stefan ZWEIG chérissait tant, une telle industrie de la mort a-t-elle pu être instaurée ?

A ces questions, les historiens ont apporté des réponses et continueront d’en apporter.

Pour ma part, en tant qu’élu de la République française et en tant qu’humaniste, il est de mon devoir de vous adresser quelques messages qui me semblent primordiaux.

D’abord, si tragique soit-il, nous devons impérativement entretenir la mémoire de ce passé. Car, selon les mots de Winston CHURCHILL : « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ».

Fort de cet enseignement, nous devons nous souvenir de ces victimes innocentes, ignoblement persécutées et condamnées à un sort atroce pour leur appartenance religieuse, ethnique, politique ou philosophique : Juifs, Tsiganes, Résistants, Francs-Maçons, etc.

Nous devons aussi nous souvenir, en nous fondant sur la documentation historique et sur les témoignages des rescapés tels Simone VEIL, Germaine TILLON ou Primo LEVI, de ce que fut l’horreur des camps : les matricules déshumanisants ; les tenues rayées ; les chambres à gaz ; les fours crématoires ; la faim, le froid, le silence mortels, etc.

A l’image de Robert BADINTER, disparu il y a presque trois mois, nous devons enfin battre en brèche avec constance les thèses négationnistes des « faussaires de l’Histoire ».

Ce devoir de mémoire, Issy-les-Moulineaux y est très attaché.

C’est pourquoi, notre ville apporte son concours financier aux visites d’une journée organisées à Auschwitz-Birkenau par le Mémorial de la Shoah.

Le 17 mars dernier, une délégation isséenne d’une centaine de personnes, constituée des jeunes du Conseil Communal des Jeunes, des élèves du Lycée Ionesco, et de nombreux autres Isséens, a participé à ce voyage.

C’est pourquoi la ville implique également l’ensemble de la jeunesse isséenne dans toutes les cérémonies de commémoration.

Entretenir la mémoire du passé est nécessaire, mais cela n’est pas suffisant. Nous devons aussi avoir conscience du présent.

Je veux dire en cela que nous devons toujours garder la lucidité de reconnaître que nos sociétés contemporaines, quel que soit leur degré de civilisation, peuvent aisément succomber au mal, à la violence, à la haine, à la barbarie.

A ce titre, je vous recommande la lecture du récent ouvrage de l’ancien chef d’Etat-Major des armées, le général d’armée François LECOINTRE : Entre guerres.

Il alerte sur le sentiment d’indifférence d’une partie de la société à l’endroit de nos soldats envoyés en mission au péril de leur vie. Il évoque également les horreurs auxquelles il a assisté au Rwanda, en plein génocide.

Ce témoignage, empreint d’humilité, est un précieux encouragement à regarder en face les réalités du monde et les dangers qu’elles annoncent pour l’humanité.

Pour nous préserver de ces dangers, je crois dans l’existence de plusieurs talismans : le respect et l’écoute de l’autre ; la solidarité entre tous, et notamment avec les plus faibles ; la promotion de la culture et l’ouverture aux autres civilisations.

Des valeurs que, depuis toujours, Issy-les-Moulineaux s’attache à faire siennes.

Vive la République !

Vive la France ! »

 

Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.
Issy-les-Moulineaux commémore le souvenir des victimes et héros de la déportation.

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Publié le 1 Mai 2024

Adjudant de justice en 1914.

Marius Chevroulet est enterré dans le carré militaire du cimetière communal d’Issy-les-Moulineaux. Il est mort pour le France le 20 juin 1918 des suites de maladie dans l’un des hôpitaux militaires temporaires de la ville. Il était né le 21 mai 1866 à Mouthe dans le Doubs. Il était greffier 2e classe, détaché du ministère de la Guerre et avait le grade d’adjudant de justice.

 

Code de Justice militaire de 1857.

Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, la Justice militaire est fondée sur le code de 1857, modifié en 1875. Ce code définit l’ensemble des délits et des peines encourues que ce soit en temps de paix ou en temps de guerre. La Justice militaire est indépendante de la Justice civile. Pour les militaires, avoir sa propre justice est en quelque sorte un prolongement de l’action disciplinaire.

 

Le temps de paix.

La Justice militaire est organisée selon les régions militaires. Si la justice condamne, elle permet également le recours : c’est le conseil de révision qui examine sur la forme les jugements rendus par les conseils de guerre. Le personnel permanent est peu nombreux : à chaque conseil de guerre sont attachés un commissaire du gouvernement et un rapporteur, désignés par le ministre de la Guerre parmi les officiers supérieurs et capitaines, ainsi qu’un greffier et un commis-greffier. Les juges, au nombre de sept, officiers et sous-officier, sont désignés par le général commandant la région militaire.

 

Le temps de guerre.

L’organisation ne change pas si ce n’est un conseil de guerre attaché au quartier général de chaque division, corps d’armée ou armée. Les juges ne sont plus au nombre de sept mais de cinq et l’ensemble du personnel est désigné par le chef de l’unité sur laquelle le conseil de guerre exerce sa juridiction. Un officier assure la double fonction de commissaire-rapporteur. La procédure est simplifiée puisque les accusés peuvent être traduits devant les conseils de guerre dans les 24h et sans instruction préalable.

Un excellent exemple illustre le conseil de guerre : il s’agit du film de Bertrand Tavernier Capitaine Conan, dans lequel à plusieurs reprises l’on voit des accusés face à la Justice militaire, les accusations (et les accusateurs), de même que les défenseurs.

Si dans un premier temps, en 1914 et en 1915, la Justice militaire est très sévère, elle s’assouplie à partir de 1916. Ainsi, le droit de Grâce, peu accordé, redevient la règle et l’exécution immédiate de la sentence l’exception.

 

Les fusillés de la Première Guerre mondiale.

Il faut d’abord considérer deux catégories : les soldats fusillés du fait d’une faute grave et ceux fusillés « pour l’exemple », qui in fine, n’ont pas été si nombreux, et depuis tous réhabilités. Le caractère impitoyable de la décision n’en n’étant pas moins choquant.

563 soldats (quel que soit le grade) ont été fusillés pendant la Première Guerre mondiale : 125 en 1914 (mais sur cinq mois de conflit), 237 en 1915, 110 en 1916, 74 en 1917, 12 en 1918 et 5 sur la période 1919-1921.

Robert Badinter, Garde Sceaux, ministre de la Justice, fait voter la loi 82-261 du 21 juillet 1982 qui supprime les tribunaux militaires permanents pour le temps de paix.

 

Sources :

  • Site Mémoire des Hommes du ministère des Armées.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Memorial Gen Web – Contributions de Ghislaine Loupforest.
  • Archives du comité d’Issy-les-Moulineaux du Souvenir Français.

 

Les six fusillés pour l’exemple de Vingré et le monument.

Les six fusillés pour l’exemple de Vingré et le monument.

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Publié le 7 Avril 2024

Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 2.

Commando de l’Air n°10.

« Nous sommes conduits à la base 146 de Réghaïa où sont installés les commandos parachutistes de l’air 10 et 20. Ce sont des unités de 102 hommes chacune : 5 officiers, 22 sous-officiers et 75 militaires du rang. Les commandos sont articulés en équipes de 5 ou 6 hommes ; un groupe est formé de deux équipes, ce qui correspond au chargement moyen d’un hélicoptère H-34 (une section réunit deux groupes). Les commandos rayonnent sur toute l’Algérie et sont utilisés comme unités d’interventions parachutées ou héliportées. Ils permettent, entre autres, de diriger la chasse aérienne sur des positions ennemies.

Mais avant d’être commando, il nous faut apprendre le métier de soldat. Pour cela, une bonne condition physique s’impose : lever tous les matins à 6h et footing de 8 kilomètres dans le sable non loin de la base. Puis vient le parcours du combattant : l’analyse méthodique de chaque obstacle permet d’effectuer l’exercice en un minimum de temps. A cela s’ajoute le « close combat » : apprendre à tuer une sentinelle à mains nues ou avec un poignard. Tous les rudiments du combat rapproché nous sont enseignés. L’étude de l’armement des fusils, des fusils mitrailleurs, de la mitraillette Mat 49, avec démontage et remontage rapide, complète les premières formations. Viennent ensuite des tirs avec toutes ces armes et le lancer de grenades. Puis les longues marches sous un soleil de plomb avec armes et sacs de 25 kg. Nous apprenons également à progresser sur le terrain, à analyser les explosifs, à porter un blessé sur 200 mètres. Je sors épuisé de ces journées…

Arrive enfin le stage parachutiste. Il commence par l’apprentissage du roulé-boulé et par sortir d’un avion factice. Fini le temps du jeune Claude craintif et antimilitariste. Je suis devenu un vrai guerrier, bien aidé en cela par l’action psychologique de certains de nos instructeurs. »

 

Le stage de parachutiste.

« Pour être parachutiste, il faut six sauts. A cette époque, un parachutiste arrivait bien plus vite au sol qu’aujourd’hui. Il fallait donc parfaitement maîtriser le roulé-boulé. Nous en avons fait des centaines ! Un jour, un sous-officier nous indique que notre premier saut est avancé pour une quelconque raison. Le saut à l’élastique, d’une tour de 30 mètres, est alors annulé. Un bon point pour nous : tous les anciens nous ayant dit que c’était là un exercice des plus stressants.

Me voilà donc dans l’avion. Une première pour moi, comme pour bon nombre de camarades. J’ai peur. Aurais-je le courage de franchir la porte ? Avant de monter dans l’avion, personne ne dit mot. Les visages sont blancs. On tremble. Mais je vois arriver un copain encore plus mort de trouille que moi. Allons Claude ! Tu ne vas pas te dégonfler ! Mon copain, placé juste devant moi me dit : « A la lumière verte, tu n’hésites pas. Tu me pousses ». Cela m’a donné du courage. J’ai accroché mon mousqueton puis ai serré bien fort mon parachute ventral contre mon camarade. Ne pensant qu’à cela : le pousser et suivre derrière. Cela s’est bien passé. J’ai fermé les yeux, franchi la porte et j’étais en l’air. A l’occasion de ces six sauts – dont un de nuit et un à faible altitude – j’ai vu plus d’un camarade poussé – qui à la main qui à coups de pied – à la porte fatidique. Mais finalement, ce qui m’impressionnait le plus c’était l’arrivée au sol, peut-être à vingt à l’heure. Là, il faut bien faire le roulé-boulé.

Une fois, j’atterris au moment même d’une bourrasque. Elle s’engouffre dans mon parachute et me traîne sur une assez longue distance sans pouvoir me dégrafer. Un copain est sur mon passage. Il attrape la voilure et la dégonfle. Camaraderie parachutiste ! Une autre fois, j’atterris sur un champ pierreux : jambe cassée ! Mais j’y reviendrai.

A l’issue du stage, j’obtiens mon brevet de parachutiste ; le numéro 131872 ».

Nous prenions le plus souvent l’avion Nord-Atlas et nous sautions à l’arrière. Du Dakota, nous sautions sur le côté. J’aimais mieux. Quand nous prenions l’hélicoptères, c’étaient généralement des Sikorski. La fameuse banane que tous les anciens d’Algérie ont bien connu. Et en camion, nous étions assis en rang, l’arme entre les jambes prêts à sauter à la première alerte.’

Entre deux sauts, on apprend le défilé au pas, accompagné de notre chant : « Qu’il est doux de mourir à 20 ans pour la France ». Mourir pour la France je veux bien. Et si j’avais eu 20 ans en 1944, je me serais engagé dans la Résistance. Là, nous sommes en Algérie. J’estime que j’y ai été envoyé pour une autre cause ».

 

Baptême du feu.

« Passé l’obtention du brevet para, nous sommes déployés sur le terrain. Nous ne sommes plus ces jeunes gars chétifs : après des semaines d’un entraînement intensif au combat, nous n’avons plus un poil de graisse, que du muscle. Les tirs, les longues marches, le parcours du combattant, les sauts ; tout ceci nous a transformé.

Au cours des deux premiers mois, les officiers nous envoient faire quelques opérations de bouclage et des interpellations. Nous ne tirons pas un coup de feu. Les anciens nous toisent : « Hé, les bleus, tout ça est bien beau, mais vous n’avez pas encore eu votre baptême du feu ». Ce jour devait arriver rapidement : nous étions en alerte depuis le matin sur un piton, les hélicoptères à proximité

L’infanterie effectuait alors un bouclage et avait réussi à enfermer une bande de rebelles dans une cuvette. C’était donc à nous d’y aller. Branle-bas de combat, nous prenons les hélicos et nous descendons à côté des soldats de l’infanterie. Ils nous indiquent les planques des ennemis. Nous avançons. Et là, tout à coup, c’est la pétarade. Une balle arrive à quelques centimètres de mon pied ; d’autres passent un peu plus loin de moi. J’ai peur. Je me planque derrière un arbre. Le sergent me dit de tirer en direction des ennemis. J’ouvre le feu. Je distingue mal les fellaghas. Il y a une accalmie. Deux paras ayant fait l’Indochine descendent rapidement : le premier porte un fusil mitrailleur, le second n’a que quelques grenades. Ils tirent sans discontinuer. Les grenades font mouche. Un drapeau blanc se lèvre : cessez-le-feu. Nous nous précipitons : les rebelles ont les bras en l’air. Sur le groupe de quinze, il y a cinq morts et plusieurs blessés. Nous les rassemblons et commençons à marcher : les valides soutiennent les blessés.

A un kilomètre environ de l’engagement se tiennent les camions de l’infanterie. Les soldats y font monter les prisonniers et rentrent à leur campement. Quant à notre commando, il passe la nuit à la belle étoile. Non loin se font entendre des cris et des gémissements : ce sont les pleureuses, une coutume locale. Ces femmes algériennes qui hurlent la souffrance de la perte d’un mari, d’un fils. Leurs cris nous glacent les os. Je ne me souviens plus combien de temps cela a duré, mais ce fut long et très pénible ».

 

Un accrochage.

« Une autre fois, nous étions en attente sur une base aérienne. Le départ était proche. Un bouclage était en cours. Nous étions à côté des hélicoptères avec tout notre équipement de combat. Après une longue attente, le départ est enfin ordonné : si la bande de rebelles a été repérée et entourée par des soldats, c’est à nous, les commandos, de finir le boulot. Nous voilà de nouveau au combat. La peur est toujours présente. Indomptable. On nous dépose à 300 mètres du groupe de combattants algériens. Chaque section est en position. Il va falloir y aller. Notre sergent nous donne l’ordre de progresser en faisant des bonds de 50 mètres. Je suis à 60 mètres de l’objectif. Une autre section est dessus. Ça pétarade fortement. Lorsque notre section arrive tout est fini. Six rebelles sont tués. Il y a également deux blessés. Deux ânes qui portaient le ravitaillement sont là. Nous les faisons sauter avec leur chargement.

Je n’ai pas participé à ce combat. Mais le stress était bien là : lorsque nous allions au combat cela passait souvent par une très longue attente près des hélicoptères. L’heure de départ était lancée. Les hélicos faisaient rugir leurs moteurs avec un bruit assourdissant. Nous montions dedans. Mais pour beaucoup d’entre-nous, c’était avec la peur au ventre et la chair de poule. Cela m’a tellement marqué que 65 ans après, lorsque j’entends un hélicoptère, son bruit me rappelle immédiatement l’Algérie.

J’écris des lettres à mes parents. Je choisis mes mots – l’armée peut ouvrir les courriers – mais je parle d’opérations et d’ennemis tués comme si l’on jouait à la balle au prisonnier ».

 

Timimoun.

« Un matin on nous annonce que nous allons partir en opérations pour plusieurs jours et que nous serons accompagnés de caméramans des armées qui sauteront avec nous.

Notre compagnie prend l’avion et est parachutée dans le désert autour d’une oasis. Nous ne savions pas comment nous serions accueillis. Nous prenons position. Des soldats fouillent l’endroit. Nous appréhendons deux suspects et un « droit commun » que nous emmenons avec nous. Nous sommes filmés pendant toute l’opération. Un officier négocie avec des chameliers pour avoir des chameaux afin de porter du matériel. Nous voilà munis de six chameaux qui nous accompagneront sur les 85 km du retour, dans le sable, pour rejoindre Timimoun.

Comme mes camarades, j’étais bien entraîné, mais marcher dans le sable, munis de rangers n’est pas simple. Nous nous enfonçons alors que les chameliers avancent sans problème. Nous sommes obligés d’avoir le rythme suivant : 50 minutes de marche et 10 minutes de repos. Nous allons d’oasis en oasis. Et lorsque nous en quittons un, les tams-tams se mettent à résonner pour prévenir le suivant de notre arrivée. Là, une bonne partie de la population fait deux rangées et nous passons entre eux comme si nous étions des sportifs ou des personnalités. A chaque fois l’accueil est chaleureux. J’ai un souvenir que je n’oublierais jamais : ces braves gens étaient si enthousiastes de nous voir passer chez eux qu’ils nous ravitaillaient en eau, figues et dattes. Et ce, à chaque oasis. Nous mîmes trois jours pour faire les 85 km, mais ce fut un souvenir inoubliable.

 

Retour en métropole… à Percy.

« J’ai dit avoir raté un atterrissage sur un champ pierreux. Résultat : des fractures aux deux malléoles tibia et péroné. Je fis ma convalescence en Algérie puis fut envoyé à l’hôpital de Percy pour y passer des visites de contrôle afin de savoir si je pouvais être de nouveau envoyé sur le terrain.

Le médecin-commandant regarde mes radios. Il me dit : « Tout est parfait. Si vous voulez ressauter, je vous renvoie là-bas. Sinon, je vous fais finir votre service militaire en métropole ». Je lui dis que je préférerais rester en France. « C’est bon » me répond-t-il en ajoutant une pension de 15 %. Par la suite, j’appris que ce médecin était contre la guerre en Algérie. Cela avait été ma chance ».

 

Et puis arriva Jacqueline.

« J’avais 22 ans. Elle en avait 19. Ses parents ne prenaient pas des vacances. Ils avaient donc décidé d’envoyer la jeune Jacqueline chez une tante à Quiberon. Mes parents connaissaient les siens. Cela rapproche… Je la vois. Elle est assise, en train de tricoter. C’est la chance de ma vie. Je vais essayer de me placer. Et pendant huit jours, nous ne sommes pas quittés. Les vacances terminées, nous fûmes séparés. Mais ce fut pour mieux nous retrouver quelques semaines plus tard, grâce aux parents. Je plus au père de Jacqueline. Sa mère ne tarda pas à me dire « vous avez l’air de plaire à mon mari » … Quand on a les parents dans la proche, c’est presque gagné ! Depuis, Jacqueline et moi, nous ne nous sommes plus quittés ! ».

 

 

Sources :

  • Archives familiales Claude Vassal.
  • Entretiens avec le Souvenir Français – 2023-2024.
  • Archives du Comité du Souvenir Français d’Issy-Vanves.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Service historique de la Défense – Site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.

 

Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 2.
Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 2.
Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 2.
Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 2.
Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 2.
Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 2.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Algérie

Publié le 7 Avril 2024

Claude Vassal : parachutiste du CPA 10 en Algérie – Partie 1.

Claude Vassal est membre du Souvenir Français d’Issy-Vanves.

 

En 1956, il est convoqué pour le conseil de révision. Envoyé à la Base aérienne 122 de Chartres, il sera en Algérie de juin 1957 à septembre 1958, commando de l’air n°10. Titulaire d’un CAP de tourneur-outilleur, il va, à son retour d’Algérie, gravir peu à peu les échelons de la Régie Renault. Il enchaîne les cours du soir, aidé par son épouse Jacqueline, et termine sa carrière en tant que chef de bureau Etudes et Marchés.

Claude Vassal a accepté de nous confier ses impressions de service national militaire et de la guerre en Algérie.

 

Conseil de révision.

Claude Vassal : « J’avais une mauvaise opinion de l’armée. Lorsque je suis parti pour effectuer mon service militaire obligatoire, je n’étais pas préparé à devenir un bon soldat. Dans le café de mes parents, situé au quartier de La Ferme à Issy-les-Moulineaux, depuis des années j’entendais des critiques sur les militaires, les policiers et les CRS, tous bons qu’à taper sur les ouvriers !

Au moment du conseil de révision, en 1956, j’avais ces images, ces préjugés en tête.

Caserne de recrutement : à19 ans, j’ai l’impression de retourner à l’école. Nous voilà tous réunis dans une grande salle. Je revois des camarades de l’élémentaire, disparus depuis cinq ans. Les ordres tombent. Nous sommes tous en slip. Passage devant un médecin puis un infirmier. Nous sommes mesurés, pesés, questionnés. Nous attendons derrière une grande porte que notre nom soit appelé – plutôt crié. Quand on s’appelle Vassal, il est certain que l’on attend une bonne partie de la journée. Ça y est : mon tour est arrivé. La porte s’ouvre et je rentre dans une salle où sont installés plusieurs personnes, dont des femmes. C’est le conseil de révision. Le premier ordre me surprend : « Baisse ton slip ! ». Une douzaine d’yeux fixent le même endroit. Quelques questions. Echanges de regard entre les membres du conseil et j’entends : « Bon pour le service ».

Je retourne chez moi. Mon père me félicite. A la campagne de mes vacances, un jour comme celui-ci est synonyme de fierté, de vantardise entre garçons. Et de saoulerie aussi. Moi, je suis plutôt triste. Où sont donc passées les réflexions tant entendues ?».

 

Classes à Chartres.

« J’arrive à Chartres, sur la base aérienne 122. Ces classes ont pour but de nous apprendre en deux mois les rudiments du métier de soldat. La tenue civile va rester au placard. Je perçois des effets militaires. Chambrée de deux rangées de douze lits superposés, avec celui du caporal-chef au centre. Nous sommes en 1957. Je viens d’avoir mon CAP de tourneur-outilleur. Je n’ai connu que le monde ouvrier. Là, me voilà dans la moitié la plus diplômée. La plupart des bidasses de la chambrée a quitté l’école à 14 ans, certificat d’études – ou pas – en poche. Il y a trois illettrés parmi nous : un paysan, un gitan et un musicien. Son père, commissaire de police, a abandonné le domicile conjugal, laissant son fils livré à lui-même. Cinq d’entre-nous ont le baccalauréat : le caporal instituteur, un ingénieur et même un polytechnicien, qui passera bientôt officier.

Nous passons ces deux mois : des affinités se créent. La bonne entente est là et bien entendu, les « têtes de Turcs » sont régulièrement moquées : les lits en « portefeuille », de même que la b… au cirage ne sont pas rares. Question hygiène, ce n’est pas ça : dès les premiers jours, les gradés nous font creuser des feuillées et mis des planches. Aller aux toilettes en plein jour, je veux bien, mais être le cul à l’air devant tout le monde, c’est non ! Tous les jours, nous pouvions nous laver – grand mot – aux lavabos et une fois la semaine, nous pouvions prendre une douche ».

 

Devenir para.

« Les classes touchent à leur fin. Le départ pour l’Algérie se précise. Avec de bons résultats en sport et des tests concluants, je passe devant un adjudant-recruteur, comme une soixantaine de mes camarades. Le couplet est connu : nous pouvons devenir des soldats d’élite, être la fierté de nos pères qui ont fait 1940, de nos grands-pères qui ont connu la Grande guerre. Nous devons saisir l’opportunité de bien servir la Patrie en devenant parachutiste. Et les filles n’auront d’yeux que pour nous, est-il ajouté. L’argument suprême. Me voilà engagé à porter le béret amarante. Je n’avais pas connu grand-chose de la vie : que l’apprentissage et l’usine, entrecoupés de quelques vacances sur la Manche. J’ai signé, peut être entraîné par les copains et l’adjudant.

Le retour à la maison est quelque peu brutal : mon père me reproche de m’être engagé avec des « têtes brulées » ! Trop tard. Je ne peux reculer.

L’Algérie s’offre à moi. Avant d’y poser les pieds, la traversée de la Méditerranée est assez chaotique. Notre bateau, le Sidi-Ferruch, est équipé de toilettes. Et pour des jeunes qui n’ont pas le pied marin, elles sont vite prises d’assaut. L’arrivée à Alger se fait dans un triste état…

Un comité d’accueil musclé nous reçoit ; un adjudant hurle quelques phrases : « Vous avez signé un volontariat. C’est donc que vous aimez la France et j’espère que parmi vous il n’y a pas de dégonflés. Sinon, ce sera la boule à zéro et la tôle chez les légionnaires ». Deux camarades sortent alors des rangs. Nous ne les reverrons plus. Tenté par l’aventure, je ne bouge pas. Je vais devenir commando parachutiste ».

 

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Algérie

Publié le 30 Mars 2024

Copyright Herodote.net.

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Sur ce site du Comité du Souvenir français d’Issy-Vanves, nous avons déjà évoqué les traités issus des conséquences de la Première Guerre mondiale. Des articles ont été publiés sur les Accords Sykes-Picot (en 2015) et sur le traité de Sèvres en 2019.

 

Exposé de la situation.

Pour mémoire, ces accords, signés en 1916 entre la France et la Grande-Bretagne visaient à partager le Proche-Orient en plusieurs zones d’influence : le Liban et la Syrie à la France, la Palestine, l’Irak, le Koweït, la Jordanie et Jérusalem à la Grande-Bretagne. L’histoire est connue, de même que les indépendances qui ont suivi tout au long du 20e siècle.

En 1920, le Traité de Sèvres était signé. Il prévoyait également d'imposer à l'Empire ottoman de sévères reculs territoriaux au sein même de l’Anatolie. À l'ouest, la Thrace orientale, sauf Constantinople et ses abords, était cédée à la Grèce. À l'est, l'indépendance d'une grande Arménie était reconnue et une province autonome kurde créée.

 

Le Traité de Lausanne.

En fait, au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman est vaincu. Mustapha Kemal, à la tête de l’armée, entreprend de libérer son pays, la Turquie, du sultanat (guerre civile) puis combat les Français, les Arméniens et enfin les Grecs. L’Etat de grande Arménie n’existera jamais et les Grecs sont refoulés sur la rive ouest de la mer Egée (ils y conserveront néanmoins toutes les îles).

Le 20 novembre 1922, à Lausanne, en Suisse, une nouvelle conférence de la paix s’ouvre. L’Italie est représentée par Mussolini, la France par Poincaré et la Grèce par Venizélos. Ismet Pacha est le délégué de la toute jeune République turque. Fort de ses victoires militaires, Mustapha Kemal transmet ses ordres qui vont pratiquement tous être acceptés :

 

  • Les Turcs récupèrent une pleine souveraineté sur Istamboul et son arrière-pays européen ainsi que sur l'Arménie occidentale, le Kurdistan occidental et la côte orientale de la mer Égée (Smyrne, Éphèse...).
  • Les troupes françaises qui s'étaient installées en Cilicie, au sud, ne conservent plus qu'une enclave majoritairement arabe, la région d’Alexandrette et Antioche, qu'elles évacueront en 1939 et remettront à la Turquie, en violation du droit international.
  • La frontière avec l'Irak est dessinée en pointillé : les Britanniques occupent le nord de l’Irak (la région de Mossoul). Région également revendiquée par les Turcs du fait d’une population turcophone importante. Mais ces derniers n’obtiennent pas gain de cause à la Société des Nations et les Britanniques conservent leur possession.

Néanmoins, la majeure partie des régions turcophones d’Anatolie revient à la Turquie. Cela va inspirer un certain Adolf Hitler, qui va développer la théorie du pangermanisme.

A noter également, la disparition pure et simple de la revendication du peuple kurde d’avoir une région autonome, telle que promise au Traité de Sèvres.

Enfin, le traité institue des échanges de populations obligatoires entre la Grèce et la Turquie : 1,6 million de Grecs ottomans contre 385 000 musulmans de Grèce. Ces échanges forcés ont débuté « baïonnette dans le dos », bien avant la signature du traité en . Près d'un demi-million de Grecs de Turquie meurent, pour la plupart dans les camps ou en route. Des exceptions seront mises en place, mais ces populations vont faire l’objet de discriminations grandissantes : aujourd’hui, il y a peut-être environ 130 000 musulmans en Grèce et seulement quelques milliers de Grecs en Turquie.

Des événements passés (île de Chypre coupée en deux) ou actuels (tensions gréco-turques) trouvent une partie de leur explication dans ces traités issus de la Première Guerre mondiale. Sans même citer des revendications territoriales, culturelles ou linguistiques terriblement proches de nous…

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Site Hérodote : www.herodote.net
  • Jacques benoits-Méchin, Mustapha Kémal ou la Mort d'un empire, France, Ed. Albin Michel, 2014.
  • Yves Ternon, les Arméniens, histoire d’un génocide, Seuil, 1977.
Rappel du Traité de Sèvres.

Rappel du Traité de Sèvres.

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Publié le 9 Mars 2024

Réunion annuelle des adhérents, session 2024.

Le dimanche 3 mars 2024 s’est déroulée la traditionnelle réunion annuelle des adhérents du Comité d’Issy-Vanves du Souvenir Français.

En présence des présidents des associations d’anciens combattants, du colonel Claude Guy, Délégué général départemental, de Madame Christine Helary-Olivier, conseillère municipale déléguée aux affaires militaires et de Madame Nathalie le Gouallec, conseillère municipale de Vanves, le président du comité a commencé cette réunion pour une minute de silence à la mémoire des membres du comité disparu au cours de l’année 2023 :

  • Juliette TOMADINI, veuve d’Amorino TOMADINI. Madame TOMADINI était vietnamienne, née NGUYEN AI KHANH. M. TOMADINI était un héros de la guerre d’Indochine.
  • Robert SEAUMAIRE, ancien officier de la Coloniale, récemment disparu. Comme le journal Point d’Appui, le Souvenir Français s’est fait écho de cette disparition.

Une pensée également pour les militaires tués en opérations au cours de cette année écoulée :

  • Sapeur-pompier Dorian DAMELINCOURT, mort en opération.
  • SGT Baptiste GAUCHOT, du 19e RG, mort en Iraq.
  • ADJ Nicolas LATOURTE, du 6e RG, mort en Iraq.
  • SGT Nicolas MAZIER, commando de l’Air Para n°10, mort en Iraq.
  • 1ère cl Clément ELARD, mort en exercice en Polynésie.
  • CNE Mathieu GAYOT, du 4e RH FS, mort en exercice.

Par la suite, Matthieu Grégoire, secrétaire, a présenté le rapport financier d’où il ressort des dépenses pour un montant de 2.444,98 € et des recettes pour un montant de 4.761,81 € soit un différentiel de 2 571,71 € (les adhérents recevront chez eux le détail de l’ensemble des éléments vus dans le cadre de cette réunion).

Rappel sur un point majeur : aujourd’hui, en 2024, une cotisation de 20 € (prix inchangé depuis des années), c’est-à-dire, 10 € pour la cotisation en tant que telle et 10 € pour recevoir la revue nationale, nous apporte que 5 €. Nous transmettons 5 € de cotisation à la délégation départementale qui la retransmet au siège et nous devons régler la totalité des sommes relatives aux abonnements à la revue nationale. Donc, en résumé, une cotisation c’est 5 € pour le comité. De ce fait, les reçus fiscaux ne seront maintenant établis qu’à partir de 30 € ; c’est-à-dire 20 € de cotisation et 10 € d’abonnement à la revue nationale.

Concernant le rapport d’activité, le président a rappelé l’un des temps forts de 2023, à savoir la remise du drapeau de l’Union Nationale des Déportés Internés et Victimes de Guerre (UNDIVG) au lycée Saint-Nicolas de La Salle, en janvier 2023.

Bien entendu, le comité a participé à l’ensemble des cérémonies patriotiques, que ce soit à Vanves ou à Issy. Pour un certain nombre, elles ont fait l’objet d’articles sur ce site au cours des douze derniers mois.

Autres temps forts de l’année 2023 : la quête nationale du Souvenir Français, à la Toussaint, et qui a battu le record avec un montant total de 751 € !

Concernant les travaux, le comité a financé plusieurs nettoyages de tombes qu’il entretient et va surtout s’atteler pour 2024 à répertorier l’ensemble des Morts pour la France placés dans des sépultures familiales, au sein des cimetières de Vanves et d’Issy-les-Moulineaux.

En 2023, nous avons publié deux numéros (N°38 et 39) de notre périodique intitulé Bulletin d’Informations. Il s’agit d’un bulletin local, complémentaire de la revue nationale, dont tous les adhérents sont abonnés.

Comme l’élection du bureau s’était déroulée en 2022 pour un mandat de trois ans, il n’y a pas eu de vote cette fois-ci. Rappel de la constitution du bureau :

  • Président d’honneur : M. le général de brigade aérienne Jean-Claude Ichac.
  • Président : Frédéric Rignault.
  • Président de la Section de Vanves : Paul Guillaud.
  • Trésorière : Alsira Cacheda.
  • Secrétaire : Matthieu Grégoire.
  • Porte-drapeau : André Rabartin, Guy Lonlas et Emile Vergunov.

Enfin, des adhérents ont été récompensés :

  • Guy Lonlas, qui a reçu le diplôme d’Honneur.
  • Nicole Borde, qui a reçu la médaille de bronze du Souvenir Français.
  • André Rabartin, qui a reçu la médaille de vermeil de l’association.
  • Général Jean-Claude Ichac, qui a reçu la médaille de vermeil bélière laurée.

 

Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
Réunion annuelle des adhérents, session 2024.
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