Publié le 4 Mars 2023

Disparition du Père Charles Bonnet.

Nous avons appris la disparition du Père Charles Bonnet, le 18 janvier 2023, à l’âge de 86 ans. Ses obsèques se sont déroulés le 24 janvier en l’église Saint-Sulpice à Paris, puis il a été inhumé dans le caveau de Saint-Sulpice, au cimetière Montparnasse.

Au Comité nous connaissions bien le Père Charles Bonnet, pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises et pour l’avoir interviewé sur sa guerre en Algérie.

Mais avant de faire la guerre, Charles Bonnet, né à Nantes en 1936, était entré au Petit Séminaire de Guérande en 1947, où il fit ses études secondaires, qu’il poursuivit au Petit Séminaire des Couëts dans le département de Loire-Atlantique.

Infirmier en Algérie.

En septembre 1957, Charles Bonnet est appelé sous les drapeaux. Il va faire 24 mois en Algérie : « Arrivé en Algérie début janvier 1958, après quatre mois de classes à Granville dans la Manche, j’en suis reparti fin décembre 1959. Quand notre convoi de nouveaux arrivants a débarqué à la ferme Sénéclauze, dans la vallée de la Soummam, sur la commune de Oued Amizour, l’adjudant de la CCAS du 29ème bataillon de chasseurs à pied, chargé de nous répartir entre les différents postes demanda : « Qui a son bac » ? Craignant d’entendre la phrase classique dans ces cas -là : « vous serez de corvée de chiottes demain matin de bonne heure », je me gardai bien de répondre. « Il n’y a pas quelqu’un qui s’appelle Bonnet ici » ? Je répondis : « Moi, mon adjudant ». « Alors, vous pouvez pas répondre quand on vous appelle » ? Je me tus, ne voulant pas lui expliquer pourquoi j’avais gardé le silence. « Bon, vous êtes affecté à la ferme Tavel, à l’infirmerie. »

« Et c’est à l’infirmerie de la ferme Tavel que je devais passer mes dix-huit premiers mois avant poursuivre cette tâche dans la petite ville d’El Kseur à 20 km de là. Je n’avais aucune compétence pour le métier d’infirmier ni aucune formation mais c’était une tâche qu’on confiait volontiers aux séminaristes en pensant peut-être que ceux qui voulaient se consacrer, comme prêtres, au soin des âmes avaient des aptitudes particulières pour le soin des corps ou au moins pour l’accueil de ceux qui souffrent. En fait, je ne fis guère de piqûres et de pansements car j’étais d’abord le secrétaire du toubib et le responsable de la gestion de l’infirmerie. Et, pendant deux ans, j’assistai tous les jours aux consultations du médecin, notant les traitements qu’il prescrivait et les notifiant aux infirmiers pour qu’ils les mettent en œuvre. J’y ai beaucoup appris. »

« Bien qu’affecté à l’infirmerie, je dus, comme tout le monde pendant ces deux ans, monter la garde la nuit, faire des patrouilles, participer à des opérations. Je connus, comme tout le monde, la peur : peur des bruits bizarres de la nuit, peur en traversant, déployés en ligne, des espaces dégagés où l’on peut vous tirer comme des lapins, peur sur les routes désertes où l’on peut sauter sur une mine ou être victime d’une embuscade. Car cette guerre n’avait rien d’une bataille rangée où l’on sait où se trouve l’ennemi. Il n’y avait pas de front ou plutôt l’affrontement pouvait se dérouler n’importe où. L’ennemi était caché et pouvait surgir à l’improviste et se retirer tout aussitôt. L’ennemi ce pouvait être aussi cet ouvrier si aimable de la ferme qui guiderait les agresseurs et leur ouvrirait la porte. La guerre était nulle part et le risque partout. On vivait sur le qui-vive et la méfiance, même si à force, on finissait par oublier le danger et l’on devenait parfois négligent sur la sécurité. »

Retour au séminaire.

De retour d’Algérie, après avoir été professeur au petit séminaire des Couëts (1962- 1963), il part pour l’Afrique comme prêtre Fidei Donum, et devient professeur au petit séminaire de Ouidah de 1963 à 1966. En 1966, il rentre en France, et étudie la théologie et les sciences sociales à l’Institut catholique de Paris jusqu’en 1969 avant d’être admis comme Sulpicien l’année suivante.

Après le séminaire de St Sulpice à Issy-Les-Moulineaux, il rejoint Ouidah (le Dahomey devient le Bénin en 1975) et exerce au grand séminaire de 1973 à 1976. De 1976 à 1983 il est professeur à la Faculté de théologie de l’Institut catholique d’Afrique de l’Ouest à Abidjan et au grand séminaire d’Anyama (Côte-d’Ivoire).

En 1983 il est nommé supérieur du premier cycle du séminaire d’Issy-les-Moulineaux, et en 1989, provincial des France pour la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice. De 1993 à 2001 il est supérieur du 2e cycle du séminaire d’Issy-les-Moulineaux et de 2001 à 2005 supérieur du séminaire Saint Irénée de Lyon.

En 2005, il se retire au foyer “La solitude” à Issy-les-Moulineaux où il reste jusqu’en 2016, date à laquelle il entre à la “Maison Marie-Thérèse” (boulevard Raspail).

 

La guerre d’Algérie l’avait beaucoup frappé. Il avait terminé son entretien avec nous sur ces phrases : « Enfin, la quille arriva, après un second Noël en Algérie, bien arrosé par les copains. Je me demande encore comment le curé a pu rentrer vivant chez lui après la messe de minuit car le chauffeur du commandant chargé de le ramener au presbytère était totalement bourré. Nous aurions dû être heureux. Mais je n’ai jamais connu un train de militaires aussi triste que celui nous ramena de Marseille à Nantes en passant par Lyon où nous nous étions éclatés dans les auto-tamponneuses. Nous étions tristes, non de quitter l’Algérie – et encore ce n’est pas sûr car notre cœur avait fini par s’y attacher – tristes certainement de nous quitter sans être sûrs de nous revoir. Mais plus encore inquiets de retrouver la vie normale sans savoir, pour certains, s’ils allaient retrouver du travail, si la fiancée les aurait attendus, s’ils allaient pouvoir se réhabituer à la France, après tout ce qu’ils avaient vécu et qu’ils ne pourraient jamais vraiment partager. Je me souviens de mon énervement, dans le couloir du train bondé qui me ramenait à Nantes, où j’étais coincé au milieu de jeunes bleus partant en permission du 1er de l’an. Ils se plaignaient de n’avoir obtenu qu’une permission de 48h, bien trop courte à leurs yeux, alors que, durant mes deux ans d’Algérie, je n’avais eu qu’une seule permission au bout de huit mois et que je n’étais pas revenu en France depuis seize mois. Je n’ai rien dit. Qu’auraient-ils pu comprendre ? »

« Je vous ai compris ». Ces paroles du Général de Gaulle à Alger, je les ai entendues, à la radio, quand j’étais là-bas. Les évènements ne se sont pas déroulés comme les pieds noirs croyaient l’avoir compris, ni sans doute comme l’espéraient beaucoup d’Algériens au moment de l’indépendance. Mais ce que nous avons fait a-t-il été compris ? L’avons-nous compris nous-mêmes ? Même encore aujourd’hui ? »

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy.
  • Crédit photographique : archives du Diocèse de Nantes et de l’association Historim (cliché A. Bétry).
  • Point d’appui, magazine de la ville d’Issy-les-Moulineaux.
  • Site du diocèse de Nantes : https://diocese44.fr/18-janvier-2023-deces-du-pere-charles-bonnet/ 
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Publié le 25 Février 2023

Les coloniaux : Alexis Labrousse.

Alexis Jacques Henri Labrousse nait le 25 mai 1860 à Teyssieu, un petit village situé dans les contreforts du Massif Central, dans le Lot. Un de ses oncles est mort colonel au Mexique, l’autre est capitaine en retraite. Peut-être ces parcours l’ont-ils fait rêver plus jeune ? Elève brillant, il rejoint le lycée jésuite Caousou de Toulouse et embrasse alors la carrière militaire : il est accepté à Saint-Cyr en 1881 où il devient officier d’infanterie de marine.

Promu capitaine en 1893, il est stationné à partir de 1898 au Tonkin (nord de l’actuel Vietnam) où il fait partie de l’état-major du commandant en chef des troupes de l’Indochine. Etant rapatriable au mois d'avril 1900, il demande l'autorisation en janvier 1900 « de rentrer en France par la Chine et la Russie. » Plutôt que le classique voyage par bateau via le canal de Suez, il choisit de faire du tourisme en passant par la Chine puis la Sibérie. Sur son chemin : Pékin. C’est alors que son histoire rejoint la grande.

 

La révolte des Boxeurs.

La Chine est alors en ébullition. Les « Poings de la justice et de la concorde », surnommés « boxeurs », sont en rébellion ouverte contre la modernisation, la présence des étrangers, et les chrétiens chinois en particulier. D’abord concentrés dans la province du Shandong et opposés au pouvoir de la dynastie mandchoue des Qing, ils vont finir par s’allier aux mandarins réactionnaires et se rapprocher de la capitale impériale.

Officiellement reconnus en janvier 1900, ils sont formellement organisés en milices en mai et directement dirigés par des princes de la cour. Les choses s’accélèrent alors à Pékin : face à une hostilité de plus en plus ouverte, le « quartier des légations », où sont regroupés les ambassades et les intérêts commerciaux étrangers, commence à organiser sa propre défense. Fin mai, quelques troupes étrangères sont débarquées à Tianjin et rejoignent hâtivement le quartier : ils sont à peine plus de 450, dont 78 marins français provenant des navires d’Entrecasteaux et Descartes commandés par le lieutenant de vaisseau Eugène Darcy. De passage, le capitaine Labrousse n’est pas l’un d’eux, mais il se met immédiatement à sa disposition le 14 juin (comme d'autres volontaires civils, dont, le compagnon de voyage de Labrousse, le vicomte de Chollet).

Puis, le 20 juin, le chef de la légation allemande, le baron von Ketteler, est assassiné en pleine rue par un soldat régulier chinois. L'armée impériale et les boxeurs encerclent les légations, prêts à en finir une fois pour toute avec ces étrangers. Le siège commence. Il va durer 55 jours.

 

Le rôle du capitaine Labrousse durant le siège.

Les assiégés comptent également 473 civils et environ 3000 Chinois chrétiens venus se réfugier dans le quartier des légations. Autant de bouches à nourrir, de mains à occuper et d’esprits à calmer. Car, il y a de quoi paniquer : face à une marée d’insurgés qui ne songe qu’à tuer et piller, les soldats étrangers, eux, ne sont équipés que d’armes légères et disposent de peu de munitions. La seule pièce d’artillerie est un vieux canon à chargement par la bouche qui est découvert, déterré et remis en état. On le surnomme « canon international » : le fût est britannique, l’affût italien, les obus russes et les artilleurs américains. La défense s’organise ainsi.

Dans cette désolation, le capitaine Labrousse se montre exemplaire : toujours plein d’entrain et volontaire. Le 24 juin, un officier américain l’interpelle : il a vu des assaillants se préparer à franchir une barricade du côté de la légation allemande. Sans hésiter, ils repoussent ensemble l’attaque, l’un avec son pistolet, l’autre avec sa carabine. Quelques jours plus tard, quand le commandant Darcy l’envoie en renfort sur le front de la légation américaine, il lui répond : « Et dire que j'avais prévu de passer quelques jours de vacances à Pékin. Je n’aurais jamais osé espérer mieux, mon cher ami ! » Les marines américains viennent de perdre leur chef et sont quasiment résolus à se laisser submerger par la prochaine vague boxeurs. Grâce au capitaine Labrousse, l’esprit de défense et la situation des Américains sont rétablis.

Dans son ouvrage monumental, L'été rouge de Pékin, Jean Mabire le peint ainsi, non sans malice : « Un homme d’aspect rude, avec un visage carré que barre une grosse moustache claire. En véritable officier de "Marsouins", il a beaucoup couru le monde et considère la situation à Pékin comme catastrophique, donc intéressante. »

 

La mort du capitaine Labrousse.

Actif sur tous les fronts, le capitaine Labrousse n’est pourtant légèrement blessé qu’une seule fois, le 28 juin, au genou. Mais la chance l’abandonne le 12 août, alors que les assauts des boxeurs atteignent leur paroxysme : le corps expéditionnaire envoyé en Chine pour délivrer les légations est aux portes de Pékin et les insurgés veulent en finir avec ces diables d’étrangers qui leur tiennent tête depuis plus de 50 jours.

Le commandant Darcy décrit ainsi les derniers instants du capitaine Labrousse en ce début de soirée du 12 août 1900 : « A huit heures, nous allons M. Labrousse et moi, sur le seuil de la porte de la salle à manger et nous regardons le parc que les herbes ont envahi depuis que personne ne le foule. Labrousse me fait remarquer que, de l’endroit où nous sommes, un factionnaire verrait très bien l’ennemi s’avancer, et pourrait prévenir tout de suite si cet ennemi tentait un assaut. Sa phrase n’est pas achevée qu’une balle le frappe au front, entre les deux yeux. Il tombe en arrière, sans pousser un seul cri ; la mort a été foudroyante. »

Le lendemain matin à 9h, au grand désespoir des assiégés, on l’enterre, dans le cimetière improvisé sur le terrain de la légation d’Angleterre, le « glorieux petit cimetière de la légation » de Pierre Loti. Le médecin militaire Jean-Jacques Matignon écrira : « Par son courage, son calme et son énergie, Labrousse avait forcé l’admiration de tous les étrangers. Très dur envers lui-même, il exigeait beaucoup des autres. Brave sans forfanterie, audacieux jusqu’à la témérité, il était le type accompli de l’entraîneur d’hommes. ».

Revêtu de son habit, lié sur une simple planche, il est inhumé à même le sol puis recouvert d’une épaisse couche de chaux vive – pour que son corps ne soit pas profané, si jamais les boxeurs arrivaient jusque-là.

Le surlendemain, 15 août 1900, le quartier des légations est enfin libéré par des troupes allemandes, américaines, anglaises, italiennes, russes, autrichiennes et même japonaises. Le contingent français étant dirigée par le général Frey. Les pertes du côté des légations sont d’environ 30.000 Chinois chrétiens, 2.500 militaires et 526 civils étrangers ; du côté des militaires chinois, elles sont d’environ 20.000 militaires. Les pertes des Boxers sont inconnues, mais un fait est avéré : le mouvement est anéanti.

Aujourd’hui, une tombe trône au bord d’une petite route de la campagne quercinoise. Il s’agit de celle du capitaine Labrousse, dont le corps aurait donc été rapatrié. Sur cette pierre tombale figure l’inscription : « Ici repose Alexis Jacques Henri Labrousse, capitaine d’infanterie de marine, tué à l’ennemi à Pékin le 12 août 1900, à l’âge de 40 ans. »

Le nom du capitaine Labrousse figure sur les plaques commémoratives de l’Ecole du Caousou, sur le Livre d’or de l’annuaire de la Saint-Cyrienne et aux archives des Légations.

 

Sources :

  • Cet article a d’abord été publié sur le site Internet du Souvenir Français de Chine et rédigé par David Maurizot.
  • Pierre Loti, Les derniers jours de Pékin, Calmann Lévy, 1901.
  • Alber-François-Ildefonse d'Anthouard, La Chine contre l'étranger : Les Boxeurs, Plon, 1902.
  • Eugène Darcy, La défense de la Légation de France à Pékin, Augustin Challamel, 1903.
  • Jean-Jacques Matignon, Dix ans aux pays du dragon, A. Maloine, 1910.
  • Jean Mabire, L’été rouge de Pékin, la révolte des Boxeurs, Fayard, 1978.
  • Larry Clinton Thompson, William Scott Ament and the Boxer Rebellion, McFarland, 2009.
  • Page Facebook de Nicolas Savy, historien, et photographe de la tombe du capitaine Labrousse.
  • Site Mémorial Gen Web – Fiche du capitaine Labrousse.
Les coloniaux : Alexis Labrousse.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #La Coloniale

Publié le 11 Février 2023

Cérémonie hommage aux déportés juifs – Issy-les-Moulineaux, le 29 janvier 2023.

Une cérémonie particulière s’est déroulée le dimanche 29 janvier devant le monument aux morts d’Issy-les-Moulineaux. Un hommage a été rendu à sept personnes déportées, mortes pour la France, dont les noms ont été inscrits sur le monument aux Morts pour la France, et à vingt-six autres habitants d'Issy, juifs déportés pendant la Seconde Guerre mondiale. Une plaque commémorative a été installée, à côté́ du monument aux Morts, pour ces derniers.

A la suite de cette cérémonie, a eu lieu le vernissage de l’exposition « L’apport des cultures juives en France depuis 1791 », et présentée par l’association B’nai B’rith France.

Cette inauguration a été faite en présence de nombreuses personnalités politiques et était organisée par M. André Santini, maire, et M. Alain Lévy, maire-adjoint délégué à la Communauté juive ; avec la présence d’Haïm Korsia, grand rabbin de France et membre du conseil d’administration du Souvenir Français ; Serge Klarsfeld, fondateur de l’Association des fils et des filles des déportés juifs de France ; Elie Korchia, président du Consistoire de France ; Joël Mergui, président du Consistoire de Paris ; Philippe Meyer, président du B’nai B’rith France.

 

Après la cérémonie, M. André Santini a pris la parole. Voici son discours :

 

« Monsieur le Ministre, cher Roger Karoutchi,

Madame la Députée, chère Claire,

Monsieur le Grand Rabbin de France,

Monsieur le Président du Consistoire de France,

Monsieur le Président du Consistoire de Paris,

Monsieur le Président du B’nai B’rith France,

Chers collègues,

En réfléchissant à ce qui doit être dit dans des moments comme celui-ci, une phrase de Marc Bloch m’est revenue et j’aimerais vous la partager. « Les brumes, qu’autour du plus atroce effondrement de notre histoire commencent, dès maintenant, à accumuler tantôt l’ignorance et tantôt la mauvaise foi, se lèveront peu à peu ». Cette phrase est tirée de la première page de L’étrange défaite que l’historien résistant a rédigée en 1941, trois ans avant d’être fusillé par les Allemands. Mort au combat, lui aussi.

Cette profonde conviction qu’avait Marc Bloch est désormais notre héritage ; il est de notre devoir le plus catégorique de dissiper ces brumes funestes. Il nous faut nous y atteler, avec diligence et efficacité parce qu’aujourd’hui, le poids de l’ignorance semble peser plus lourd que jamais. Seulement, l’ignorance est un terreau fertile sur lequel prospèrent bien d’autres maux : le repli sur soi, le populisme, la manipulation, la haine et la violence.

Il est des horreurs qui doivent hanter la conscience humaine pour l’éternité. Pourtant, la mauvaise conscience de notre société vis-à-vis du génocide juif semble s’effacer. Je m’effraie de voir combien de voix y accordent aujourd’hui une attention nonchalante, au mieux, méprisante, au pire. La barbarie, tapie dans l’ombre, guette les fragilités de nos mémoires, de notre histoire, de notre culture. Elle guette nos inconstances et nos faiblesses. Elle guette les dissensions du vivre ensemble.

Il y a plus de 80 ans, les millions d’âmes prises au combat, chez elles ou dans les camps n’ont pas empêché l’antisémitisme de perdurer, tantôt au grand jour, tantôt en se dissimulant. Le danger qui nous guette aujourd’hui est son retour, sous couvert de normalisation ou de « notabilisation ».

Depuis des dizaines d’années, la longue série de crimes antisémites devrait nous rappeler que la haine ne dort jamais et qu’il nous faut, toujours et partout, nous efforcer de la désarmer. Je vous invite à vous souvenir des tragédies vécues par chacune et chacun, en France et ailleurs. Ilan Halimi, Mireille Knoll, Sarah Halimi, les victimes de Mohammed Merah, de l’Hypercasher mais aussi du Musée juif de Bruxelles ou de la synagogue de Pittsburgh. A chaque fois, ces attaques haineuses portaient atteinte à nos valeurs, à la liberté absolue de conscience, au respect impérieux de la dignité humaine ; à ce qui nous unit. C’est l’analyse de Sartre qui me revient maintenant en tête : « L’antisémitisme, c’est la peur devant la condition humaine ». Avec ces crimes, ce ne sont pas seulement les juifs qui sont visés, mais aussi l’humanité tout entière.

Alors, quelle solution adopter pour lutter contre la haine sous toutes ses formes ? Encore une fois, Marc Bloch nous donne la réponse : l’éducation. Ce n’est pas un hasard si le professeur, l’un des plus grands historiens de notre pays, voyait dans celle-ci le salut de notre démocratie. Sans une éducation à l’altérité, à l’hospitalité, aux histoires mémorielles, il n’y a de place que pour les racismes et les extrémismes qui font hypothèque au travail de pensée, empêchent le discernement critique et occultent l’exigence d’un enseignement digne de sens et de conscience. Cette conviction est aussi celle d’Issy-les-Moulineaux. C’est pourquoi nous avons souhaité transmettre nos idéaux démocratiques et promouvoir une éthique de la responsabilité, porteuse de sens et d’émancipation, dans le cadre de notre engagement citoyen, en partenariat avec le CLAVIM.

A ce titre, j’aimerais remercier notre Conseil communal des jeunes pour leur engagement qui les grandit. Puisque je parle des jeunes, je veux remercier les enfants du Groupe scolaire Rambam Maimonide pour leur interprétation émouvante de la Marseille, ainsi que sa directrice, Jeannine Levy. Nous ne pouvons faire l’économie de la transmission aux jeunes générations. Voilà l’unique condition pour que, plus tard, les discours de haine ne reçoivent pas des bénédictions d’ignorants.

La ville est très attachée au devoir de mémoire, comme en témoigne la signature prochaine d’une convention de partenariat avec le Camp des Milles ; mais elle souhaite également aller au-delà. L’éducation à l’altérité, à la différence, doit être pensée dans le cadre d’une construction, d’une acquisition culturelle. Nous sommes donc très heureux d’accueillir l’exposition de l’association B’nai B’rith qui rappelle les contributions exceptionnelles des cultures juives dans les champs littéraire, philosophique, sociologique, médical, artistique et scientifique tout en insistant sur la fidélité aux valeurs de la République française.

Je remercie d’ailleurs le Président de l’association, Philippe Meyer, et sa directrice culturelle, Claire Rubinstein, pour leur aide précieuse dans l’organisation de cette exposition qui ouvrira demain et se terminera le 9 février. De Rachi de Troyes et Moïse Maïmonide à la Révolution française avec les apports de Baruch Spinoza ou de Moses Mendelssohn, de 1789 à Napoléon et à nos jours… On y croise des personnalités emblématiques de notre histoire, comme Jean Zay, Marc Bloch, Claude Lanzmann, Annette Wieviorka, Serge et Beate Klarsfeld, Simone Veil et Robert Badinter.

N’oublions pas que les cultures juives ont irrigué la littérature avec des écrivains de premier plan : Marcel Proust, Joseph Kessel, Romain Gary, Albert Cohen, Patrick Modiano... Les sciences humaines ont bénéficié des contributions exceptionnelles des philosophes : Emmanuel Levinas, Raymond Aron, Henri Bergson et Alain Finkielkraut, du fondateur de la sociologie Émile Durkheim ou de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss. Le monde artistique réunit de très grands peintres comme Chagall, Soutine, Zadkine ou Modigliani. Les univers du théâtre et du cinéma rassemblent des personnalités, comme Sarah Bernhardt, Claude Lelouch, Gérard Oury, Olivier Nakache, Éric Tolédano, François Weber et Alain Chabat. Qui n’a pas chanté sur les airs de Jean Ferrat, Jean-Jacques Goldman, Serge Gainsbourg, Georges Moustaki et Barbara ?

Vous l’avez compris, cette exposition est d’une importance capitale, si ce n’est vitale, pour le salut de notre société. Ensemble, collectivement, nous devons veiller chaque jour à agir en humanité avec fraternité.  Dans le combat contre la haine se joue simplement la vie ou la mort de nos idéaux.

Mes amis, ce combat doit être l’une des marques distinctives de notre époque. Soyons dignes de l’héritage qui nous a été transmis par ceux qui ont souffert l’inimaginable. »

 

 

André Santini

Ancien Ministre - Maire d’Issy-les-Moulineaux

 

 

Sources :

  • Service protocole de la mairie d’Issy-les-Moulineaux (que le Souvenir Français remercie vivement).
  • Crédits photographiques : Souvenir Français – Site : issy.com
Cérémonie hommage aux déportés juifs – Issy-les-Moulineaux, le 29 janvier 2023.
Cérémonie hommage aux déportés juifs – Issy-les-Moulineaux, le 29 janvier 2023.
Cérémonie hommage aux déportés juifs – Issy-les-Moulineaux, le 29 janvier 2023.
Cérémonie hommage aux déportés juifs – Issy-les-Moulineaux, le 29 janvier 2023.
Cérémonie hommage aux déportés juifs – Issy-les-Moulineaux, le 29 janvier 2023.
Cérémonie hommage aux déportés juifs – Issy-les-Moulineaux, le 29 janvier 2023.

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Publié le 28 Janvier 2023

1939 – Marie-Jehan Perrot (2e à partir de la g.) à sa sortie de Polytechnique.

1939 – Marie-Jehan Perrot (2e à partir de la g.) à sa sortie de Polytechnique.

Dans son numéro du mois de février 2023, le journal de la ville d’Issy-les-Moulineaux, Point d’Appui, annonce la disparition de Marie-Jehan Perrot, le 6 janvier 2023, à l’âge de 106 ans. Il était le doyen de la ville.

Né en 1916, Marie-Jehan effectue ses études à l’Ecole Polytechnique de 1937 à 1939. Dès la déclaration de la guerre, il décide de s’engager et devient artilleur dans l’armée coloniale. Il passe une partie de la Seconde Guerre mondiale au Maroc et au Sénégal. En 1944, il participe au débarquement en Provence et à la libération de la France de l’occupation allemande. « Il aurait pu quitter l’armée après la guerre grâce à son statut de polytechnicien, mais il a préféré continuer à servir la France », retrace son fils Francis Perrot. Après la guerre, Marie-Jehan Perrot poursuit sa carrière militaire dans les anciennes colonies françaises, en Indochine ainsi qu’au Sénégal et à Madagascar.

Acteur de la décolonisation, il participe au rapatriement des troupes françaises de Madagascar en métropole. Revenu en France, il occupe des postes à l’Etat-major. Après 35 ans de carrière, il prend sa retraite avec le grade de général de brigade. Son engagement pour la France lui aura valu de nombreuses décorations : la croix de guerre 1939-1945, la croix de guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs ainsi que le grade d’officier de l’Ordre National du Mérite et de la Légion d’honneur.

« C’était un monument, car il a été le témoin d’un siècle d’histoire, des changements du monde » raconte Francis Perrot. « C’était un humaniste. Il était généreux, facile à vivre et toujours avec le sourire. Il est resté fidèle à sa famille et à son travail » continue-t-il, le qualifiant de « brillant intellectuellement » et « passionné de culture classique, notamment d’histoire et de peinture, et excellent sportif ».

Marie-Jehan Perrot s’est éteint à son domicile, rue Foucher-Lepelletier, entouré de sa famille, ses 7 enfants, 16 petits-enfants et 19 arrière-petits-enfants, avec qui il venait de passer les fêtes de fin d’année.

Le Comité du Souvenir Français d’Issy-Vanves salue la mémoire du général Perrot et présente ses plus sincères condoléances à ses proches et sa famille.

 

Sources :

Journal d’Issy-les-Moulineaux Point d’appui.

 

Disparition du général Perrot.

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Publié le 27 Janvier 2023

Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.

En ce 24 janvier 2023, les élèves filles et garçons d’une belle classe de première font assemblée au cœur du lycée « La Salle Saint-Nicolas » d’Issy les Moulineaux.

Ils sont là, toutes et tous silencieux, attentifs, curieux et respectueux. Ils savent qu’ils vont recevoir la garde du drapeau d’une association dissoute. Ils pourront lui redonner vie en le prenant en charge et en le faisant flotter au vent lors des commémorations importantes comme celles du 8 mai et du 11 novembre.

Délégué général pour les Hauts de Seine, il me revient de présenter notre association mémorielle « Le « Souvenir-Français », de rappeler ses 135 ans d’existence et sa volonté de sauvegarder les tombes des « Morts pour la France », y compris familiales, lorsqu’elles sont en déshérence. Il est bon de dire ou de rappeler que notre association est l’héritière de « Rhin et Danube » qui portait la mémoire de la 1ère armée, celle qui libéra en 1944-1945 une grande partie de la France, de Toulon à Colmar, poursuivant son épopée jusqu’à Ulm sur la rive du Danube.

Puis c’est l’instant de la remise solennelle de ce drapeau de « l’Union des Déportés, Internés et Victimes de Guerre ».

L’émotion s’élève jusqu’au regard d’André Rabartin qui a porté si longtemps ce drapeau et qui l’abaisse pour que le délégué général lui décerne la cravate de notre association mémorielle avant de le confier à une garde de trois élèves. À cet instant, ces futurs citoyens responsables prennent conscience, comme l’a rappelé le directeur de l’établissement, de l’honneur qui leur est fait et de la parcelle d’Histoire qui repose dans les plis de ce drapeau.

Dans l’assistance, outre les encadrants de ces élèves devenus des gardiens et des porteurs de Mémoire, on note la présence de membres du comité local du Souvenir-Français et de Madame Hélary-Olivier qui représente le maire de la ville. Elle résume parfaitement l’importance et la portée de ce moment de partage et de transmission.

L’heure est venue de signer la convention qui unit désormais le lycée et le « Souvenir-Français » avant que des échanges entre jeunes et anciens aient lieu autour d’un rafraîchissement.

 

Claude Guy,

Délégué général du Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine.

Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.
Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.
Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.
Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.
Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.
Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.
Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.
Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.
Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.
Les élèves d’un grand lycée isséen reçoivent la garde d’un drapeau.

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Publié le 7 Janvier 2023

Cérémonie solennelle à Issy le dimanche 29 janvier à 10h45.

Le monument aux Morts de la ville d’Issy-les-Moulineaux a été inauguré en 1959. Il est dédié "À la mémoire des combattants et de toutes les victimes des guerres". Il est l'œuvre du sculpteur Jean Joachim (1909-1990).

Ce monument présente des plaques sur lesquelles sont inscrits les noms des Isséens et Isséennes morts pour la France lors de la Première Guerre mondiale ; lors de la Seconde – avec mention des résistants, victimes civiles et militaires ; lors de la guerre d’Indochine et les combats en Extrême-Orient et au moment de la guerre d’Algérie et des combats de Tunisie et du Maroc.

 

Le dimanche 29 janvier 2023, à 10h45, une cérémonie solennelle sera organisée devant ce monument, en hommage aux déportés juifs morts en camps de concentration. 

Cette cérémonie est organisée par M. André Santini, maire, et M. Alain Lévy, maire-adjoint délégué à la Communauté juive, et se dérouleront en présence d’Haïm Korsia, grand rabbin de France ; Serge Klarsfeld, fondateur de l’Association des fils et des filles des déportés juifs de France ; Elie Korchia, président du Consistoire de France ; Joël Mergui, président du Consistoire de Paris ; Philippe Meyer, président du B’nai B’rith France.

 

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Publié le 31 Décembre 2022

Il se passe toujours quelque chose le 31 décembre…

Il se passe toujours quelque chose le 31 décembre…

Sur cette photographie, prise par l’AFP en juillet 1999, on voit à droite le président de la Fédération de Russie, Boris Eltsine et son second, à gauche, Vladimir Poutine, alors président du Gouvernement russe.

Eltsine a vu en Poutine le poulain parfait : il est jeune, c’est un colonel du KGB donc au courant de beaucoup de choses, il est nationaliste et a promis l’immunité à la famille Eltsine.

Alors va pour Poutine… Ce dernier devient le deuxième président de la Fédération de Russie le 31 décembre 1999.

 

2022 a vu une guerre d’ampleur revenir en Europe. Puisse 2023 apporter un peu de paix et surtout éviter le pire. Le Comité d’Issy-Vanves du Souvenir Français vous présente ses meilleurs vœux pour 2023.

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Publié le 26 Décembre 2022

Un héros nommé Léopold Hulot.

Libérateur d’Ouistreham, du Pegasus Bridge et d’Amfreville.

Léopold Hulot nait le 16 juillet 1923 à Vannes dans le département du Morbihan. Il est le fils de Constant Hulot, qui va s’illustrer pendant la Seconde Guerre mondiale, en tant que conducteur du chef d’escadron Maurice Guillaudot, commandant la compagnie de gendarmerie du Morbihan et chef de l’Armée secrète (formation de la Résistance) pour le département.

Léopold suit ses études à Vannes et se destine au métier d’instituteur. Mais la défaite française de 1940 remet tout en question. Le jeune homme décide de quitter la France vers l’Espagne, en traversant les Pyrénées. Mais il est intercepté et incarcéré durant sept mois dans le camp de concentration franquiste de Miranda de Ebro (province de Burgos, dans le nord du pays). Il se fait alors passer pour un Canadien et parvient à se faire expulser vers Gibraltar en mars 1942.

Il rejoint Londres et est reçu par le général de Gaulle. En fait, à son départ de Bretagne, Léopold Hulot s’était promis de rapporter un souvenir de la tombe de Jeanne de Gaulle, mère du général, et décédée le 16 juillet 1940. Après des semaines de formation pratique, le jeune soldat est admis à suivre les cours d’officier des Cadets de la France Libre, promotion « Fezzan-Tunisie » (juin 1943). Volontaire pour les commandos, il rejoint le 1er BFMC (Bataillon Fusiliers Marins Commandos) et reçoit le matricule 54758 Badge 64, Commando 4, Troop 8. Il participe ensuite à plusieurs raids de sondages sur les côtes de France. L’unité est commandée par un chef de très grande valeur : le capitaine de corvette Philippe Kieffer.

Le 6 juin 1944, le sous-lieutenant Léopold Hulot prend part au débarquement sur la plage de Colleville-sur-Orne dans le Calvados (aujourd’hui Colleville-Montgomery). Il est blessé mais continue le combat et participe à la libération de la ville d’Ouistreham, puis du passage de l’Orne (le fameux pont Pegasus Bridge), et enfin d’Amfreville d'où il est évacué le 12 juin 1944. Remis, il rejoint son unité le 7 août 1944, est de nouveau évacué le 9 août 1944 et est de retour le 15 août 1944.

L’officier Hulot reçoit alors une citation : « Jeune officier, animé d'une foi profonde et d'un grand esprit d'abnégation. A rejoint l'Angleterre en 1941, après un internement de 7 mois. Engagé volontaire a suivi le cours d'Officiers pour regagner le Bataillon de Commandos. A participé à des raids de sondage sur les côtes de France, avant le débarquement. Le 6 juin 1944, a débarqué avec les premières troupes d'assaut à Ouistreham, sérieusement blessé a refusé d'être évacué et continué le combat, donnant à ses hommes un exemple de grand courage. A ultérieurement participé brillamment à plusieurs engagements et à des raids sur les lignes Hollandaises montrant dans les moments les plus difficiles de grandes qualités de bravoure et de sang-froid. A été deux fois citation à l'ordre de l'armée de mer et est titulaire de plusieurs distinctions britanniques ».

En Indochine.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le lieutenant Léopold Hulot est promu chevalier de la Légion d’honneur et vit quelques mois en Allemagne occupée. Il se porte volontaire pour la campagne d’Indochine et est affecté au 5e bataillon de chasseurs laotiens, unité formée en juillet 1946 à Vientiane au Laos. Unité très autochtone dès sa création, avec des Français largement minoritaires puisque leur contingent ne devait pas dépasser 15 % de l’effectif total (les Français étant souvent placés à des postes d’encadrement). Les chasseurs laotiens sont des spécialistes de coups de mains, entre autres sur les positions arrières du Vietminh. Le lieutenant Hulot est dans son élément !

Mais le 27 septembre 1948, au retour d'un raid contre les forces ennemis dans le district de Nong Het, dans le nord du Laos, sa section tombe sur des mines et grenades. Une grenade piégée explose le blessant grièvement. Léopold Hulot décède quelques heures plus tard. Le corps du lieutenant sera rapatrié en 1950 en France et enterré au cimetière militaire de Sainte-Anne d’Auray (carré 3, rang 1, tombe 499).

L’armée française a noté les circonstances de la mort du lieutenant : « Nommé chef de poste de Nong Het (Laos), à la frontière du Centre-Vietnam, il mène à nouveau une vie de « commando » ou coups de main, embuscades et raids se succèdent. Dans la nuit du 26 au 27 septembre 1948, il dirige une opération en zone rebelle, détruit un PC ennemi. Sur le chemin du retour, il est grièvement blessé, vers 6 heures 30, par une grenade piégée et meurt, de retour au poste trois heures plus tard, aussi courageusement qu'il avait vécu. »

Le lieutenant Hulot, héros de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre d’Indochine était titulaire des décorations françaises suivantes : chevalier de La Légion d’honneur ; croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil ; croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs avec palme ; médaille de la résistance ; médaille des forces françaises libres ; médaille des évadés ; médaille des combattants volontaires, médaille commémorative ; médaille des blessés. Et au titre des décorations du Royaume-Uni, il a reçu le Ruban France and Germany Star 1939-1943, avec « Mention in dispatch Palme » et la Military Cross.

Le nom de Léopold Hulot figure sur la plaque commémorative du 1er BFMC à Ouistreham, sur le monument aux morts d’Auray et à Sainte-Anne d’Auray (nécropole nationale) dans le Morbihan, sur le mémorial départemental Indochine de Lauzach (Morbihan), sur le monument aux morts d’Issy-les-Moulineaux et sur celui de notre cimetière communal (ce qui tendrait à indiquer que Léopold Hulot a bien habité la commune).

 

Sources :

  • Archives du Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux.
  • Encyclopédie Wikipédia.
  • Encyclopédie Larousse.
  • Regard sur l’Indochine, Gallimard, 2015.
  • Mémorial Indochine, Ministère de la Défense, 2014.
  • Crédits photographiques : site Memorial GenWeb et journal Le Télégramme.
  • Site Memorial GenWeb : fiche individuelle de Léopold Hulot – Contributions de Laetitia Filippi, Robert Dupays, Gérard Doucet, Eric Blanchais, Jérôme Charraud et Claude Richard.

 

Le sous-lieutenant Hulot et son père, au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Le sous-lieutenant Hulot et son père, au cours de la Seconde Guerre mondiale.

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Rédigé par Souvenir Français Issy

Publié dans #Indochine

Publié le 9 Décembre 2022

2016 – Discours de Michel Rossignol pour la remise des insignes de chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur à Robert Choffé. De g à dr : Roger Houis, Christian Poujols, Michel Rossignol, Robert Choffé, Jacques Tchirbachian, Marie-Auguste Gouzel, André Santini.

2016 – Discours de Michel Rossignol pour la remise des insignes de chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur à Robert Choffé. De g à dr : Roger Houis, Christian Poujols, Michel Rossignol, Robert Choffé, Jacques Tchirbachian, Marie-Auguste Gouzel, André Santini.

Voilà un hommage que nous aurions dû rendre il y a quelques semaines. Mea culpa.

 

Michel Rossignol nous a quitté le 7 octobre 2022, à l’âge de 87 ans. Conseiller municipal d’Issy-les-Moulineaux de 1971 à 2001, soit trente années dont douze en qualité de maire-adjoint délégué aux Relations internationales, Michel Rossignol aura fait rayonner Issy à travers le monde.

« Chevalier de la Légion d’honneur – une reconnaissance de la République dont il était particulièrement fier tant elle était méritée – maire-adjoint honoraire, trésorier de la SMLH d’Issy, président de la section ACPG-CATM, Michel Rossignol exerçait chacune de ses distinctions et fonctions comme des charges à exercer avec dévouement, à servir avec fidélité, à honorer avec dignité », s’est ému André Santini dans une lettre à sa famille.

Un hommage solennel lui a été rendu lors du Conseil municipal du 13 octobre dernier.

 

Au Souvenir Français d’Issy-les-Moulineaux, nous pouvons ajouter que Michel, ancien officier appelé de l’Ecole de Cherchell en Algérie, était pour notre comité d’un soutien sans faille et que plus d’une fois il a défendu nos missions et notre travail. Et il l’a toujours fait avec simplicité et discrétion. Mots qui soulignent parfaitement les premières lignes de son discours lors de la remise des insignes de chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur à Robert Choffé, artilleur et grand ancien de Rhin et Danube : « C'est un grand honneur pour moi d'avoir été sollicité par Robert Choffé pour être aujourd'hui son parrain. Jamais je n'aurai imaginé lorsque j'avais 9 ans en 1944, qu'un jour, un ancien FFI, comme ceux que je voyais courir dans les rues, accompagnant et guidant des soldats de la 2e DB pour déloger les occupants, nombreux, de l'École Militaire, à 300 mètres de chez moi, me demanderait de le parrainer pour lui remettre cette prestigieuse décoration ».

 

Sources :

Journal d’Issy-les-Moulineaux Point d’appui.

Crédit photographie : archives du Souvenir Français d’Issy.

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Publié le 27 Novembre 2022

Officiers du 139e RI.

Officiers du 139e RI.

De la Corse à Aurillac.

Vincent Saliceti nait à Vescovato, petit village de Haute-Corse, le 1er juin 1866. Il est le fils d’Eugène Saliceti et de Marie-Louise Paoli.

Militaire de carrière, il fait partie des officiers du 139e régiment d’infanterie à la déclaration de guerre en août 1914. Cette unité, basée à Aurillac et Lyon, est alors commandée par le colonel Mienville, avec 60 officiers et 3.300 hommes. Pendant la Grande guerre, le régiment va combattre dans les Vosges, puis dans la Somme (il perd 50 officiers et 1.600 hommes !), en Belgique, à Verdun où il enlève la Côte 304 ! De retour à Aurillac en août 1918, l’unité est dissoute à la fin de l’année avant de renaître une dernière fois en 1939. Renaissance éphémère car il est de nouveau dissous en 1940.

Les archives d’Aurillac montrent l’importance de la présence de 1.500 soldats (la caserne de Lyon abrite l’autre moitié du régiment) dans une petite ville de 16.000 habitants. L’impact économique est important en termes de commerces, de cafés, pour les écoles et la vie en général. La musique du régiment est présente sous le kiosque du parc municipal le dimanche, les cérémonies patriotiques revêtent une grandeur évidente avec le défilé des troupes dans les ruelles d’Aurillac et la population est fière de ses militaires, quand bien même parfois il ne fait pas bon à se trouver à la sortie des bistrots en fin de soirée, quand le vin a fait tourner la tête à quelques bidasses !

 

Aux hôpitaux temporaires.

En 1914, les hôpitaux militaires parisiens sont le Val de Grâce (Paris), Villemin (situé dans le couvent des Récollets, Paris 10e), Bégin (Saint-Mandé) et Dominique Larrey (Versailles). Ils sont relayés par d’autres hôpitaux, des cliniques, des dispensaires, des fondations et des maisons de santé.

Ainsi, à Issy, les hôpitaux temporaires de l’école Saint-Nicolas, des Petits Ménages et des Sœurs de Saint-Thomas dépendent tous de Dominique Larrey.

A la tête d’une compagnie du 139e RI, le capitaine Vincent Saliceti a participé aux batailles de 1914 dont la « course à la mer », les Flandres, la Somme et Verdun pendant toute l’année 1916. Cependant, il contracte en service une aortite, c’est-à-dire une inflammation de l’aorte, l’artère la plus importante du corps humain puisqu’elle part du ventricule gauche du cœur et s’étend jusqu’à l’abdomen en apportant à presque toutes les parties du corps du sang oxygéné.

Le capitaine Saliceti meurt le 29 janvier 1917 à l’hôpital temporaire du lycée Voltaire dans le 11e arrondissement, loin de ses hommes et de sa Corse natale. Son corps est inhumé au carré militaire d’Issy-les-Moulineaux. Il avait cinquante ans.

Au même moment, le 139e régiment d’infanterie reçoit une citation à l’Ordre du 10e Corps d’Armée qui sera transformée en une citation à l’Ordre de l’Armée : « le 4 septembre 1916, sous le commandement du colonel Mienville, s’est porté à l’attaque dans un ordre parfait, a enlevé dans un élan irrésistible malgré le violent bombardement, six lignes ennemies de tranchées, sur lesquelles il s’est installé- définitivement après avoir réduit brillamment plusieurs îlots ; a fait plus de 250 prisonniers, et s’être emparé d’un matériel de guerre important ; dont plusieurs mitrailleuses et une dizaine de canons de tranchées ».

 

Sources :

  • Site France Archives.
  • Site Memorial Gen Web – Contributions de Ghislaine Loupforest, Patrick Caulé et Laetitia Filippi.
  • Archives du comité d’Issy-les-Moulineaux du Souvenir Français.
  • Archives de Vescovato en Corse.
  • Site Chtimiste sur les unités engagées pendant la Première Guerre mondiale.

 

Le village de Vescovato en Corse.

Le village de Vescovato en Corse.

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