Publié le 25 Juin 2023

Les colonels de Castries et Piroth (assis).

Les colonels de Castries et Piroth (assis).

Dans l’article précédent, il est questions de plusieurs colonels morts pour la France en Indochine. Le cas le plus connu est certainement celui du colonel Piroth.

Charles Piroth nait à Champlitte dans le département de la Haute-Saône le 14 août 1906. Il est le fils d’un brasseur et de Marie Mathilde Bogli. Vingt-ans plus tard, sur ses terres natales, il épouse Odette Maillot.

Officier artilleur, Charles Piroth participe à la campagne d’Italie au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il est alors chef d’escadron au sein du 63e régiment d’artillerie d’Afrique. Il s’illustre à plusieurs reprises et reçoit une citation à l’ordre de l’Armée, par le général Giraud, le 19 mars 1944 : « Excellent commandant de groupe, plein d’allant et de cran. Toujours prêt à porter son Groupe en avant. Assure personnellement dans les circonstances délicates la liaison avec l’infanterie. Blessé au cours des opérations du BELVEDERE, le 25 janvier 1944, a refusé d’être évacué ».

En 1946, au cours de son premier séjour en Indochine, Charles Piroth est grièvement blessé lors d’une embuscade tendue par le Vietminh. Il est alors opéré sur place et le médecin-militaire doit l’amputer du bras gauche sans anesthésie.

En 1953, il est de l’opération Castor : l’armée française envoie des milliers d’hommes, et des tonnes d’équipements, dans la cuvette de Dien Bien Phù. Fort de son expérience, Charles Piroth est nommé responsable de l’artillerie par le colonel Christian de Castries. Piroth prend un engagement, qui aujourd’hui parait insensé, mais qui ne l’est peut-être pas à l’époque : « Jamais le Vietminh n’arrivera à donner du canon sur le camp retranché de Dien Bien Phù ».

Mais dès les premiers jours du mois de mars 1954, il constate que l’artillerie française s’avère incapable de faire un tir de riposte aux coups de l’artillerie vietnamienne, répartie le long des pentes est de la cuvette et parfaitement camouflée. « Nos canons avaient été montés pièce par pièce, reconstitués, puis placés dans des petites grottes. On les sortait pour tirer et aussitôt on les rentrait dans leurs emplacements. Nous appelions cela les « gueules du crapaud », indiquera plus tard un officier Viet.

Bientôt les collines fortifiées Béatrice et Gabrielle tombent sous le déluge du feu ennemi.

Piroth rejette alors complètement la faute sur lui. Le 15 mars 1954, il se rend au bunker de l'état-major et présente ses excuses à ses supérieurs puis retourne dans son abri. Là il dégoupille une grenade sur sa poitrine. De Castries gardera sa mort secrète pendant cinq jours. Il le fait enterrer dans son abri par le médecin-capitaine Le Damany et les aumôniers Heinrich et Trinquand puis fait murer la porte d'entrée.

 

Charles Piroth sera, plus tard, déclaré Mort pour la France. Il était commandeur de la Légion d’honneur, croix de guerre 1939-1945, palme de bronze, avec deux citations à l’ordre de l’Armée, croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs.

 

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Réseau Twitter.
  • Regard sur l’Indochine, Gallimard, 2015.
  • Mémorial Indochine, Ministère de la Défense, 2014.
  • Archives de l’Ecole de Guerre.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 25 Juin 2023

Ils sont morts pour la France en Indochine.

59.734 militaires, de tous grades, sont Morts pour la France durant les 8 années de la guerre d’Indochine.

Voici le détail :

Pour l’armée de Terre :

  • 3 généraux et 8 colonels tués.
  • 18 lieutenants-colonels tués et 1 disparu/non rentré de captivité/mort de maladie.
  • 69 commandants tués et 5 disparus/…
  • 341 capitaines tués et 60 disparus/…
  • 1.140 lieutenants tués et 134 disparus/…
  • 17.810 gradés et soldats légionnaires, Nord-Africains, Africains tués disparus ou non rentrés de captivité.
  • 26.923 gradés et soldats autochtones tués ou non rentrés de captivité.
  • Soit un total de 57.958 pour l’armée de Terre.

Pour la Marine nationale :

  • 27 officiers tués et 53 officiers disparus ou non rentrés de captivité.
  • 39 officier mariniers tués et 157 disparus…
  • 235 matelots tués et 615 disparus…
  • Soit un total pour la Marine nationale de 1.126 tués et disparus.

Pour l’armée de l’Air :

  • 1 général tué.
  • 60 officiers tués et 85 disparus/non rentrés de captivité.
  • 160 sous-officiers tués et 243 disparus/…
  • 49 militaires du rang tués et 52 disparus…
  • Soit un total de 650 tués ou disparus pour l’armée de l’Air.

 

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Regard sur l’Indochine, Gallimard, 2015.
  • Mémorial Indochine, Ministère de la Défense, 2014.
  • UNC Infos n°104.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

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Publié le 7 Juin 2023

Un GI français à Omaha Beach.

Dans le cadre de l’ouvrage Les Relais de la Mémoire (Atlante Editions), j’avais rencontré en 2013 Bernard Dargols. Il m’avait raconté son épopée incroyable.

 

Jeune étudiant parisien, Bernard Dargols effectuait un stage à New-York lorsque la guerre éclata en 1939. Sa famille, restée en France, était menacée par les lois antisémites de Vichy. Bernard Dargols décida de s’engager dans l’armée américaine, convaincu qu’il y serait plus utile pour combattre les forces d’occupation. Devenu GI de la Military Intelligence Service après un long entraînement militaire, il débarquait en juin 1944 sur la plage d’Omaha la sanglante, et servit au sein des renseignements militaires.

 

En mars 2012, il s’était confié à sa petite-fille, Caroline Jolivet, qui a sorti le livre Un GI français à Omaha Beach.

Voici un extrait : « J’appréhendais ma rencontre avec les Français, car les bombardements alliés, pour repousser l’ennemi et faciliter notre débarquement, avaient sévèrement touché la Normandie, détruit des villages et fait de nombreuses victimes. Malgré les dégâts causés considérables, ma rencontre avec les Français reste inoubliable. C’était un moment très fort. Quand nous approchions des civils, c’était d’abord l’étonnement, puis souvent des larmes de joie. Les gens ne savaient pas très bien si j’étais américain ou français : ma jeep s’appelait « La Bastille », je portais l’uniforme américain avec le brassard MII et l’emblème de l’Indian Head, mais je parlais parfaitement français, avec un accent parisien. C’est eux qui m’interrogeaient ! La plupart du temps, les Normands s’arrêtaient devant la jeep et nous entouraient jusqu’à ce que quelqu’un s’approche, nous entraîne dans une maison en nous disant : « Tenez, entrez boire un coup, messieurs ! ».

Bernard Dargols, dont le nom a été donné au chemin qui relie le cimetière américain de Colleville à la place d’Omaha Beach, est décédé en 2019, à l’âge de 99 ans.

 

 

Sources :

 

  • Archives du Comité d’Issy du Souvenir Français.
  • Un GI français à Omaha Beach, Editions Ouest France, 14 €.

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Publié le 29 Mai 2023

Le Souvenir Français au Memorial Day.

 

Le Memorial Day est un jour de congé officiel aux Etats-Unis, célébré chaque année le dernier lundi du mois de mai. Il rend hommage aux membres des forces armées des Etats-Unis, morts au combat, toutes guerres confondues. Ce jour est complémentaire du Veterans Day qui rend hommage aux anciens combattants.

Cet hommage aux forces armées prend ses racines à la fin de la guerre de Sécession, où une pratique veut que les tombes des soldats du Nord, comme du Sud, soient décorées de fleurs. Le 5 mai 1868, le Memorial Day est proclamé par le général et représentant de l’Illinois, John Alexander Logan, qui est l’un des précurseurs pour faire de ce jour un jour férié.

A partir de 1882, ce jour devient celui de tous les soldats morts pour la patrie américaine et non plus seulement ceux de la guerre de Sécession. En 1968, le Memorial Day est déplacé au dernier lundi de mai, afin de proposer un week-end de trois jours.

Dans les Hauts-de-Seine, le Memorial Day est célébré chaque année au monument à la mémoire de l’Escadrille Lafayette.

Le Mémorial de l’Escadrille La Fayette commémore le courage et le sacrifice des 250 pilotes américains qui se sont engagés sous le drapeau français avant même l’entrée en guerres des Etats-Unis en avril 1917, sous la dénomination de « La Fayette Flying Corps ». Les 68 membres de l’Escadrille La Fayette morts pendant la guerre sont inhumés dans la crypte située sous l’arche du mémorial et leurs deux commandants français, morts en 1948 et 1950, ont demandé d’y être inhumés aux côtés de leurs camarades américains.

Chaque année, la délégation du Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine participe à cette célébration, de même que ses comités, et dépose une gerbe. Cette année, le général de brigade aérienne, Jean-Claude Ichac, président d’honneur du comité d’Issy-les-Moulineaux, a œuvré au titre de la délégation.

 

 

Sources :

 

Le Souvenir Français au Memorial Day.

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Publié le 27 Mai 2023

Aux anciens de Saint-Nicolas morts pour la France.

Paul Demoncy nait à Issy-les-Moulineaux le 20 juillet 1886. C’est une époque où la République française acclame le général Boulanger, considéré comme sauveur de la Patrie et gardien de la morale, de la haute morale portée par les militaires. Il vient d’ailleurs de passer en revue les troupes, stationnées sur l’hippodrome de Longchamp. L’accueil de la population a été délirant.

Paul Demoncy suit ses études et ai admis à l’école Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux. A l’époque, l’œuvre de Saint-Nicolas gère trois établissements scolaires : rue de Vaugirard, Issy-les-Moulineaux et Igny.

Appelé sous les drapeaux en août 1914, avec le grade de sous-lieutenant, Paul Demoncy est versé dans le 89e régiment d’infanterie, régiment de Paris dont les casernements sont dans la capitale, à Vincennes et à Sens. Avec cette unité, l’officier participe à la bataille de la Marne en 1914 puis en Argonne l’année suivante.

En 1916, il est de l’assaut sur Bouchavesnes dans la Somme. C’est là qu’il est tué le 25 septembre. Il avait trente ans.

La Salle Saint-Nicolas a donné beaucoup de ses enfants pour la patrie au cours de la Première Guerre mondiale. Dans l’enceinte de l’école d’Issy-les-Moulineaux un monument commémore leur sacrifice. 239 noms sont inscrits sur ce monument.

 

 

Sources :

  • Site France Archives.
  • Site Memorial Gen Web – Contributions de Gérard Peugnet, Claude Richard et Jérôme Charraud.
  • Archives du comité d’Issy-les-Moulineaux du Souvenir Français.
  • Archives de l’école La Salle Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux.
  • Site Chtimiste sur les unités engagées pendant la Première Guerre mondiale.
Aux anciens de Saint-Nicolas morts pour la France.

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Publié le 8 Mai 2023

Les missions du Souvenir Français à Issy-les-Moulineaux.

Le Souvenir Français a trois missions :

 

  1. Entretenir le souvenir de celles et ceux qui sont Morts pour la France. Entretenir ces mémoires, c’est aussi entretenir les sépultures.
  2. Conserver la mémoire qu’elle soit collective, lors des commémorations, ou individuelle par des actions ciblées.
  3. Transmettre : en organisant des voyages pour les scolaires sur les lieux de mémoire ; mais il peut aussi s’agir de conférences dans les écoles, de visites de carrés militaires ou bien la transmission de la mémoire au travers d’ouvrages, de sites internet, d’expositions…

 

A Issy-les-Moulineaux et à Vanves, ces trois missions se matérialisent par l’entretien de onze tombes dans les cimetières de ces deux communes (tombes qui étaient en déshérence et qui contiennent un ou plusieurs Morts pour la France, qui, eux, ont droit à une sépulture perpétuelle) ; par l’édition de plusieurs ouvrages au cours de ces dernières années ; par ce site internet, et par les collectes de fonds, qu’il s’agisse de la quête annuelle du Souvenir Français (au moment de la Toussaint) ou de celles du Bleuet de France, les 8 mai et 11 novembre.

 

Ce 8 mai 2023 représentera pour le Comité la 30e quête du Bleuet de France.

 

Soyons généreux et aidons les blessés, leurs familles et les invalides de guerre et d’attentats.

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Publié le 23 Avril 2023

Table ronde sur le Médecin général inspecteur Valérie André.

Ce vendredi 21 avril, le Souvenir Français était invité à participer à la table ronde sur Madame le général Valérie André, en présence d’André Santini, neveu de Valérie André, et de Madame Florence Parly, qui fut ministre des Armées entre 2017 et 2022.

La table ronde était animée par Jean-Marie Durand, journaliste à Philosophie magazine, et avait pour but de présenter les ouvrages de Charles Evans et de Martine Gay.

 

Charles Evans, qui arrivait directement du Nevada (Etats-Unis) est le conservateur fondateur du Hiller Air Museum à Redwood City, en Californie. Il a écrit sur l'histoire de l'aviation pour des publications telles que American History, Aviation et Civil War Times Illustrated et est l'auteur de War of the Aeronauts: A History of Ballooning in the Civil War. Son dernier ouvrage, est dédié à Valérie André et s’intitule : Valérie André-Surgeon, pionneer rescue pilot and her courage under fire.

Martine Gay pilote des avions depuis plus de 25 ans, elle est psychomotricienne de formation, sophrologue et relaxologue, spécialisée dans la gestion du stress et de la fatigue. Elle a notamment publié : Le pilote et sa machine ; Énergie et dynamisme grâce à la sophrologie ; Bien dormir : source d'énergie. Son dernier ouvrage, Colonel Alexis Santini et général Valérie André, épopée de deux pionniers, un couple hors norme, raconte l’histoire de ces deux héros de l’aviation, empreints d’humanisme.

 

Pilote de chasse, héros de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre d’Indochine, titulaire de 15 citations dont 10 à l’ordre de l’armée, commandeur de la Légion d’honneur, créateur de l’Ecole de formation des pilotes d’hélicoptères, le colonel Alexis Santini est aussi le premier à organiser une évacuation sanitaire grâce à des « paniers » fixés aux deux côtés de la cabine. C’était en Indochine et était ainsi créée la première EVASAN (évacuation sanitaire aérienne). C’est dans ce cadre qu’il fait la connaissance d’une jeune neurochirurgienne, nommée Valérie André.

Valérie André réalisera en Indochine, sous le feu de la mitraille, plus de 120 missions, sauvant 168 soldats. Par la suite, elle sera envoyée en Algérie, où elle sauvera encore de nombreux hommes, puis deviendra, en 1976, la première femme à recevoir les galons de général. Elle terminera sa carrière comme directrice régionale du Service de Santé des Armées.

En 2022, pour ses cent ans, la Direction de l’aviation civile a rebaptisé l’héliport de Paris, en « Héliport de Paris – Issy-les-Moulineaux – Valérie André ».

 

Cette table ronde était passionnante et le Souvenir Français vous encourage à acquérir ces ouvrages.

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Publié le 9 Avril 2023

A la famille Mirlesse d'Issy-les-Moulineaux.

Lew Mirlesse.

Lew (Léon) Mirlesse nait dans une famille juive de Russie (Ukraine). Naturalisée française, celle-ci demeure au 9, rue Edouard Branly à Issy-les-Moulineaux.

Communiste revendiqué, Lew Mirlesse est arrêté le 30 mai 1942 par les autorités allemandes et interné au camp de Romainville.

Une année plus tard, le 28 septembre 1943, des Francs-Tireurs-Partisans et Main d’œuvre Immigrée (FTP-MOI – groupe au sein duquel a combattu l’équipe de Missak Manouchian) tuent Julius Ritter, responsable allemand du Service de la main-d’œuvre en France, rue Pétrarque à Paris. Les deux auteurs de l’attentat, sont Marcel Rajman et Celestino Alfonso (lui aussi est d’Issy). Les deux combattants seront arrêtés quelques temps plus tard et fusillés.

Mais en représailles, les Allemands décident de fusiller cinquante et un otages dont trente-sept communistes et quatorze membres du réseau « Alliance ». Lew Mirlesse est passé par les armes le 2 octobre 1943 au Mont-Valérien. Son corps est incinéré le 22 octobre au crématorium du Père-Lachaise et l’urne funéraire inhumée dans le carré militaire du cimetière parisien de Bagneux.

A l’époque, sous le titre « Les représailles contre les actes terroristes » le quotidien collaborationniste Le Matin publia un très bref communiqué : « Les attentats et les actes de sabotage se sont multipliés en France ces derniers temps. Pour cette raison 50 terroristes, convaincus d’avoir participé à des actes de sabotage et de terrorisme ont été fusillés le 2 octobre 1943 sur l’ordre du Höherer S.S. und Polizeiführer ».

Le nom de Lew Mirlesse figure sur le monument aux morts d’Issy-les-Moulineaux. En date du 27 février 2013, l’Office national des anciens combattants (ONAC) de Caen lui attribua la mention « Mort pour la France ».

 

Sa veuve, Véra Mirlesse, née Mirmowitch, Ukrainienne, mourut à Issy-les-Moulineaux, le 21 août 1953.

 

Albert Mirlesse.

A la famille Mirlesse d'Issy-les-Moulineaux.

Albert Mirlesse nait à Suresnes le 26 février 1914. Après une scolarité à l’Ecole alsacienne et au lycée Saint-Louis, il devient militant pacifiste du comité Franco-Allemand d’Otto Abetz. Mais il découvre l’antisémitisme nazi, s’en détourne, et se rapproche de l’Armée française. Il poursuit ses études et est nommé ingénieur au ministère de l’Air, inventant notamment des systèmes de dégivrage pour les avions.

Le 18 juin 1940, il répond à l’appel du général de Gaulle, et le rejoint en Angleterre. Il est alors est nommé chef du deuxième bureau des FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres). Sa connaissance du russe le fait associer à l’envoi d’un groupe d’aviateur en URSS, et sa renommée le désigne comme le père du GC3 Normandie-Niemen.

C’est avec rigueur qu’il met au point la structure et les conditions d’engagement du groupe, jusqu’au choix des uniformes et signes distinctifs, de même que le modèle d’avion, le Yak-3.

Dans la revue Espoir, en 1994, Albert Mirlesse a raconté cette mise en place : « À mon arrivée à Moscou, d'autres embûches m'attendaient. Le général Petit, qui s'était trouvé complètement isolé sans connaître la langue, avait demandé aux autorités soviétiques, l'assistance d'une secrétaire interprète. Celle-ci fut immédiatement mise à sa disposition... avec la bénédiction du KGB ! C'est ainsi que le chiffre du Général avait disparu et il m'a fallu le remplacer et le sauvegarder. Plus tard, en l'absence du général Petit, connaissant moi-même la langue, j'ai renvoyé notre interprète, qui revint huit jours après complètement éplorée, car, dit-elle « elle ne savait plus rien ». Devant un tel aveu, nous sommes convenus de prendre le thé une fois par semaine pour lui permettre de garder sa place de « liaison » avec le KGB, tout en faisant passer les messages qui nous convenaient. Auprès du Haut-commandement soviétique, la liaison était bonne. Néanmoins, il fallait procéder à une mise au point rigoureuse de la structure et des conditions d'engagement du Groupe Normandie. Il convenait de définir les uniformes, les signes distinctifs des avions, ainsi que d'établir le modèle des cartes d'identité que porteraient les pilotes pour pouvoir circuler librement sur le front. Pour ce qui est des avions, j'ai été amené à choisir le « yack » que nous offraient les Soviétiques, et ceci, malgré les protestations véhémentes des ambassadeurs américains et britanniques. Les nez de ces avions furent peints aux couleurs françaises. Les Allemands, d'ailleurs, ne s'y trompaient pas. On les entendait distinctement donner l'alerte par radio « Achtung Franzôsen ! ». Pour la carte d'identité, son libellé fut très laborieux, et nous sommes arrivés à la formule suivante : « Armée de la France combattante. Groupe de chasse Normandie-Niemen, combattant aux côtés de l'Armée rouge. »

Après la Seconde Guerre mondiale, Albert Mirlesse poursuit une carrière dans l’aéronautique civile. Il décède le 12 janvier 1999 à Genève.

 

 

Sources :

  • Archives du Comité d’Issy du Souvenir Français et archives famille Mirlesse (avec les remerciements du Souvenir Français).
  • Ce texte, pour la partie consacrée à Albert Mirlesse a fait l’objet d’une première parution, en 2017, et il était écrit par Thierry Gandolfo, à l’époque secrétaire du Comité.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Dictionnaire biographique du Mouvement Ouvrier et social
  • Site sur l’escadrille Normandie-Niemen : https://www.rc230-normandieniemen.com/historique

 

A la famille Mirlesse d'Issy-les-Moulineaux.

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Publié le 18 Mars 2023

Réunion annuelle des adhérents, session 2023.

Le dimanche 12 mars 2023 s’est déroulée la traditionnelle réunion annuelle des adhérents du Comité d’Issy-Vanves du Souvenir Français.

En présence des présidents des associations d’anciens combattants, de Michel Quinton, directeur du lycée St-Nicolas, du colonel Claude Guy, Délégué général départemental et de Madame Christine Helary-Olivier, conseillère municipale déléguée aux affaires militaires, et de Madame Nathalie le Gouallec, conseillère municipale de Vanves, le président du comité a commencé cette réunion pour une minute de silence à la mémoire des membres du comité disparu au cours de l’année 2022 :

  • Michel Rossignol, qui fut officier de l’Ecole de Cherchell en Algérie, conseiller municipal puis adjoint au maire à Issy-les-Moulineaux, président du comité isséen des ACPG-CATM et grand soutien du Souvenir Français.
  • Le général Marie-Jehan Perrot, qui fit la Seconde Guerre mondiale puis les guerres de décolonisation, et qui s’est éteint récemment à l’âge de 106 ans (il était le doyen d’Issy).
  • Le Père Charles Bonnet, infirmier pendant la guerre d’Algérie, qu’il nous avait racontée dans une longue interview, et qui fut professeur puis supérieur au Petit Séminaire d’Issy, après avoir œuvré de longues années en Afrique.

Une pensée également pour les présidents de Comités du Souvenir Français des Hauts-de-Seine, disparus en 2022 : Michel Gander d’Antony ; Jeannine Laurent de Levallois-Perret ; Jean-Claude Leleux du Plessis-Robinson.

Par la suite, Matthieu Grégoire, secrétaire, a présenté le rapport financier d’où il ressort des dépenses pour un montant de 1.160,40 € et des recettes pour un montant de 1.397,00 € soit un différentiel de 236,60 € (les adhérents recevront chez eux le détail de l’ensemble des éléments vus dans le cadre de cette réunion).

Rappel sur un point majeur : aujourd’hui, en 2023, une cotisation de 20 €, c’est-à-dire, 10 € pour la cotisation en tant que tel et 10 € pour recevoir la revue nationale, nous apporte que 5 €. Nous transmettons 5 € de cotisation à la délégation départementale qui la retransmet au siège et nous devons régler la totalité des sommes relatives aux abonnements à la revue nationale.

Donc, en résumé, une cotisation c’est 5 € pour le comité.

De ce fait, les reçus fiscaux ne seront maintenant établis qu’à partir de 30 € ; c’est-à-dire 20 € de cotisation et 10 € d’abonnement à la revue nationale.

Concernant le rapport d’activité, le président a rappelé l’un des temps forts de 2022, à savoir la visite de l’hôtel Rothelin-Charolais, du porte-parolat du Gouvernement, où une délégation du comité avait été reçue par Gabriel Attal.

Bien entendu, le comité a participé à l’ensemble des cérémonies patriotiques, que ce soit à Vanves ou à Issy.

Autres temps forts de l’année 2022 : les quêtes du Bleuet de France et la quête annuelle du Souvenir Français qui a rapporté plus de 700 euros !

Concernant les travaux, le comité a financé, pour 100 €, le nettoyage de la sépulture du sergent Pouillien, mort pour la France en Algérie ; sépulture dont le comité a la charge.

En 2022, nous avons publié trois numéros (N°35 à 37) de notre périodique intitulé Bulletin d’Informations. Il s’agit d’un bulletin local, complémentaire de la revue nationale, dont tous les adhérents sont abonnés.

Comme l’élection du bureau s’était déroulée en 2022 pour un mandat de trois ans, il n’y a pas eu de vote cette fois-ci. /Rappel de la constitution du bureau :

  • Président d’honneur : M. le général Jean-Claude Ichac.
  • Président : Frédéric Rignault.
  • Président de la Section de Vanves : Paul Guillaud.
  • Trésorier : Alsira Cacheda.
  • Secrétaire : Matthieu Grégoire.
  • Porte-drapeau : André Rabartin et Guy Lonlas.

Enfin, des adhérents ont été récompensés :

  • Matthieu Grégoire, qui a reçu le diplôme d’Honneur.
  • Alsira Cacheda, qui a reçu la médaille de bronze du Souvenir Français.
  • Paul Guillaud, qui a reçu également la médaille de bronze de l’association.
Réunion annuelle des adhérents, session 2023.
Réunion annuelle des adhérents, session 2023.
Réunion annuelle des adhérents, session 2023.
Réunion annuelle des adhérents, session 2023.
Réunion annuelle des adhérents, session 2023.
Réunion annuelle des adhérents, session 2023.
Réunion annuelle des adhérents, session 2023.
Réunion annuelle des adhérents, session 2023.
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Réunion annuelle des adhérents, session 2023.
Réunion annuelle des adhérents, session 2023.
Réunion annuelle des adhérents, session 2023.

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Publié le 4 Mars 2023

Disparition du Père Charles Bonnet.

Nous avons appris la disparition du Père Charles Bonnet, le 18 janvier 2023, à l’âge de 86 ans. Ses obsèques se sont déroulés le 24 janvier en l’église Saint-Sulpice à Paris, puis il a été inhumé dans le caveau de Saint-Sulpice, au cimetière Montparnasse.

Au Comité nous connaissions bien le Père Charles Bonnet, pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises et pour l’avoir interviewé sur sa guerre en Algérie.

Mais avant de faire la guerre, Charles Bonnet, né à Nantes en 1936, était entré au Petit Séminaire de Guérande en 1947, où il fit ses études secondaires, qu’il poursuivit au Petit Séminaire des Couëts dans le département de Loire-Atlantique.

Infirmier en Algérie.

En septembre 1957, Charles Bonnet est appelé sous les drapeaux. Il va faire 24 mois en Algérie : « Arrivé en Algérie début janvier 1958, après quatre mois de classes à Granville dans la Manche, j’en suis reparti fin décembre 1959. Quand notre convoi de nouveaux arrivants a débarqué à la ferme Sénéclauze, dans la vallée de la Soummam, sur la commune de Oued Amizour, l’adjudant de la CCAS du 29ème bataillon de chasseurs à pied, chargé de nous répartir entre les différents postes demanda : « Qui a son bac » ? Craignant d’entendre la phrase classique dans ces cas -là : « vous serez de corvée de chiottes demain matin de bonne heure », je me gardai bien de répondre. « Il n’y a pas quelqu’un qui s’appelle Bonnet ici » ? Je répondis : « Moi, mon adjudant ». « Alors, vous pouvez pas répondre quand on vous appelle » ? Je me tus, ne voulant pas lui expliquer pourquoi j’avais gardé le silence. « Bon, vous êtes affecté à la ferme Tavel, à l’infirmerie. »

« Et c’est à l’infirmerie de la ferme Tavel que je devais passer mes dix-huit premiers mois avant poursuivre cette tâche dans la petite ville d’El Kseur à 20 km de là. Je n’avais aucune compétence pour le métier d’infirmier ni aucune formation mais c’était une tâche qu’on confiait volontiers aux séminaristes en pensant peut-être que ceux qui voulaient se consacrer, comme prêtres, au soin des âmes avaient des aptitudes particulières pour le soin des corps ou au moins pour l’accueil de ceux qui souffrent. En fait, je ne fis guère de piqûres et de pansements car j’étais d’abord le secrétaire du toubib et le responsable de la gestion de l’infirmerie. Et, pendant deux ans, j’assistai tous les jours aux consultations du médecin, notant les traitements qu’il prescrivait et les notifiant aux infirmiers pour qu’ils les mettent en œuvre. J’y ai beaucoup appris. »

« Bien qu’affecté à l’infirmerie, je dus, comme tout le monde pendant ces deux ans, monter la garde la nuit, faire des patrouilles, participer à des opérations. Je connus, comme tout le monde, la peur : peur des bruits bizarres de la nuit, peur en traversant, déployés en ligne, des espaces dégagés où l’on peut vous tirer comme des lapins, peur sur les routes désertes où l’on peut sauter sur une mine ou être victime d’une embuscade. Car cette guerre n’avait rien d’une bataille rangée où l’on sait où se trouve l’ennemi. Il n’y avait pas de front ou plutôt l’affrontement pouvait se dérouler n’importe où. L’ennemi était caché et pouvait surgir à l’improviste et se retirer tout aussitôt. L’ennemi ce pouvait être aussi cet ouvrier si aimable de la ferme qui guiderait les agresseurs et leur ouvrirait la porte. La guerre était nulle part et le risque partout. On vivait sur le qui-vive et la méfiance, même si à force, on finissait par oublier le danger et l’on devenait parfois négligent sur la sécurité. »

Retour au séminaire.

De retour d’Algérie, après avoir été professeur au petit séminaire des Couëts (1962- 1963), il part pour l’Afrique comme prêtre Fidei Donum, et devient professeur au petit séminaire de Ouidah de 1963 à 1966. En 1966, il rentre en France, et étudie la théologie et les sciences sociales à l’Institut catholique de Paris jusqu’en 1969 avant d’être admis comme Sulpicien l’année suivante.

Après le séminaire de St Sulpice à Issy-Les-Moulineaux, il rejoint Ouidah (le Dahomey devient le Bénin en 1975) et exerce au grand séminaire de 1973 à 1976. De 1976 à 1983 il est professeur à la Faculté de théologie de l’Institut catholique d’Afrique de l’Ouest à Abidjan et au grand séminaire d’Anyama (Côte-d’Ivoire).

En 1983 il est nommé supérieur du premier cycle du séminaire d’Issy-les-Moulineaux, et en 1989, provincial des France pour la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice. De 1993 à 2001 il est supérieur du 2e cycle du séminaire d’Issy-les-Moulineaux et de 2001 à 2005 supérieur du séminaire Saint Irénée de Lyon.

En 2005, il se retire au foyer “La solitude” à Issy-les-Moulineaux où il reste jusqu’en 2016, date à laquelle il entre à la “Maison Marie-Thérèse” (boulevard Raspail).

 

La guerre d’Algérie l’avait beaucoup frappé. Il avait terminé son entretien avec nous sur ces phrases : « Enfin, la quille arriva, après un second Noël en Algérie, bien arrosé par les copains. Je me demande encore comment le curé a pu rentrer vivant chez lui après la messe de minuit car le chauffeur du commandant chargé de le ramener au presbytère était totalement bourré. Nous aurions dû être heureux. Mais je n’ai jamais connu un train de militaires aussi triste que celui nous ramena de Marseille à Nantes en passant par Lyon où nous nous étions éclatés dans les auto-tamponneuses. Nous étions tristes, non de quitter l’Algérie – et encore ce n’est pas sûr car notre cœur avait fini par s’y attacher – tristes certainement de nous quitter sans être sûrs de nous revoir. Mais plus encore inquiets de retrouver la vie normale sans savoir, pour certains, s’ils allaient retrouver du travail, si la fiancée les aurait attendus, s’ils allaient pouvoir se réhabituer à la France, après tout ce qu’ils avaient vécu et qu’ils ne pourraient jamais vraiment partager. Je me souviens de mon énervement, dans le couloir du train bondé qui me ramenait à Nantes, où j’étais coincé au milieu de jeunes bleus partant en permission du 1er de l’an. Ils se plaignaient de n’avoir obtenu qu’une permission de 48h, bien trop courte à leurs yeux, alors que, durant mes deux ans d’Algérie, je n’avais eu qu’une seule permission au bout de huit mois et que je n’étais pas revenu en France depuis seize mois. Je n’ai rien dit. Qu’auraient-ils pu comprendre ? »

« Je vous ai compris ». Ces paroles du Général de Gaulle à Alger, je les ai entendues, à la radio, quand j’étais là-bas. Les évènements ne se sont pas déroulés comme les pieds noirs croyaient l’avoir compris, ni sans doute comme l’espéraient beaucoup d’Algériens au moment de l’indépendance. Mais ce que nous avons fait a-t-il été compris ? L’avons-nous compris nous-mêmes ? Même encore aujourd’hui ? »

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy.
  • Crédit photographique : archives du Diocèse de Nantes et de l’association Historim (cliché A. Bétry).
  • Point d’appui, magazine de la ville d’Issy-les-Moulineaux.
  • Site du diocèse de Nantes : https://diocese44.fr/18-janvier-2023-deces-du-pere-charles-bonnet/ 
Disparition du Père Charles Bonnet.

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